Quel est le lien entre l'Italie et notre nouveau cours d'éthique et de culture religieuse? Depuis Rome, où il participe au Synode des évêques, c'est le cardinal Marc Ouellet qui sert de trait d'union entre ces deux énoncés. Il y a livré sa vision cauchemardesque d'un Québec en mal d'évangélisation et son opposition farouche à ce cours tout juste arrivé dans nos écoles, et qu'il associe à une «dictature du relativisme».
Le quotidien italien Avvenire et la revue Vita e Pensiero, deux publications d'inspiration catholique, ont relayé son message, essentiellement le même que celui livré au Québec dans le sillage de la commission Bouchard-Taylor. Sur fond de crise des valeurs, de vide spirituel, d'héritage religieux méprisé, le cardinal développe son profond désaccord avec le caractère obligatoire d'un cours d'éthique et de culture religieuse qui bafoue la liberté de religion des Québécois et nie les besoins de la majorité catholique.
Sa croisade trouve écho dans la lutte menée par la Coalition pour la liberté en éducation (CLE), qui manifestait samedi encore en opposition au cours, obligatoire de la première année à la cinquième secondaire. Dirigé par des croyants chrétiens, le mouvement a permis d'acheminer au ministère de l'Éducation 1200 demandes d'exemption - toutes refusées à ce jour. Il est aussi à la source du boycottage de ce contenu par 72 élèves, retirés du cours par leurs parents. Il passera sous peu en Cour supérieure à Drummondville pour contester la validité du cours.
Tant le cardinal Ouellet que la CLE peuvent exposer des craintes qu'ils jugent légitimes. Ils peuvent voir dans la poursuite de la déconfessionalisation de l'école une attaque à leurs droits et la négation du religieux plutôt qu'une manière de se l'approprier autrement. Mais ils ne peuvent toutefois prétendre relayer la position d'une majorité qui, pendant que la minorité vocifère, se tait, offrant un consentement silencieux.
Le cardinal Marc Ouellet a beau être primat du Canada, lorsqu'il se confesse ainsi dans les quotidiens d'Italie, il parle en son nom personnel, un élément qu'il importe de ne pas perdre de vue. Tout en exprimant des préoccupations à l'endroit de ce programme, l'Assemblée des évêques catholiques du Québec n'a pas choisi comme lui de s'y opposer; elle a plutôt pris acte du débat public qui a précédé l'entrée en scène de ce cours, se rendant à cette approbation généralisée.
Les opposants au nouveau cours se plaisent aussi à rappeler qu'ils parlent pour une majorité de quelque 80 % de parents qui choisissaient, dans l'ancien régime d'option, d'inscrire leur petit au cours d'enseignement religieux. Or, un récent sondage Léger Marketing publié dans Le Devoir a anéanti cet argument, en laissant entendre complètement le contraire!
Interrogés sur le programme d'éthique et de culture religieuse, quelque 52 % des répondants lui ont donné leur bénédiction. Et seuls 16 % ont confié qu'ils auraient souhaité le maintien d'un cours religieux confessionnel. Cette donnée vient confirmer une impression: en optant pour le cours religieux, un fort contingent des parents communiquait en réalité son besoin d'un enseignement culturel de la religion.
Lorsqu'elle cautionne sans mot dire le nouveau cours, la majorité silencieuse laisse une rumeur de contestation emplir l'espace public. Elle a beau faire grand bruit, cette opposition ne reflète pas l'impression du plus grand nombre.
Éthique et culture religieuse
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