L’intégration du Québec à la Constitution ne serait plus nécessaire

17 avril 1982 - la Loi sur le Canada (rapatriement)


Mario Girard - À quelques heures du 25e anniversaire du rapatriement de la Constitution et, par le fait même, de l’adoption de la Charte canadienne des droits et libertés, souvenirs et confidences surgissent de la bouche de ceux qui furent des témoins privilégiés de ce double événement historique.
En exprimant au cours du week-end le souhait de voir le Québec intégrer enfin la Constitution canadienne, Mario Dumont a relancé le débat autour de ce projet qui a connu sa large part d’échecs. Si le jeune chef adéquiste caresse cette idée, ce n’est plus le cas pour l’ex-ministre fédéral Marc Lalonde, qui était aux côtés de Pierre Elliott Trudeau au moment des négociations.
« Je lui souhaite beaucoup de plaisir, a-t-il confié à La Presse. De mon côté, je ne perds pas beaucoup de sommeil là-dessus. »
Marc Lalonde s’accommode très bien de la situation dans laquelle se trouve le Québec. « Je suis sûr que ça ne plaît pas aux puristes constitutionnalistes. Mais l’État ne vit pas que de Constitution. On vit de mécanismes qui fonctionnent. »
Selon lui, le pouvoir du fédéral ne s’est pas trouvé « agrandi » avec le rapatriement de la Constitution, pas plus que les provinces ne se sont trouvées plus « faibles ». « Le Québec n’a pas été désavantagé par cela », ajoute-t-il.
Marc Lalonde affirme que son regard sur les négociations qui ont mené à la signature de la Constitution n’a pas changé en 25 ans. « J’étais là quand René Lévesque a dit à M. Trudeau : «Écoute, Pierre, tu sais qu’il n’y a aucun deal que tu pourrais m’offrir et que je pourrais accepter à part l’indépendance.»« C’était clair qu’on pouvait bien se faire aller tant qu’on voudrait mais qu’il n’y avait aucun compromis raisonnable ou possible en l’occurrence. »
Celui qui fut ministre de la Justice et des Finances pense que rouvrir ce débat ne serait pas une mince affaire. « Ça dépend de ce que le Québec veut, dit-il. S’ils brandissent encore le Rapport Allaire, ils peuvent aller se faire voir. Ils n’iront nulle part. Quand ce rapport est sorti, j’avais dit que je voterais pour la séparation avant de le choisir. »
Marc Lalonde, qui a aujourd’hui 78 ans, souhaiterait-il néanmoins voir le Québec intégrer la Constitution canadienne avant sa mort ? « Je vais mourir en paix aussi si ce n’est pas fait. Mais si la démangeaison constitutionnelle s’empare encore de nous et qu’on arrive à la guérir, tant mieux. Je ne trouve pas que c’est une grosse priorité. »
Chrétien et le mariage gai
De son côté, dans une entrevue accordée à La Presse Canadienne à l’occasion des 25 ans de l’enchâssement de la Charte dans la Constitution canadienne, Jean Chrétien a confié qu’il avait été abasourdi par la succession de jugements qui ont mené aux mariages des couples de même sexe, en 2003.
« J’ai été pris par surprise, a-t-il confié. J’avais alors 69 ans, vous savez, et ce mode de vie ne faisait pas vraiment partie de ma culture. »
L’ex-premier ministre ne s’opposait pas à la reconnaissance officielle des relations gaies et lesbiennes, a-t-il assuré, mais son choc culturel est venu du fait que les tribunaux avaient rejeté la création d’une catégorie à part, soit l’union civile, pour les couples de même sexe.
« Personne ne s’opposait fondamentalement à l’idée d’un contrat entre des partenaires. Il n’y avait aucun problème. Toutefois, l’emploi du mot mariage prenait les gens à rebrousse-poil et j’étais parmi ces gens. (...) Néanmoins, les tribunaux ont décrété que cela s’appelait un mariage. »
Cependant, quatre ans plus tard, M. Chrétien semble désormais s’être réconcilié avec le concept controversé. « J’ai dû composer avec (cette idée), a-t-il avoué, sourire en coin, en haussant les épaules. J’y ai survécu. »
– Avec La Presse Canadienne


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