Oui, je suis bilingue;
_ Ce n'est pas à l'école primaire que j'ai appris l'anglais
_ mais dans les rues d'Ottawa et à l'âge de 15 ans.
C'est une mauvaise partance pour l'enfant anglais ou français,
_ (suffisante pour l'écœurer à tout jamais)
_ que de lui inculquer deux langues à l'école primaire.
_ Que chacun baigne dans sa langue maternelle jusqu'à
_ l'âge de 15 ans, s'il veut la bien posséder.
Une langue seconde s'apprend en six mois
_ dans une ville étrangère
_ quand on a l'âge de 17 ans et le goût de la parler.
_ C'est faux des bilingues à 8 ans, ce sont des baragouineux.
La langue, c'est comme un instrument de musique,
_ celui qui les joue tous, les joue mal.
_ Celui qui n'en joue qu'un seul le joue bien.
Nous avions la Loi 101 comme protection et survie.
_ Où est-elle rendue?
_ la Loi 101 reconnaissait le français
_ la seule langue officielle au Québec,
_ comme la langue américaine est reconnue
_ la seule langue officielle aux États-Unis,
_ (ce qui ne les empêche pas d'en parler 5).
la Loi 101 criait aux deux Amériques
_ ce qu'on leur cachait depuis des siècles,
_ qu'une Nouvelle-France existait à leur porte.
la Loi 101 disait à l'univers que les Québécois
_ étaient l'un des deux peuples fondateurs du Canada.
la Loi 101 me faisait marcher librement et partout
_ dans le Québec, comme si j'avais été chez moi.
la Loi 101 disait à l'immigrant
_ arrivant ici en terre d'accueil,
_ que le français était la langue du Québec
_ contrairement à ce que la propagande d'Ottawa
_ leur avait appris avant leur départ,
_ que nous étions tous anglais.
Afficher et parler notre langue à l'usine, à l'école,
_ à la douane, au restaurant, au forum, au magasin, partout,
_ était une affaire entendue et acceptée par la minorité
_ anglaise du Québec, qui avait fini par comprendre
_ qu'enfin décolonisés, nous avions une langue maternelle,
_ et surtout que nous apportions, (parce que différents)
_ une richesse incalculable au Canada entier.
Hélas,
_ il aura fallu que quelques arrivistes,
_ Canadiens-français de surcroît,
_ vendent pour un plat de lentilles (de votes)
_ notre droit d'aînesse en Amérique.
Est-ce que tout serait à recommencer
_ à cause de quelques magasiniers
_ qui échangent
_ trafiquent
_ vendent
_ trois siècles d'histoire pour quelques heures de pouvoir?
Quelques mois à peine avant son décès en 1988, Félix Leclerc nous a légué ce texte
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
25 août 2008Félix Leclerc disait ailleurs aussi, si ma mémoire est bonne, que c'est un "Anglais" qui lui avait appris la fierté de sa langue et de son pays québécois !
Comme quoi nos "arrivistes canadiens-français" qui passent leur temps à faire du sarcasme anti-souverainiste " ah ! les maudits Anglais ! " ont bien du trouble à refouler dans leur tit-tête leur propre ressentiment qu'ils attribuent aux méchants séparatissses pour avoir l'esprit tranquille ! Bénissons nos arrivistes french-canadians fédéralistes qui se font du capital politique sur le dos des souverainistes ! Bénissons-les car vraiment leur tendance à maudire secrètement quelqu'un en Amérique est malsaine !
Archives de Vigile Répondre
21 août 2008Quel beau texte, toujours de saison encore aujourd'hui. Il serait bon que ce texte soit publicisé davantage afin qu'on se rappelle que le français est notre langue et qu'il faut en prendre bien soin si on veut la conserver.