COMMERCE TRANSFRONTALIER

La faiblesse du huard a un impact, mais lequel?

Les répercussions de la chute du dollar canadien sont difficiles à chiffrer

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Les répercussions sont franchement mauvaises. Elles sont inflationnaires pour tout ce que nous importons, et notre base manufacturière s'est trop contractée depuis 20 ans pour que nous puissions en bénéficier suffisamment à l'exportation

La chute du dollar canadien n’a peut-être pas de conséquences graves pour l’instant sur l’activité transfrontalière, mais elle alimente certainement la discussion, affirment divers acteurs touristiques et commerciaux de New York et du Vermont.

Parti de 85 cents US en décembre 2014, le dollar tourne autour de 72 cents US, en partie à cause de la baisse de valeur du baril de pétrole qui ramène le huard à son niveau de 2004.

« Le sentons-nous ? Pas autant que ce que les gens s’imaginent », dit Kristy Kennedy, vice-présidente au marketing à la Chambre de commerce North Country, située à Plattsburgh, dans l’État de New York. « En sommes-nous conscients ? Oui. Et nous essayons de mettre en oeuvre tous les ajustements pour bien desservir nos clients canadiens. »

En juin 2007, alors que le dollar venait de franchir les 94 cents US sur une lancée rapide vers la parité, ce qu’il allait atteindre deux mois plus tard, les commerçants rencontrés par Le Devoir jubilaient. Plattsburgh se trouve à une heure de route de Montréal. De l’hôtel qui s’était mis à prendre le dollar au pair en passant par la gérante du magasin de t-shirts rock qui voulait apprendre le français, tous les espoirs étaient permis.

Huit ans plus tard, le climat a changé. Si peu de commerçants offrent de prendre le dollar canadien au pair, certains d’entre eux proposent des rabais sur le taux de change. « Certains de nos membres de l’industrie hôtelière disent que le taux de change est devenu un sujet de conversation », dit Mme Kennedy. Il serait illusoire de penser qu’il n’y a absolument aucun impact, selon elle.

Légère glissade

À l’heure actuelle, la fréquentation hôtelière en provenance du Québec a glissé d’environ 2 %, ce qui pourrait s’expliquer aussi par une absence de neige reportant à plus tard l’ouverture de la saison de ski. À l’aéroport de Plattsburgh, le nombre de voyageurs canadiens a reculé de 3 %, à peu près. Ces reculs sont récents, selon Mme Kennedy.

« Nous voyons une baisse de l’achalandage québécois, mais nous savons que c’est cyclique », dit David Napolitan, directeur général du Champlain Centre, le centre d’achat principal de la ville. Selon lui, le taux de change n’entraînera pas de fermetures de magasins, qui savent gérer ce genre de situation.

Les dépenses de consommation effectuées par les Canadiens aux États-Unis représentent entre 1,3 et 2,3 % des dépenses de détail faites au nord de la frontière, a déjà indiqué Statistique Canada. Selon l’étude publiée l’an dernier, portant sur la période 2006-2012 avec divers scénarios, ces dépenses se situeraient entre 5,9 et 10,8 milliards. De manière générale, toutefois, les visites d’un jour en sol américain ont chuté de moitié depuis le début des années 90.

« Divers facteurs peuvent contribuer à la croissance du magasinage transfrontalier », avait alors écrit Statistique Canada. « Parmi ces facteurs figurent la vigueur relative du dollar canadien durant la période à l’étude, les écarts de prix, les modifications dans le commerce de détail, les limites des achats hors taxes, la modification des taxes et la situation économique. »

À Burlington, on ne dispose pas de données officielles, mais un des baromètres qui reçoivent le plus d’attention est celui du Church Street Marketplace, un secteur de 80 magasins et restaurants très fréquentés. L’équipe d’administration de ce quadrilatère piétonnier collige les codes postaux récoltés auprès des clients par les commerçants. Ce sondage perpétuel en fait un peu le « canari dans la mine de charbon », selon son directeur général, Ron Redmond.

« Nous n’avons pas de données concrètes sur le niveau des ventes auprès de clients canadiens, mais nous savons qu’ils viennent de secteurs plus aisés », dit M. Redmont, qui dit ne pas voir de fluctuation notable dans le nombre de plaques d’immatriculation québécoises. « Nous faisons également des sondages dans la rue, et nous constatons qu’ils viennent moins pour les prix que pour l’expérience. »


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