La disjonction d’une injonction

Crise sociale - printemps 2012 - comprendre la crise



Le collège Montmorency, comme plusieurs autres collèges, est sous le coup d’une injonction pour forcer la reprise des cours pour certains étudiants désireux de sauver leur session. Cela va à l’encontre de la majorité démocratique, mais c’est la loi, donc nous devons la respecter.
Le hic, c’est que cette injonction permet, de façon illimitée, à d’autres étudiants de s’ajouter à la liste de base et le juge les accepte tous. Donc, si demain je donne une séance de cours à une seule personne dans un groupe donné, il se peut, à la séance suivante, que d’autres s’ajoutent dans ce même groupe, et ainsi de suite.
Or, dois-je donner le même contenu de cours pour chaque étudiant qui revient graduellement, semaine après semaine, en classe ? Que fais-je avec la personne qui a déjà suivi cette séance ? Je ne peux pas lui donner congé ni faire deux séances de cours en même temps. Et chaque cours que je répète enlève du temps de classe pour les autres cours, tous essentiels pour l’obtention des compétences énoncées par le ministère de l’Éducation.
Bref, tous ces problèmes m’exposent au spectre de l’outrage au tribunal, et ce, malgré toute ma bonne volonté, parce que je suis dans l’impossibilité de donner tout le contenu du cours demandé par les étudiants à chacun d’entre eux. Que faire devant cette aberration logistique ?
Pédagogiquement, il est évident que cette situation, même à court terme, est ingérable, d’autant plus que nous n’avons aucun calendrier ni date de fin de session établie. Il se peut que le tout soit reporté à l’automne. Il se peut qu’on enseigne durant l’été. Il se peut que nous ne soyons jamais payés pour les cours donnés en double, en triple, etc. Et que faire de ces fameux 82 jours de classe que nous devons donner ?
En tant que profs, nous sommes prisonniers de cette injonction aussi absurde qu’antipédagogique. Que ce soit clair pour tout le monde : la session, pour tous les demandeurs d’injonction, est foutue, dû à la nature même de cette ordonnance. Il serait préférable de fermer tous les cégeps pour ce qui reste de la session plutôt que d’accepter d’enseigner dans de telles conditions, mais cela ne peut se faire, sous peine d’outrage au tribunal…


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