La culture religieuse avec l'histoire

ECR - Éthique et culture religieuse


Dans [Le Devoir du 17 octobre, Denis Watters, ex-coordonnateur du programme Éthique et culture religieuse au ministère de l'Éducation, répond aux attaques du cardinal Marc Ouellet->15634] à l'endroit de ce nouveau programme qui ne cesse de susciter des critiques et de diviser les Québécois.
Dans cet imbroglio religieux, le ministère de l'Éducation, avec M. Denis Watters en tête, doit assumer l'entière responsabilité du cul-de-sac éducatif dans lequel il a engagé l'enseignement de l'éthique et de la culture religieuse au Québec. Ils avaient pourtant été dûment avertis des nombreux problèmes qu'engendrait l'intégration de la culture religieuse dans un programme d'éthique par le Mouvement humanisation et le Mouvement laïque québécois entre autres.
Avec la déconfessionnalisation de l'école québécoise, la culture religieuse aurait dû être inscrite au programme d'histoire et enseignée uniquement à la fin du secondaire, là où les jeunes commencent à exercer leur pensée réflexive et critique. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Le ministère de l'Éducation a préféré céder au lobby religieux qui tenait à tout prix à intégrer la culture religieuse dans le programme d'éthique.
Les clergés pouvaient ainsi continuer à laisser entendre faussement que l'éthique est constitutive de la religion, justifiant ainsi leur importance dans la vie personnelle (morale) et sociale (politique) des Québécois. Cette démission devant le lobby religieux a conduit à un programme bâtard qui ne satisfera jamais les croyants des diverses religions ni non plus les laïcs.
Rôle de l'éthique
Le rôle de l'éthique est de fournir aux humains un socle commun de valeurs, de principes et de normes qui les unissent en donnant un sens et une direction à leur aventure individuelle et collective dans une société donnée. Pour être universelle, une telle éthique se doit d'être fondée sur une conception naturelle, complexe et scientifique de l'être humain et ses exigences de développement et de bon fonctionnement dans ses rapports avec la réalité, la vie, lui-même, autrui, la société, l'humanité et l'environnement.
Elle ne doit surtout pas être fondée sur des conceptions religieuses, donc particulières, vieilles de milliers d'années, et qui ont soulevé sans répit les humains les uns contre les autres tout au long de leur histoire, continuant de le faire encore aujourd'hui. Elle ne doit pas non plus se limiter presque exclusivement à la reconnaissance de l'autre puisque l'éthique est avant tout un engagement envers soi-même.
Origines de la vie
Or, le nouveau programme Éthique et culture religieuse enseigne les origines du monde, de la vie et de l'humain transmises par différentes religions sans jamais remettre en question leurs fondements à la lumière de la raison et des connaissances fournies par les sciences. Pire encore, il ne propose même pas une conception naturelle, complexe et scientifique des origines de la vie et des humains sur lesquels se fonde une éthique naturelle. En lisant les manuels et les cahiers de ce programme accrédité par le ministère de l'Éducation, on jurerait que la philosophie et la science ne sont pas encore nées.
Une telle parodie de l'éthique est tout sauf le résultat d'une démarche objective conduite avec méthode et rigueur, comme l'avance Denis Watters. Seul un ouvrage faisant ressortir toutes les incohérences et les contradictions de ce nouveau programme pourra sensibiliser les Québécois à la grande mystification dont ils sont victimes. Il est capital qu'ils prennent conscience du prix que leurs enfants paieront si l'éducation québécoise continue de mélanger allègrement deux approches totalement opposées à la réalité, à la connaissance et à l'éthique.
Encore temps de changer
Le gouvernement du Québec peut facilement s'extirper du cul-de-sac dans lequel le ministère de l'Éducation l'a entraîné. Il n'a qu'à retirer le volet culture religieuse du programme d'éthique et l'intégrer à l'histoire, là où il appartient. Il respectera ainsi l'esprit de la loi 95 sur la déconfessionnalisation, fera taire les opposants à ce programme, et économisera beaucoup de temps, d'argent et d'énergie à défendre un programme qui continuera d'être attaqué de tous bords.
Parallèlement, il doit constituer rapidement un ou des groupes de travail pour établir une éthique laïque fondée sur une conception naturelle, complexe et scientifique des origines de la vie et des humains sur laquelle une éthique naturelle pourra s'élaborer.
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Gaston Marcotte, Président-fondateur du Mouvement humanisation et professeur associé à la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université Laval

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Président-fondateur du Mouvement humanisation et professeur associé à la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université Laval





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