L’insignifiance libérale

L'insignifiance libérale... Comme c'est bien dit !

Le gouvernement Marois a beau multiplier les faux pas et voir son taux de satisfaction chuter de 5 points en moins d’un mois, le PLQ n’arrive toujours pas à en profiter. Le sondage Léger Marketing dont Le Devoir publie ce samedi les résultats indique que ses intentions de vote ont baissé de 4 points, essentiellement dans l’électorat francophone et au profit de la CAQ.
Certes, les libéraux n’ont pas de chef et la commission Charbonneau constitue une espèce d’épée de Damoclès, mais il y a aussi que les libéraux ne donnent aucune indication de vouloir changer autre chose que le chef, malgré leur pire défaite en près d’un siècle et demi en matière de pourcentage du vote. C’est tellement plus simple de mettre cet « accident de parcours » sur le dos de Jean Charest.
Les trois candidats qui se disputent sa succession ont appelé d’entrée de jeu à un grand remue-méninges qui permettrait de dépoussiérer le discours libéral, mais on ne peut pas dire qu’ils ont beaucoup brassé la cage. Jusqu’à présent, la course a été d’une parfaite insignifiance.
Les « cinq idées pour le Québec » que Pierre Moreau a énoncées dans un texte que Le Devoir a publié vendredi relèvent de la tarte aux pommes. N’importe qui, que ce soit au PQ ou à la CAQ, aurait pu le signer sans problème. Qui peut s’opposer à redonner la parole aux militants, à soutenir nos entrepreneurs sur les marchés émergents, à viser la souveraineté énergétique, à lutter contre le décrochage scolaire et à promouvoir le français ? Même la promotion du bilinguisme chez les jeunes Québécois a été pudiquement remplacée par celle du multilinguisme.
Le texte invitant à un retour aux sources de l’idée libérale, que Philippe Couillard a également publié dans Le Devoir le 5 décembre, se voulait plus philosophique, mais il l’était peut-être un peu trop pour certains. « Pour le militant normal, c’était une lettre dure à comprendre. Moi-même je ne suis pas sûr d’avoir bien compris, mais ça doit être quelque chose de parfait. Il est tellement intelligent », a ironisé un député libéral. Tout le monde au PLQ reconnaît le brio intellectuel de l’ancien ministre de la Santé, mais on connaît aussi sa propension à l’esbroufe.
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Tout candidat à la direction d’un parti d’opposition qui aspire au pouvoir doit composer avec la nécessité de plaire aux militants qu’il courtise tout en cherchant à élargir la base électorale de son parti. C’est comme si chacun à sa façon, que ce soit par l’abstraction ou la tarte aux pommes, MM. Couillard et Moreau avaient tenté de concilier ces obligations.
Les candidats à la succession de Bernard Landry avaient eu le même problème en 2005. Les militants péquistes venaient tout juste d’adopter un échéancier référendaire nettement plus contraignant que ce que souhaitait la population. Pour obtenir leur appui, aussi bien Pauline Marois qu’André Boisclair avaient dû défendre un programme qu’ils jugeaient eux-mêmes irréaliste. Aux élections du 26 mars 2007, le résultat avait été désastreux.
En raison de sa forte clientèle anglophone et allophone, le PLQ est dans une situation encore plus délicate. Sa répugnance à agir concrètement dans les dossiers reliés à l’identité, notamment celui de la langue, n’est pas au diapason de l’opinion publique francophone. S’il est vrai que l’opportunité d’étendre au niveau collégial les dispositions de la Charte de la langue française qui régissent l’accès à l’école anglaise ne fait pas consensus, l’inquiétude devant le recul du français dans les milieux de travail est largement partagée.
En lançant sa campagne le 4 octobre, M. Couillard avait déploré que les libéraux aient abandonné tout le terrain identitaire au PQ, notamment la défense du français. Il trouvait inacceptable de forcer les francophones et les allophones à fréquenter le cégep français, mais il s’était montré ouvert à une extension du processus de francisation aux entreprises de moins de 50 employés.
À peine un mois plus tard, il s’était ravisé. « Il n’y a pas de déclin du français, déclarait-il le 9 novembre à Dorion. Il n’y a ni urgence, ni nécessité de modifier la loi 101. » Après réflexion, il en était arrivé à la conclusion qu’étendre la loi 101 aux PME leur imposerait un trop lourd fardeau. En réalité, le proposer aurait surtout plombé sa campagne au leadership.
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Trop de libéraux confondent encore la défense du français et la promotion de la souveraineté. Raymond Bachand a eu beau multiplier les démonstrations de loyauté, sa qualité d’ancien péquiste le rend suspect aux yeux de plusieurs. Sur tout ce qui touche l’identité, sa marge de manoeuvre est très étroite.
Quant à Pierre Moreau, il est clair qu’il ne s’écartera pas de l’orthodoxie. La facture de son site Internet est significative. La page d’accueil est chapeautée d’un en-tête bilingue - La fierté d’être libéral/Proud to be a liberal - flanqué d’une fleur de lys et d’une feuille d’érable.
Le dernier baromètre des personnalités politiques de Léger Marketing devrait l’inquiéter. Si MM. Couillard et Bachand se suivent de près au sommet de ceux qui ont la faveur des électeurs libéraux, M. Moreau ne figure même pas parmi les dix premiers. Pire encore, ils lui préfèrent François Legault et Jacques Duchesneau.
Il demeure non seulement inconnu de 55 % des Québécois, mais il est supplanté dans leur estime par dix autres de ses collègues, dont Yolande James, Yves Bolduc et Sam Hamad. C’est dire !


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