La langue d'exception

Tribune libre

Nous sommes au Québec, une terre francophone depuis toujours. Nous venons de terminer trois semaines d’activités sur la francophonie et deux semaines en parallèle de Franco-Fête sur une année complète. Notre langue serait-elle devenue une langue d’exception pour qu’on lui consacre si peu de jours durant une année complète? Ne devrait-on pas plutôt avoir quatre semaines de festivités linguistiques pour souligner l’anglais et quarante-huit semaines d’activités à caractères francophones?
Malgré que nous soyons au Québec, nous devons nous battre quotidiennement pour faire reconnaitre notre langue. Tout ceci devient anormal. Voici les faits actuels.
-Notre langue d’affichage perd graduellement du terrain surtout dans la grande région de Montréal.

-Notre langue commune dans les commerces se parle de moins en moins.

-Les radios commerciales contournent la règlementation du CRTC et diffusent la majorité des chansons en français durant la nuit, laissant toute la place aux chansons anglophones durant les heures de grande écoute.
-Les stations de télévision diffusent des versions françaises d’émissions américaines en ne changeant même pas le titre anglophone.
-Les textes sur le support informatique font pitié à lire tant la qualité du français fait défaut.
Où est donc notre fierté? Prise individuellement, chacune des affirmations exprimées plus haut peut nous sembler anodines, mais lorsque nous regardons l’impact que cela a dans son ensemble, nous réalisons facilement ce que veut dire l’adage : Si tu lui donnes un pouce, il en prendra un pied.
Je dis BRAVO à ceux et celles qui défendent quotidiennement notre langue avec conviction. BRAVO aux journalistes pour qui la qualité du français a son importance. BRAVO aux enseignantes et enseignants pour votre travail auprès des élèves. BRAVO aux écoles qui diffusent en français à leur radio étudiante. BRAVO aux commerçants pour l’utilisation de thématiques en français pour vos ventes. Vous méritez tous mon respect.
Il faut absolument redonner à notre langue toute la place qui lui revient si nous ne voulons pas la perdre à jamais. Ne baissons pas les bras, non, continuons notre combat et libérons-nous de cet appauvrissement linguistique. Chaque geste compte.
Vive le français, vive notre langue commune.
Roger Kemp
Président du Comité de la langue à la SSJB de la Mauricie.

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Roger Kemp110 articles

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Pamphlétaire actif à Trois-Rivières Membre actif à la SSJB de la Mauricie





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    3 avril 2012

    Monsieur Kemp
    Et les compagnies avec 50 employés ou moins qui sont toujours exemptées de cours de francisation au Québec surtout dans la région de Montréal où elles sont plus nombreuses ce qui va de soi. Le gouvernement envoie un message aux immigrants, à l'effet, que la langue française est une langue secondaire. Pas surprenant que ces immigrants joignent les rangs de la minorité rhodésienne du West Island pour leur intégration.
    Nous sommes nos pires ennemis avec la question linguistique; nous nous culpabilisons sans cesse face aux anglos du West Island qui sont morts de rire de nous-autres. Pas surprenant avec nos dirigeants politiques, carriéristes, collabos, vendus et fédéralistes, en plus, qui se culpabilisent, eux aussi, sans cesse face aux anglos. Nous ne sommes pas sortis du bois avec de tels dirigeants, je vous l'assure. LE POUVOIR AU PEUPLE ET PAR LE PEUPLE; C'EST LA SEULE SOLUTION!
    André Gignac 3/4/12

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    2 avril 2012

    Merci d’utiliser au maximum les expressions « français », « en français », « de langue française » etc. au lieu du réducteur « francophone ». Vous le remarquez à ces quelques exemples qui vous ont échappé : « terre francophone »(pays de descendance française) ; « souligner l’anglais et quarante-huit semaines d’activités à caractères francophones » (caractère français)
    C’est important d’insister : nous parlons le français, apprenons la langue française pour vivre en français. On sait que les Français refusent d’être appelés francophones, terme qu’ils réservent aux colonies. À nous de ne pas suivre les tournures anglaises qui nous mèneront bientôt à étudier la langue francophone, chanter des chansons francophones, dans des écoles francophones et voir des spectacles francophones, tout comme des albums francophones de musique francophone: TOUT POUR ÉVITER LE MOT HONNI « FRANÇAIS »!

  • Henri Marineau Répondre

    2 avril 2012

    Pour ajouter à la triste réalité de cette "langue d'exception" dont vous parlez, je vous propose cet extrait d’un article paru dans le Devoir du 2 avril sous le titre
    « Langue de travail- Québec contribue à angliciser les immigrants francophones »:
    « Il est reconnu que l'emploi est la clé pour réussir l'intégration d'un immigrant. Bien que la loi 101, adoptée en 1977, fût censée faire du français «la langue normale et habituelle» du travail au Québec, il semble que la clé de l'intégration demeure, 35 ans plus tard, une clé anglaise. »