La dette de l’État québécois continue de monter

La dette de l'État québécois s'est enflée de 4,1 milliards $ en 2006-07. En 2007-08, la hausse sera de 2,8 milliards $.

Budget MJF - baisses d'impôts


Sylvain Larocque - En dépit d'un Fonds des générations mieux garni et d'un surplus budgétaire de 29 millions $, la dette de l'État québécois s'est enflée de 4,1 milliards $ en 2006-07. En 2007-08, la hausse sera de 2,8 milliards $.


Ces augmentations annuelles sont l'une des raisons pour lesquelles l'Action démocratique votera contre le premier budget du gouvernement minoritaire de Jean Charest. Elles s'expliquent notamment par le fait que le gouvernement emprunte systématiquement lorsqu'il effectue des investissements en immobilisations (par exemple des travaux routiers). Ces emprunts ont accru la dette de 1,4 milliard $ en 2006-07.
Les prêts et avances que le gouvernement a accordés à ses sociétés d'État ont quant à eux fait bondir la dette de 2,2 milliards $. D'autres opérations ont contribué à hausser la dette de 1,2 milliard $, dont 684 millions $ pour les versements au titre de l'équité salariale.
Au 31 mars, la dette du gouvernement québécois s'est donc élevée à 122,4 milliards $, soit 43,1 pour cent du produit intérieur brut (PIB).
Quand on ajoute les passifs des réseaux de l'éducation et de la santé (14,1 milliards $), d'Hydro-Québec (32,7 milliards $), des autres entreprises gouvernementales (3,6 milliards $) et des municipalités (18,9 milliards $), on en arrive à un grand total de 191,7 milliards $, soit 67,5 pour cent du PIB. Il s'agit d'un bond de 6,1 milliards $ en un an.
Un Fonds plus costaud
Face à ces chiffres, les 578 millions $ accumulés au 31 mars dans le Fonds des générations et consacrés au remboursement de la dette n'ont pas fait le poids.
Le Fonds vise à réduire la dette en accumulant les redevances hydrauliques versées par Hydro-Québec et les producteurs privés d'hydroélectricité, une partie des bénéfices d'Hydro-Québec reliés à l'exportation d'électricité, les redevances sur l'eau captée et la vente d'actifs.
En 2006-07, Hydro-Québec a effectué un premier versement de 560 millions $ au Fonds, dont 500 millions $ provenant du gain découlant de la vente de sa participation dans Transelec Chile. Les producteurs privés ont versé 9 millions $, tandis qu'on a touché 5 millions $ de biens non réclamés et 4 millions $ en revenus de placement, pour un total de 578 millions $.
Jeudi, Québec a annoncé un versement additionnel de 200 millions $ en 2007-08, en provenance de la réserve budgétaire, ce qui devrait porter le solde du Fonds à 653 millions $ au 31 mars prochain. En 2008-09, on prévoit que le Fonds récoltera 740 millions $.
À partir de 2010-11, Québec s'engage à verser une contribution additionnelle de 400 millions $ par année en moyenne, qui découlera des bénéfices additionnels qu'on attend des exportations d'Hydro-Québec.
Ambitieuse, la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, s'est même permise de prédire que le Fonds allait permettre au Québec de réduire la dette de près de 42 milliards $ d'ici 2026.
«Près de la moitié de la dette contractée pour payer l'épicerie et accumulée depuis plus de 30 ans par les gouvernements qui nous ont précédés aura alors été remboursée», a-t-elle avancé.
La ministre a en outre tenu à souligner que le poids de la dette du gouvernement continuait à diminuer en proportion du PIB. Mais même en réduisant cette proportion à 41,7 pour cent en 2008-09, comme le prévoit Québec, il est clair que l'objectif d'atteindre 38 pour cent en 2012-13, fixé par la Loi sur la réduction de la dette, demandera un effort important.
En 2006-07, le gouvernement a emprunté un total de 14,8 milliards $, en majeure partie sur le marché canadien. Quelque 17,4 pour cent des emprunts ont été effectués à l'étranger, plus précisément aux États-Unis, en Suisse, dans la zone euro, à Hong-Kong et au Japon.
À la fin 2006, Québec a effectué des «emprunts par anticipation» de 6,1 milliards $ afin de profiter de conditions particulièrement favorables sur les marchés financiers. Ils serviront à combler une partie des besoins de 2007-08.


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