La CAQ et le KKK

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Tribune libre

Dans la foulée du débat sur l'interdiction des signes religieux dans la fonction publique, le caricaturiste Terry Mosher (alias Aislin) a produit récemment un dessin satirique et provocateur associant la Coalition Avenir Québec  aux suprématistes blancs du Ku-Klux-Klan. La caricature, conçue au départ pour être publiée dans le quotidien "The Gazette", s'est vue censurée par son commanditaire qui a refusé de la publier, au grand dam de son auteur qui n'a pas manqué de faire part de sa frustration sur les réseaux sociaux.


La caricature montre le "A" central du logo de la CAQ affublée d'une cagoule conique percée de deux orifices dévoilant un regard pour le moins inamical et surmontée d'une mèche allumée, allusion à la caricature de Mahomet produite il y a quelques années par l'artiste danois Kurt Westergaard (depuis lors sur le coup d'une "fatwa" réclamant sa mort pour insulte à l'Islam).


Par définition, une caricature n'est pas le reflet fidèle de la réalité telle qu'elle se présente à nos yeux. Elle propose une vérité alternative, déformée, qui prétend toutefois dépeindre le monde dans sa réalité crue, au-delà des apparences trompeuses du quotidien dans sa banalité. Cet art demande, en plus des talents artistiques habituels, du doigté et du tact, sinon il risque de dépeindre davantage les préjugés de son auteur que les situations qu'il s'est mis en quête de dénoncer. 


C'est manifestement ce qui arrive ici avec la présente caricature qui se permet de faire un rapprochement aussi malhabile qu'inapproprié entre des choses qui n'ont pas de véritable rapport et dont la mèche sciemment dessinée ne sert qu'à mettre le feu à un pétard mouillé. En accord absolu avec la philosophie bien-pensante qui culpabilise le nationalisme jusqu'à l'outrance, elle montre plutôt que son auteur, qui entend dénoncer chez les caquistes ce qu'il voit comme de l'étroitesse d'esprit s'apparentant au racisme, entretient en fait envers l'ensemble des francophones des préjugés gros comme le bras.


Par voie de conséquence, cette charge grossière avait toutes les chances de se retourner contre son auteur et, partant de là, contre son éditeur. C'est ce que ce dernier a sans doute pressenti en y opposant une fin de non-recevoir. Par des biais répétés et entretenus sans vergogne aucune, le prestige et la crédibilité de "The Gazette" est déjà lourdement plombé depuis des lustres auprès du lectorat francophone. Il était donc inutile et même suicidaire de lui faire ainsi prendre le chemin des abysses en étalant une fois de plus les lubies de son caricaturiste.


Néanmoins, on peut déplorer ici le déploiement hideux d'une censure qui semble de plus en plus la marque de commerce de la rectitude politique ambiante, mais c'était sans compter le rôle maintenant dévolu aux réseaux sociaux. L'entêtement du dessinateur frustré à vouloir y prouver la justesse de ses vues et à y déplorer l'injustice dont il croit avoir été victime a eu pour conséquence de contourner l'effet de la censure et permet désormais, par la contemplation du dessin proscrit, de mesurer l'étendue d'une turpitude reflétant les sentiments qu'entretiennent bon nombre de soi-disant « progressistes » envers une différence linguistique et culturelle qui n'a jamais vraiment fait leur affaire.



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