La grande noirceur?

Duplessis (8)

La conclusion - Un Québec sans dette

Tribune libre

Dès sa première prise de pouvoir en 1939, Duplessis sait que le Canada anglais n’accepte pas la clause de l’exclusivité et cherche toujours à la contourner pour se donner de plus en plus de pouvoirs. Face à ces tentatives, sa réponse est simple et bien comprise par les Québécois : « Rendez-nous notre butin ». Il est intraitable, incontournable et bien appuyé par le Conseil privé de Londres qui est appelé à juger les conflits et qui affirme que les provinces « sont aussi souveraines dans leur domaine que le parlement de Westminster lui-même » et que « le fait pour le gouvernement fédéral d’avoir un pouvoir général de dépenser ne le justifie pas de dépenser dans des domaines de compétence provinciale. ».

Depuis, le gouvernement fédéral a aboli le droit d’appel au Conseil privé de Londres et veut éliminer (disons « se libérer de ») la jurisprudence de cet organisme du droit constitutionnel canadien.

Après la guerre en 1944, lorsque Duplessis reprend le pouvoir, il sait qu’il a beaucoup à faire pour reprendre les droits d’impôt directs cédés à Ottawa, le régime de l’assurance-chômage créé par le fédéral grâce à un amendement constitutionnel appuyé par le gouvernement libéral de Godbout et les allocations familiales que le gouvernement fédéral juge comme faisant partie de son pouvoir de dépenser.

Le PM Mackenzie King ne veut plus reconnaître les pouvoirs fiscaux des provinces et substitue leur autonomie fiscale par un régime de subventions. C’est à prendre ou à laisser. Les provinces qui n’acceptent pas par écrit le nouvel arrangement, perdront les subventions. Duplessis s’inscrit en faux contre ces invasions dans le domaine provincial. Il réclame le respect intégral de la Constitution. Il devient un résistant en refusant les subventions qu’il qualifie d’empiètement du fédéral. Il exige le respect du pouvoir du Québec avec compensation financière. Le parti libéral du Québec, toujours aussi à genoux devant Ottawa, l’accuse de faire perdre de l’argent à sa province.

Les élections provinciales de 1948 deviennent un genre de plébiscite et les électeurs ratifient la position de Duplessis. Il en ressort renforcé car Duplessis gagne tous les comtés francophones et le parti libéral ne remporte que les huit comtés à prédominance anglophone. L’autonomie provinciale devient le leitmotiv de Duplessis et il gagnera toutes ses autres élections, jusqu’à sa mort, avec ce thème malgré les promesses alléchantes « de pain et de beurre » des libéraux et l’opposition grandissante à sa politique sociale. Cela démontre bien toute l’importance que les Québécois ont toujours apportée aux questions constitutionnelles.

Le point culminant de la crise constitutionnelle sous Duplessis arrive en 1957 avec le financement des universités. Duplessis interdit aux universités d’accepter les subventions fédérales. Le fédéral, gêné que ses politiques créent des pertes financières pour le Québec, décide de mettre de l’argent de côté dans un fond au nom du Québec en espérant qu’un jour la situation politique québécoise change en sa faveur. Duplessis augmente la pression en créant son propre impôt et, devant une opinion publique révoltée, le PM fédéral Louis Saint-Laurent se voit obligé d’accorder 10 % de son champ fiscal au Québec.

À la mort de Duplessis, le fédéral qui n’avait pas encore cédé sur la question des subventions, réalisait de plus en plus qu’il ne pouvait plus continuer bien longtemps à pénaliser le Québec.

Il faut aussi souligner la finesse d’esprit de Duplessis qui avait autorisé le gouvernement fédéral à amender la Constitution en vue de l’établissement d’un régime de sécurité de la vieillesse mais avait exigé d’ajouter une mention à l’amendement à l’effet que toutes les lois antérieures sur le sujet auraient priorité sur toute loi fédérale. Ainsi, Ottawa n’a pu empêcher la mise-sur-pied, par les gouvernements provinciaux suivants, du régime des rentes du Québec ni de la Caisse de Dépôt et de placement. Ce furent de grands succès.

Aussi, le rapport de la commission Tremblay que Duplessis créa en 1950 sur la Constitution replaçait le Canada à l’heure des « Pères de la confédération » : « respect intégral des exclusivités, des compétences garanties aux provinces conforme à l’article 92, un espace fiscal bien délimité et permettant au Québec d’exercer ces pouvoirs ». Le premier ministre Jean Lesage, qui avait tant critiqué et sali Duplessis, déposa le rapport Tremblay à sa première conférence fédérale-provinciale comme représentant la position du Québec.

Duplessis a été un grand constructeur. Écoles, universités, facultés de génie de Polytechnique et Laval, hôpitaux, barrages hydroélectriques, électrification rurale, drainage, routes et pavage, autoroutes, etc.

Grâce à sa connaissance de l’histoire, à sa résistance, à son sens stratégique, il a été un des principaux leaders qui ont permis d’ériger le Québec d’aujourd’hui.

L’ère Duplessis n’était pas celle de la grande noirceur, comme se plaisait à dire le PM Jean Lesage et comme le répètent trop de québécois d’aujourd’hui sans vraiment connaître ce qu’elle a été, mais celle durant laquelle le Québec s’est donné les outils, les moyens financiers et les pouvoirs pour sortir de la grande noirceur.

FIN

Pour lire Duplessis (1) à Duplessis (7), ils sont publiés sur Vigile.


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13 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    25 juin 2015

    @ Jean Gilles.
    « la création d’une fonction publique compétente (avec la syndicalisation qui protégeait contre le patronage). »
    Contre le « patronage » ? Évidemment, oui. Mais quand même. Pas tout à fait. Si peu. Pas du tout en fait.
    L’État du Québec qui se constituait alors, sur les fondations de la belle « province » (comment faire autrement ?), cet « État » alors en devenir se cherchait des alliés dans la société civile. Le syndicalisme, la reconnaissance du syndicalisme dans la future immense fonction publique de la province de Québec, cela avait pour but de constituer à l’époque un (futur) redoutable allié de notre État, devant parer ENSEMBLE aux manœuvres hostiles, si facilement prévisibles des « fédéraux ».Ces derniers étaient en effet très-très à l’aise avec l’idée d’une p’tite « province » (docile) de Québec. Ils le sont encore. Ils s’y appliquent encore.
    Ce n’est pas pour rien que, beaucoup plus tard, lorsque le gouvernement fédéral de Trudeau s’en était pris financièrement au gouvernement de René Lévesque, P.E.T. ricaneur, s’était félicité d’avoir mis la province de Québec dans la position de « devoir dégraisser sa fonction publique ». À l’extrême limite, en effet, sans fonction publique, l’État du Québec c’est du vent comme l’avait toujours été la « province » de Québec. Duplessis a donc fait ce qu’il pouvait avec ce qu’il avait : une province pauvre, une population pauvre et manipulable. Mais ce n’était pas lui le manipulateur le plus maléfique. Lui, il a simplement soufflé sur les braises…il Nous a regroupés alors que Nous sortions à peine d’un immense éparpillement et d’une immense saignée de notre population. Et puis, le Canada-français existant encore à son époque, la dernière chose que Duplessis aurait pu faire c’aurait bien été d’avancer cette idée saugrenue de l’indépendance du Québec. Le Canada-français n’était pas du tout l’alibi qu’il est devenu depuis aux mains de Radio-Tralala…
    Pas pour rien non plus que la gang à Couillard- la plus West Island de toutes les gangs de rouges que Nous ayons eues à Québec- pas pour rien que cette gang fait maintenant de l’intérieur (sous prétexte de rigueur ou d’austérité) ce que P.E.T.¹ avait fait de l’extérieur à « Notre » fonction publique du Québec. Couillard « s’applique » lui itou. Vous connaissez la formule : Nous produisons Nous-mêmes nos propres bourreaux…
    Le patronage ? La corruption ? Ont-t-ils vraiment cessé un jour ? Suis d’avis que c’est d’abord avec une fonction publique qui a du poids que l’indépendance du Québec peut se faire, et facilement d’ailleurs…cela m’étonne toujours, par exemple, qu’on se bute au mystère Québec… bien davantage que par l’idée référendaire, périmée. L’idée référendaire est devenue aussi légère que le vent, et n’aura servi que les « fédéraux » et leurs inféodés d’ici. On jase.
    Salutations à vous. Merci à Claude Dupras.
    ¹ Je pose que P.E.T fut le plus éminent représentant du West Island bien qu’il fut élu par Nous. Je pose la même chose à propos de Couillard maintenant…

  • Jean Gilles Répondre

    23 juin 2015

    @ Claude Dupras en conclusion
    Bien sûr que Duplessis a ressuscité le nationalisme québécois avec, surtout, son "autonomie provinciale".
    Paul Sauvé, qui lui a succédé, n'a pas eu le temps de procéder à des changements majeurs. Finalement le joliettain Antonio Barrette n'a pu gagner l'élection de juin 1960 traînant le dossier entaché de la corruption des bleus.
    L'élection des libéraux sous Lesage a marqué une rupture majeure dans la société québécoise: ce fut le début du Québec moderne marqué par la démocratisation du système d'enseignement, la création d'une fonction publique compétente( avec la syndicalisation qui protégeait contre le patronage).
    Daniel Johnson père, en 1966, avec son "Égalité ou Indépendance" a suscité un espoir vite écrasé par une poignée d'homme d'affaires dont Paul Desmarais.

  • Jean Gilles Répondre

    23 juin 2015

    @ Claude Dupras
    D'accord avec vous: "Soyons sérieux!"
    Pierre Fortin, réputé professeur d'économie à l'UQAM, dans un billet signé dans L'Actualité du 15 juin 1999,sous le titre : "Que sont devenus les "nègres blancs"? :
    « Ils se sont instruits. Et ils ont commencé à s'enrichir.....LES QUÉBÉCOIS SONT PASSÉS DU PLUS BAS NIVEAU DE SCOLARISATION EN AMÉRIQUE DU NORD AU PLUS HAUT, REJOIGNANT LES ONTARIENS…".
    En 2013, il AJOUTAIT:” Le Québec était alors en bas de l’échelle, les gens étant moins scolarisés que les Noirs américains":
    http://blogues.radio-canada.ca/geraldfillion/2013/05/21/pierre-fortin-le-scientifique-pragmatique/

  • Archives de Vigile Répondre

    22 juin 2015

    Merci M. Pomerleau. Vous savez ce qui compte.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 juin 2015

    Jean Gilles
    Soyons sérieux !

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    22 juin 2015

    L'État est d'abord organique (Aristote)
    L'Église de Rome et ses institutions ont constitué l'armature de notre État, particulièrement depuis 1840 (Église patriotique) jusqu'à 1960 ; et ont rempli les 2 missions premières de l'État : peupler et mettre en valeur le territoire.
    C'est ce qui nous a permis de conserver notre cohésion nationale. Portés par ces institutions, nous sommes arrivé en 1960 avec un population jeune (défi démographique) et un État pratiquement sans dette (défi économique). C'est ce potentiel qui a permi la Révolution tranquille : le passage de la nation, des assises d'une institution politique (Église de Rome) à une autre (L'État du Québec).
    Hélas, nous avons perdu depuis le contact avec ce demi État en 1970, pour partir à la quête d'un pays fantasmé, d'où le cul de sac actuel.
    Un des défis majeurs du mouvement souverainiste est celui de faire corps avec son histoire....
    JCPomerleau

  • Jean Gilles Répondre

    22 juin 2015

    "En 1960, il n’y a a pas eu de rupture".
    Ce fut tout le contraire: il y eut une "Révolution tranquille" pour rompre avec cette grande noirceur. Dans les communautés religieuses de Pères, de Frères tout comme dans le clergé séculier ce fut un exode massif. Et à un degré moindre chez les communautés religieuses de femmes. Pcq pour la majorité des familles, l'entrée en religion était la seule façon de donner de l'instruction aux jeunes hommes et aux jeunes filles......Comment ne pas rappeler que, environ un siècle avant, nos ancêtres brûlaient leurs écoles pour ne pas payer de taxes:"la guerre des éteignoirs!".
    21 avril 1961
    Sans doute influencé par les « Insolences du frère Untel » (par Jean-Paul Desbiens qui dénonce le système scolaire sous tutelle religieuse), Jean Lesage met sur pied la Commission Parent.
    Fin de l'index!
    Puis vint la réforme de l'éducation: l'immense majorité des écoles primaires et secondaires actuelles n'existaient pas, au Québec, avant 1960.
    Rupture au plan des relations de travail. Les syndicats, qui étaient honnis par Duplessis, ont commencé à prendre leur place. Et mise en place f'une fonction publique compétente. Finie l'époque où les policiers de "la police provinciale" étaient choisis par les les politiciens et perdaient leurs emplois lors d'un changement de gouvernement. Idem à la voirie.
    "A la fin des années 1950, les communautés de femmes étaient propriétaires de 105 hôpitaux dans la province, dont certains gigantesques(notamment St-Jean-de-Dieu). "-Claude Gravel- Peu à peu la Santé sera assumé par l'État avec la "Révolution tranquille".
    Rupture au plan de la chose économique:les Québécois francophones ayant maintenant accès à l'éducation investiront le monde économique, jusque là réservé aux anglophones. Nationalisation de l'électricité, création de la SGF, la Caisse de dépôt et de placement.
    La première femme élue députée: Claire Kirkland Casgrain, en 1961. Les mâles à "l'Assemblée législative" voulaient qu'elle porte un chapeau: elle refusa. La ministre Claire Kirkland-Casgrain fait adopter la loi 16 (en 1964)qui met fin à l’incapacité juridique de la femme mariée. (Auparavant une femme mariée ne pouvait acheter une propriété sans la signature de son mari, ne pouvait faire un testament).

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    21 juin 2015

    Merci M Claude Dupras pour cette série de textes éclairant sur la contribution de Maurice Duplessis à la genèse de notre État.
    Loin d'être une période de Grande noirceur, ce fut, d'abord et avant tout, une période de lutte acharnée pour défendre « notre butin ». En fait les compétences de l'État du Québec ; sur les assises duquel reposent nos garanties d'exister comme nation française en Amérique.
    En 1960, il n'y a a pas eu de rupture, qu'une continuité organique d'une nation qui a pris racine avec l'Habitation de Québec et qui s'est développé contre les vents de l'histoire. La Révolution tranquille n'est qu'un aboutissement, qu'un potentiel accumulé par l'histoire, qu'une puissance qui passe à l'acte. À une autre étape marquante : la reconnaissance de facto de l'État du Québec. Et Maurice Duplessis y a contribué de manière exemplaire.
    Dans le contexte actuel, il s'agit d'une leçon de l'histoire qui devrait nous inspirer tous, souverainistes comme fédéralistes, sincèrement attachés à la défenses des compétences de l'État du Québec contre l'État canadien, lequel ne vise au final que l'assimilation de notre nation.
    Merci encore
    JCPomerleau

  • Jean Gilles Répondre

    21 juin 2015

    A lire: "La vie dans les communautés religieuses l''âge de la ferveur 1840-1960" de Claude Gravel.
    Je cite:
    « Le gouvernement provincial, qui l’acceptait pour les collèges de garçons depuis 1922, refusa toute subvention aux collèges classiques féminins (les premières furent versées en 1961). Et les universités, qui leur accordaient leur affiliation, les empêchaient d’enseigner des matières comme le grec et leur bloquaient l’accès à certaines facultés comme la médecine et le droit. De 1908 à 1954, le nombre de diplômées ne dépassa pas 2000 ». Le premier collège classique pour les filles, en 1908 : le collège Marguerite-Bourgeoys, à Montréal, avec les sœurs CND. L’enseignement qu’offrait le collège classique aux garçons depuis le milieu du X1Xe siècle fut refusé aux filles jusqu’au début du XXe siècle. Ce refus venait tant des autorités religieuses et politiques qu’universitaires. Les rares Canadiennes françaises qui voulaient accéder à l’université devaient aller se faire instruire au Canada anglais, aux États-Unis ou en Europe. . Il y avait 15 collèges classiques pour filles au milieu des années 1950, notamment à Montréal, Québec, Trois-Rivières, Rimouski.
    « Un préjugé à l’égard des femmes. Il fallait aussi compter avec les préjugés populaires tenaces envers les femmes instruites. En 1911, Marie Gérin-Lajoie fut la première jeune fille canadienne-française à obtenir un baccalauréat ès arts (fin du cours classique) chez les sœurs de la Congrégation Notre-Dame. Elle arriva première dans toute la province, mais le jury refusa de lui accorder le prix Colin et celui du prince de Galles, qui lui revenaient de droit, pour les donner à celui qui était arrivé deuxième….un garçon.
    Jusqu’en 1920, une religieuse enseignante ne pouvait quitter son couvent pour se rendre à une conférence dans une université. Les premières sœurs qui s’y inscrivirent pour obtenir un baccalauréat ou une licence, plus rarement un doctorat, furent isolées des élèves masculins, dans des salles séparées, pour passer leurs examens….parce qu’elles étaient des femmes ».
    « Sœur Ste-Anne-de-Marie, une CND : une pionnière tenace pour faire avancer la cause de l’éducation supérieure chez les femmes francophones au collège Marguerite Bourgeoys (1908), l’œuvre de sa vie. Lorsqu’elle devint religieuse, elle ne possédait qu’un diplôme lui permettant d’enseigner dans une école de rang. Plus tard, elle termina ses études et obtint un baccalauréat ès arts et une licence en lettres. Elle le fit sans pouvoir se présenter à l’université (ce qui était interdit aux religieuses), à partir de notes de cours que lui apportait une élève et d’examens qu’elle faisait parvenir aux professeurs ».
    « Jusqu’au milieu des années 1950, il n’existait au Québec aucun réseau d’enseignement secondaire public pour filles. Celles qui voulaient poursuivre leurs études après la 7e année devaient obligatoirement aller au pensionnat, tenu par les communautés religieuses. C’était la minorité. En 1945. 38 couvents privés décernèrent un diplôme de 12 e année à seulement 88 élèves au Québec, un diplôme qui ne donnait même pas accès aux études supérieures. La seule voie pouvant mener à l’université était celle du cours classique.
    « Le Québec entier s’arrachait LES INSOLENCES DU FRÈRE UNTEL sans avoir jamais vu son auteur, quand il apparut à la télévision avec sa soutane…c’était le 21 novembre 1960, à l’émission de Judith Jasmin. C’était un frère mariste. Ce qui surprenait, c’est qu’il semblait n’avoir peur de rien. Il défiait l’autorité, à commencer par celle de ses supérieurs, qui lui avaient interdit de parler publiquement. Il dénonçait l’échec du système d’enseignement québécois, l’impasse de la pensée, le conformisme de la religion, le français joual, c’est-à-dire relâché. Le lendemain, un de ses nombreux admirateurs déclara : « Le Frère Untel a osé dire ce que tout le monde pense…. ».

  • Jean Gilles Répondre

    21 juin 2015

    .L’ère Duplessis n’était pas celle de la grande noirceur"
    Faux! Absolument faux!
    En 1959, la société québécoise était la société la moins scolarisée en Amérique du Nord.
    L'Église catholique et Duplessis contrôlaient tout. Les Québécois francophones étaient peu impliqués dans l'activité économique. Quant aux femmes, elles étaient infériorisées, la signature de la femme mariée ne valait rien.
    L'université fut l'apanage des garçons qui furent pendant très longtemps les seuls à pouvoir aller dans un collège classique qui donnait accès à l'université.
    Le Frère J.P. Desbiens publiera, en septembre 1960, "Les Insolences du Frère Untel". Dans ce livre il dénonçait le système d'éducation du Québec d'alors et la main mise de l'Église sur la société québécoise.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 juin 2015

    @Normand Paiement,
    J'ai un peu de respect pour Mackenzie King. Harper doit être comparé à Bennett qui fut de lige avec Lord Beaverbrook.
    @M-F Legault,
    Éducation et services sociaux étaient dévolus à l'église.
    Pour justifier des polyvalentes, il fait que les jeunes canadiens-français puissent terminer leur instruction primaire. D'où l'importance de multiplier les écoles de village ou de rang, et d'électrification des campagnes pour que les enfants puissent étudier le soir.
    Quand aux routes, on laissait le privé construire ses propres chemins sur ses terres

  • marie-france legault Répondre

    19 juin 2015

    J'ai connu l'époque de M.L.N.Duplessis. Il n'avait pas de dettes parce qu'il ne faisait rien: pas d'autoroutes, pas de polyvalentes, pas de Ministère de l'Éducation, de la Santé. Il disait: "Que nos routes longent nos rivières et nos lacs". Alors ça prenait des heures pour voyager de Québec à Montréal à Trois-Rivières etc...
    Quand on fait rien... ça coûte rien. Toutes les autres provinces évoluaient et nous étions en retrait, en retard. Il y avait aussi cette attitude ambiguë envers l'argent. Tous ceux qui font de l'argent sont des méchants capitalistes, des voleurs, des profiteurs. Pourtant certains socialistes sont "pleins aux as" et sont heureux d'en profiter largement.
    Je pense que la corruption existera toujours et cela quel que soit le parti politique.
    Il faut une commission permanente. "Le veau d'or" exerce toujours un attrait particulier même sur ceux qui se prétendent détachés, indifférents "cool".

  • Normand Paiement Répondre

    19 juin 2015

    Monsieur Dupras,
    Plus ça change, plus c'est pareil!
    Telle est du moins l'impression qui se dégage à la lecture de votre série d'articles sur Maurice Duplessis.
    La sempiternelle lutte de pouvoir que se livrent depuis toujours les divers gouvernements qui se sont succédé à Québec et à Ottawa n'auront de cesse que le jour où le Québec sera devenu un pays indépendant... ou une province comme les autres!
    En ce sens, Pierre Karl Péladeau et Philippe Couillard sont de nos jours les (dignes?) successeurs respectifs de Maurice Duplessis et d'Adélard Godbout, cependant que Stephen Harper est, jusqu'à nouvel ordre, l'équivalent actuel de Mackenzie King. Bref, les visages et les personnalités changent, mais les archétypes restent les mêmes. Génération après génération, le même psycho-drame collectif se répète sur la scène politique fédérale-provinciale. Si ce qui est en jeu dans cette histoire n'était pas aussi crucial pour la nation canadienne-française, on serait tenté de dire que nous assistons à une farce, tellement les dysfonctionnements de notre système politique apparaissent au grand jour lorsqu'on examine la question dans une perspective historique, comme vous venez de le faire.
    Seul l'avenir nous dira si cette lutte incessante prendra fin avec nos leaders politiques actuels ou si elle va se poursuivre pendant encore quelques générations, c'est-à-dire jusqu'à ce que les Canadiens français aient été définitivement assimilés dans le melting-pot nord-américain... ou qu'ils aient enfin décidé de se donner un pays bien à eux, un pays qui serait le seul État francophone d'Amérique du Nord: le Québec!
    Il serait temps que cette génération-ci ait le courage de trancher la question une bonne fois pour toutes! Pour que nous cessions bientôt de tourner en rond dans la cage à homards canadienne, peut-être une thérapie collective nous serait-elle salutaire, ne trouvez-vous pas?...
    Cordialement,
    Normand Paiement