La crise et les élections

En somme, les bien-nantis paient de moins en moins d’impôts et les entreprises partagent de moins en moins leurs profits avec les salarié-e-s.

Élection Québec - 8 décembre 2008



Le gouvernement Charest, à court d’arguments dans sa quête d’un gouvernement majoritaire, a choisi d’utiliser la crise boursière actuelle et la perspective d’une crise économique se profilant à l’horizon pour justifier le déclenchement d’une nouvelle élection hautement impopulaire. Si on peut discuter longtemps de la pertinence de tenir des élections pour juguler la crise, cette occasion offre au moins l’opportunité aux différents partis aspirant au pouvoir de préciser le diagnostic qu’ils font de cette crise et les mesures qu’ils entendent mettre de l’avant pour l’endiguer.
À cet égard, la FIQ, comme l’ensemble de la population québécoise, est en droit d’espérer que les partis saisissent bien l’ampleur de la crise et la remise en question profonde qu’elle sous-tend. Ainsi, les plus éminents économistes reconnaissent que la crise actuelle n’est pas le fruit d’un simple disfonctionnement éphémère du système, ni la conséquence isolée des hypothèques à risque aux États-Unis. Plus profondément, c’est l’ordre économique néolibéral en entier qui vacille et entraîne dans son sillon des millions de personnes. En dépit des nombreux signes d’avertissement, les hommes politiques acquis au dogme néolibéral ont persisté dans la mise en place aveugle de politiques visant la déréglementation, la privatisation et la libéralisation des marchés.
Comme en témoigne le plus récent rapport de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), ces politiques ont, sans contredit, profité aux plus riches. On peut ainsi constater l’importante hausse des inégalités socio-économiques depuis les années 1980 due en grande partie à la diminution des impôts des plus fortunés et à la diminution de la part des salaires dans la valeur ajoutée des entreprises. En somme, les bien-nantis paient de moins en moins d’impôts et les entreprises partagent de moins en moins leurs profits avec les salarié-e-s.
De plus, pour faire fructifier cet argent « volé », ils ont spéculé sur des valeurs fictives, construit des produits financiers bidons, multiplié les sources de crédits et camouflé dans les paradis fiscaux les profits comme les pertes. D’un autre côté, la majorité de la population, voyant son pouvoir d’achat sans cesse diminuer, a réussi à se maintenir à flot grâce au crédit. Ce cocktail toxique ne pouvait qu’aboutir à la situation actuelle, aux conséquences encore inconnues mais certes dramatiques. Face à ce bourbier en plusieurs points semblable à la crise de 1929, les solutions ne sont également pas très différentes de celles ayant été appliquées à cette époque pour sortir l’Occident de la Grande Dépression.
Ainsi, il est urgent que la richesse soit distribuée de manière plus équitable, non pas seulement par souci de justice sociale, mais aussi parce que la stabilité et la survie du système économique en dépend. L’État doit retrouver sa raison d’être, soit d’agir en tant que promoteur du bien-commun et de la cohésion sociale.
Pour ce faire, le prochain gouvernement du Québec doit se donner les moyens de ses ambitions et cesser immédiatement la mise en place de politiques néolibérales telles que la privatisation, la déréglementation et la libéralisation des marchés. Après 30 ans de politiques favorables à l’égard du secteur privé, la Fédération s’attend à ce que les leaders prennent acte de la gravité de la crise et réagissent énergiquement dans l’atteinte d’un nouvel équilibre pour le bien de toutes et de tous.
Syndicalement,
Lina Bonamie

Présidente FIQ


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