La GRC suivait René Lévesque même dans ses déplacements à l'étranger

« René Lévesque » — 20e anniversaire

Par Jim Bronskill - Des documents rendus publics récemment révèlent que le service de renseignement de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) suivait René Lévesque même dans ses déplacements à l'étranger.
La GRC craignait que le leader du Parti québécois sollicite du financement de gouvernements étrangers au cours d'un voyage en France et en Belgique en 1972.
Selon les documents déclassifiés récemment, un officier haut placé de la GRC a envoyé, à la fin de mars 1972, une note secrète à des destinataires non précisés, pour leur demander de l'aider à surveiller le voyage à venir.
Selon L.R. Parent, qui était alors commissaire adjoint de la GRC, "le but avoué de ce voyage est de populariser la cause séparatiste à l'étranger. Il est possible que d'autres buts existent: en particulier, l'obtention d'une aide financière ou autre de gouvernements ou de partis étrangers", peut-on lire.
Les documents ne révèlent rien qui puisse fonder les soupçons du corps policier. De même, la GRC n'a rien relevé d'illicite au cours de ce voyage.
La note, dont des sections restent secrètes, fait partie d'un dossier de 2520 pages compilé par le service de sécurité et de surveillance de la GRC sur plus de 30 ans. Un exemplaire du dossier a été obtenu par la Presse Canadienne par l'entremise de la loi d'accès à l'information.
Les dossiers personnels recueillis par la GRC peuvent être divulgués, en vertu de la loi, 20 ans après la mort d'une personne. Or, Lévesque est mort d'une crise cardiaque en novembre 1987, à l'âge de 65 ans.
Dans une autre note de suivi, en juillet 1972, M. Parent écrit que René Lévesque est un fervent nationaliste québécois qui favorise la séparation "par des moyens pacifiques et démocratiques".
"Le parti (le Parti québécois) est considéré comme une menace à l'unité nationale, mais n'est en rien illégal", a-t-il écrit.
"Nous (la GRC) sommes intéressés aux activités internationales de M. Lévesque et de ses associés, seulement si leurs contacts internationaux sont des individus et des groupes qui appuient la séparation du Québec du Canada", a-t-il poursuivi.
Même si René Lévesque avait été démocratiquement élu, la GRC n'avait aucune honte à l'espionner, a fait remarquer Steve Hewitt, maître de conférence au département d'études américaines et canadiennes de l'Université de Birmingham.
"Ils (les agents de la GRC) étaient clairement sur un pied d'alerte pour surveiller ce que Lévesque faisait", a dit l'auteur de "Spying 101: The RCMP's Secret Activities at Canadian Universities, 1917-1997".
Au début des années 1970, le service de sécurité de la GRC espionnait activement le mouvement indépendantiste et ses membres les plus radicaux, au Front de libération du Québec. Certaines des tactiques du service de la GRC, notamment l'incendie d'une grange, ont contribué à son discrédit et à son remplacement, plus tard, par le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).
Le dossier Lévesque comporte aussi des exemplaires des câbles diplomatiques qui évaluaient les retombées de son voyage de 1972. Un des fonctionnaires concluait qu'il n'avait eu "aucun impact appréciable en Belgique".
"Lévesque a pu néanmoins juger avantageux de renouer avec des journalistes et des politiciens belges sympathiques à ses vues et qui pourraient, par leurs positions publiques en Belgique, lui être utiles dans sa propagande politique au Québec."
Même si le dossier Lévesque couvre la période historique qui mène au référendum de 1980, plusieurs des documents d'archives demeurent secrets.
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