Bien complexe tout ce débat sur la laïcité.
Bien des éléments disparates.
Bien des alliés inhabituels.
Voici que Lucien Bouchard ce conservateur de droite, qui poussa le PQ vers le néolibéralisme, devient un allié de Françoise David.
Le 16 février 2010, Lucien Bouchard a reproché au Parti québécois son manque d'ouverture relativement à la laïcité et aux immigrants.
« L'ancien premier ministre reproche au PQ son "radicalisme laïque" »
Lucien mène le même combat que Françoise. Tous les deux luttent pour ne pas stigmatiser les immigrants et tous les deux sont des adversaires de Pauline Marois. Lucien va-t-il voter QS ? Je ne crois pas. Contrairement à Lucien, QS ne montre pas tellement de "passion" pour le néolibéralisme. Ça fait toujours ça.
Mais comment démêler cette lutte vertueuse?
Lucien a-t-il les mêmes objectifs que Françoise ?
Bien difficile de répondre catégoriquement à cette question simple (simpliste).
Le pape aussi est pour la laïcité "ouverte", positive.
On constate que les "néolibéraux", comme Lucien, comme Sarkozy, comme Harper et sûrement comme Bush s'il était toujours en poste, sont pour la tolérance et l'ouverture. Bref, l'ingérence religieuse ne les dérange pas trop. Je crois qu'ils sont bien conscients que la religion est un outil très utile pour manipuler les masses.
Mais, que dis-je ? Une affirmation gratuite qui ne repose sur rien ? La religion un outil de manipulation ? Voyons!
Monsieur Marc Lalvée, Doctorant en Sciences de l'Information et de la Communication
CERSATES (Centre d'Études et de Recherches sur les Savoirs, les Arts et les Techniques, les Économies et les Sociétés) à Lille fait le constat suivant:
« Il existe aux USA une forte tradition de la place de la religion dans les médias et depuis le 11 septembre 2001, l'élément religieux a pris une place encore plus importante dans le discours politique. [1] … certains responsables religieux, dont notamment le pape, considèrent du ressort de leur fonction d'intervenir publiquement au sujet des différentes situations de crises internationales, notamment en ce qui concerne les situations conflictuelles au Proche-Orient.
On semble ainsi assister à la fois à une montée de l'irrationnel et à un retour du religieux... L'irruption de discours ésotériques et religieux dans les médias internationaux semble augmenter en fréquence et en intensité. »
Pourquoi ?
Est-ce à cause de cette perte de sens des valeurs fondamentales, à cause de ce monde "virtuel" dans lequel nous baignent les médias ? Un monde où guerre signifie paix, où mensonge signifie vérité, où démocratie signifie occupation, où liberté signifie contrôle, où droits humains signifie exploitation ?
Ou est-ce parce qu'on connaît la force de la manipulation par la foi religieuse ?
Peu importe, le religieux est de plus en plus présent.
La fameuse guerre au terrorisme est dirigée "officiellement" vers des religieux de l'intégrisme islamique. Les attentats du 11 septembre 2001 ont été faits, dit-on, par des extrémistes islamiques.
L'islam est mis au ban. Les musulmans sont outrageusement stigmatisés. C'est un fait.
Il n'en faut pas plus pour que la vertu vienne à leur secours. C'est la motivation (je présume) de Françoise David. Mme David veut endiguer cette injuste stigmatisation de ces femmes portant le voile. Sur cet unique aspect, on ne peut que partager son combat.
Mais, il y a plus. Le djihad islamique existe. Il y a aussi de l'intégrisme islamique. L'assassinat de Theo Van Gogh [2] en témoigne. Doit-on passer sous silence ces dérives extrêmes bien réelles? Doit-on fermer les yeux sur la persécution des femmes par des intégristes islamiques?
Paris, le 10 janvier 2010
Qui donc a aspergé Rayhana ? [3]
Jacques Languirand dans son émission du 5 octobre 1998 disait:
« Chez les Talibans, la femme ne mérite même pas de nom. " Le visage d’une femme est source de corruption pour les hommes étrangers à la famille " : c’est l’un des credo intégristes. En somme, la femme est voilée à cause du désir qu’elle pourrait provoquer. Elle n’a pas la moindre existence propre, selon eux.
L’écrivain Latifa Ben Mansour évoque les enlèvements de femmes pratiqués en Algérie par les intégristes : " Le premier geste qu’ils font c’est de leur arracher leurs vêtements, de leur retirer leur prénom et leur donner des noms de choses, comme table, godasse ou torchon puant. Pour eux, il y a trois types de femmes. La catin qui accepte de côtoyer les hommes au travail ou à l’université, et est donc une prostituée potentielle; la sorcière qui exerce le métier de voyante et se rend ainsi coupable de polythéisme; et la sainte, silencieuse, obéissante, voilée, calfeutrée, dans son domicile ou à la mosquée. Sa mission est de procréer, de préférence des garçons qui sont embrigadés au plus vite et donneront leur vie pour Allah. "
… un extrait d’une lettre ouverte intégriste adressée au président de la République algérienne : " La femme doit s’affranchir de " l’emprise des coutumes anté-islamistes (antérieures) ainsi que du complexe de mimétisme à l’égard de la femme occidentale. Elle ne produit pas de choses matérielles, mais cette chose essentielle qu’est le musulman ", martèle Ali Ben Hadj, le numéro deux du FIS. "
Tout de même incroyable des idées comme celles-là!
" À Alger, étudiantes et lycéennes sont parfois vitriolées en pleine rue. En Afghanistan, dans les régions contrôlées par les talibans, les femmes n’ont plus le droit de travailler, les écoles de filles et les hammams ont été fermés. L’accès aux soins leur est quasiment impossible, et les veuves n’ont d’autre choix que mendier pour survivre. Chez elle, une femme ne doit pas être visible, et les Talibans ont même exigé que les fenêtres des rez-de-chaussée donnant sur la rue soient masquées. […] »
Monsieur Languirand faisait-il la promotion de la haine xénophobe, islamophobe ?
Décrire certaines réalités, est-ce promouvoir la haine ?
Le crime d'honneur, mythe ou réalité ?
Des témoignages de victimes expliquent que des femmes peuvent être tuées ou mutilées pour ne pas avoir obéi à leur mari, à leur père ou à leur belle-mère.
On dit aussi que les crimes d'honneur sont « une pratique consacrée par la culture plutôt que par la religion ».
C'est rassurant. Ce n'est pas vraiment relié à la religion, c'est simplement la «culture» de certains endroits. Ça nous incite à nous «ouvrir» à l'interculturalisme.
Les statistiques montrent que la majorité de ces crimes ont lieu dans les pays musulmans, mais Amnistie internationale insiste sur le fait que « l'islam ne préconise pas la peine de mort pour "inconduite" liée à l'honneur ». [4]
Le 24 juillet 2009, on disait que selon l'ONU, environ 5000 femmes sont victimes de crimes d'honneur chaque année. Plusieurs organisations de défense des droits de la personne estiment que le chiffre de l'ONU est en deçà de la réalité.
Chez nous à Kingston en juillet 2009, «Le père, la mère et le frère accusés de meurtre prémédité»
Ce crime est-il un phénomène culturel de Dubaï ? Rien de religieux ?
Un autre phénomène culturel publié le 8 février dernier
Un père enterre sa fille vivante parce qu'elle parlait aux hommes.
« Enterrée vivante en Turquie : le père et le grand-père risquent la prison à vie »
La situation de la femme à travers le monde est peu reluisante. Dans les journaux, on prend soin de toujours spécifier que les crimes d'honneur ne sont pas vraiment "religieux" mais plutôt culturels. Reste à savoir si la religion influence la "culture". Moi, j'ai souvent l'impression que oui.
Donc ici et dans la plupart des pays occidentaux, des groupes comme la FFQ, Lucien Bouchard, Bouchard-Taylor et QS se battent pour préserver la liberté des femmes. Il est donc hors de question d'interdire le port du voile pour celles qui auront la "permission" d'œuvrer dans la fonction publique.
Ces femmes n'ont pas la permission d'enlever leur voile, mais auront au moins la permission de le porter partout, comme le drapeau de leur religion.
La religion s'ingère donc en douce dans les affaires de l'État, ne serait-ce que par l'image (au début).
Les juifs hassidiques ont réussi à faire modifier la loi du calendrier scolaire pour se faire "accommoder". Encore de l'ingérence religieuse. [5]
Et nos évêques catholiques travaillent à remettre en douce le cours de religion dans nos écoles. Les valeurs citoyennes semblent pour eux trop ridicules par rapport aux valeurs divines.
On s'y perd.
Droits des femmes.
Droit de croyance.
Fonction publique.
Sphère publique.
Séparation du religieux et de l'État.
Égalité des femmes et des hommes.
Lutte contre le sexisme.
Lobby religieux de toutes confessions
Procès de l'islam.
Dérive de l'islam.
Instrumentalisation de l'islam.
Guerre au terrorisme
Dénigrement de la théocratie islamique d'Iran.
Utilisation des talibans.
Croisade islamique mondiale.
Nationalisme fermé.
Racisme
Xénophobie
Vertu.
Clivage gauche – droite inopérant
Alliances surprenantes.
Traitement médiatique inhabituel et ambivalent.
Manipulation de tous ces ingrédients à des fins politiques.
Ouf !
Comment s'y retrouver ?
Chose sûre, le religieux s'infiltre dans le politique.
Chose sûre, les religions sont un outil de manipulation des masses efficace.
Chose sûre, avec la foi on peut déplacer des montagnes, faire la guerre et faire de l'argent.
Et la laïcité dans tout ça ?
Et l'égalité Femme – Hommes dans tout ça ?
Doit-on suivre Françoise David et permettre le voile dans la fonction publique pour éviter que ces femmes stigmatisées par leur voile le soient encore davantage? Comme dit Mme David pour éviter de mettre un autre voile sur le voile ?
Doit-on interdire les signes religieux de toutes sortes (kippa, kirpan, turban, etc. voile et crucifix, bien sûr) pour les agents et agentes de l'État au service des citoyens-nes ?
( Tout en garantissant, bien sûr, les libertés individuelles dans la sphère publique. On ne parle pas ici d'interdire le port du voile et même de la burqa dans les rues et dans les endroits publics. On parle uniquement d'interdire le port des signes religieux pour les agents et agentes de l'État au service des citoyens-nes. C'est l'État qui est laïc pas les individus. Un individu au service de l'État représente l'État donc il ou elle doit être conforme à l'image laïque de l'État. )
Doit-on accommoder les religions et permettre que celles-ci demandent des modifications de loi pour faciliter leur pratique religieuse ?
Devrait-on créer un ministère du religieux regroupant imans, évêques et rabbins pour orienter les politiques religieuses de l'État ?
Doit-on favoriser le communautarisme, c'est-à-dire les enclaves juives, musulmanes, catholiques, mormones, indous, bouddhistes, scientologiques, raëliennes et même athée ?
Doit-on laisser tomber cette égalité femme – homme pour éviter de mettre dans l'embarras par des lois certaines cultures ?
Devrait-on permettre les piscines sexistes ainsi que des lieux spécifiques pour les hommes ou les femmes ?
Devrait-on favoriser des parcs municipaux spécifiques pour certaines cultures qui voient d'un mauvais œil que leurs enfants fréquentent les Québécois de souche ou d'autres cultures hostiles à la leur ?
Pour qui allons-nous voter ?
Pour le PQ radical ?
Ou pour Québec Solidaire qui défend la femme voilée ?
Ne me dites pas qu'on va encore voter pour Charest !
Je crois que nous devons demander conseil à Lucien.
Serge Charbonneau
Québec
P.S.: Je vous invite à visiter les liens que je vous offre. Ils sont dans bien des cas, bien plus éloquents que mes mots maladroits.
[1] Médiamorphoses américaines dans un espace privé unique au monde, Divina Frau-Meigs
http://www.decitre.fr/livres/Mediamorphoses-americaines-dans-un-espace-prive-unique-au-monde.aspx/9782717843392
Mokhtar Ben Barka est cité dans le livre Médiamorphoses
Professeur, Histoire et civilisation américaines
mokhtar.benbarka jqr univ-valenciennes.fr
http://www.univ-valenciennes.fr/CALHISTE/_regards/fiches/Ben_Barka.pdf
[2] Theo Van Gogh
http://fr.wikipedia.org/wiki/Theo_van_Gogh_(r%C3%A9alisateur)
Le Devoir: « Les Pays-Bas sont choqués par l'assassinat du cinéaste Theo Van Gogh »
http://www.ledevoir.com/culture/cinema/67604/les-pays-bas-sont-choques-par-l-assassinat-du-cineaste-theo-van-gogh
« L’assassinat de Theo Van Gogh, un crime d’État ? »
http://www.voltairenet.org/article15466.html
[3] http://www.humanite.fr/Rayhana-aspergee-d-essence
« 500 personnes soutiennent la comédienne Rayhana, agressée à Paris »
http://www.lepost.fr/article/2010/01/16/1891005_500-personnes-soutiennent-la-comedienne-rayhana.html
Le Monde: «L'auteure et comédienne Rayhana agressée à Paris»
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/14/l-auteure-et-comedienne-rayhana-agressee-a-paris_1291857_3224.html
« Cette comédienne algérienne aspergée d'essence à Paris »
http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2010-01-15/fait-divers-cette-comedienne-algerienne-aspergee-d-essence-a-paris/920/0/413859;jsessionid=62009A5098D29A0C92E58B57F7867210
[4] Radio-Canada: Le crime d'honneur en question
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2009/07/24/001-crime-dhonneur.shtml
[5] la ministre Courchesne veut modifier le calendrier scolaire pour rendre conformes les écoles juives illégales. http://www.communiques.gouv.qc.ca/gouvqc/communiques/GPQF/Fevrier2010/10/c8589.html?slang=en
L'ingérence religieuse
Comment s'y perdre ! (avec l'aide de Lucien Bouchard)
Tribune libre
Serge Charbonneau214 articles
Artisan de l’information depuis 1978. Voyageur reporter retraité pour raisons de santé et financière.
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7 commentaires
Archives de Vigile Répondre
22 février 2010«Le pape aussi est pour la laïcité "ouverte", positive.»
La laïcité est juste un mot pour le Vatican. La laïcité c'est avant tout la séparation de l'église et de l'Etat. Or les religieux sont toujours vus à côtés des hommes politiques. Et le Vatican qui n'est même pas considéré comme un Etat membre par l'ONU a droit de vote en tant qu'observateur. Si ce n'est pas de l'ingérence du religieux sur le politique, qu'est-ce donc?
Gilles Bousquet Répondre
18 février 2010M. Montmarquette est contre le port de costumes religieux en public et son parti, Québec solidaire est pour mais il ne parle pas de changer son chef comme ils le font au PQ, tout le temps. Problème cornélien s'il en est un pour un militant. Pas facile la politique, que c'est donc choquant !
Christian Montmarquette Répondre
18 février 2010Signes religieux dans la fonction publique :
Une requête minimum...
La demande d'interdiction du port de signes religieux dans la fonction publique constitue aussi un test de la volonté véritable de laïcité de l'État, par une demande minimale de la société qui l'exige actuellement à plus de 75% selon les derniers sondages.
Si la société n'est pas capable d'obtenir ça !
Je comprends que la vapeur commence à monter...
Et si les religieux sont prêts à refuser un emploi à cause de ça, il y a aussi se poser des questions sur l'intégrisme de leur pratique et leur capacité à s'intégrer à la société.
Nous pourrions en parler durant des heures...
Mais, il faudra bien un jour en décider..
Personne n'affirme détenir la vérité absolue.
Mais, cela ne veut pas dire que nous ne pouvons faire de choix.
Le mien est fait :
Je suis «contre» le port de signes religieux dans la fonction publique du Québec.
- Et vous ?
Christian Montmarquette
.
Archives de Vigile Répondre
18 février 2010Je suis croyant et je partage cette idée de l’auteur que les pouvoirs religieux et politiques font bon ménage dans notre Occident, dit chrétien. Pour ne parler que de mon « clocher » je dirai que l’alliance entre le Vatican et les puissances occidentales néolibérales a atteint un sommet qui s’est visuellement traduit avec la célébration de l’anniversaire de Benoît XVI à la Maison blanche. Déjà avec Jean-Paul II, Reagan a pu mener sa guerre des contras au Nicaragua avec le soutien inconditionnel du Vatican. Les théologiens de la libération ont été tassés ou simplement éliminés comme ce fut le cas avec les 7 jésuites de l’Université de San Salvador. L’assassinat de Mrg Romero ne l’avait pas ému plus qu’il ne fallait. D’ailleurs ce n’est pas pour rien que Bush l’a honoré, peu de temps avant sa mort, en lui remettant la médaille de la liberté.
Il n’y a donc pas de doute que cette utilisation des pouvoirs religieux à des fins politiques se fait à travers d’échanges de bons procédés. Je voudrais toutefois compléter une affirmation de l’auteur qui dit : « Chose sûre, le religieux s’infiltre dans le politique. Chose sûre, les religions sont un outil de manipulation des masses efficace. Chose sûre, avec la foi on peut déplacer des montagnes, faire la guerre et faire de l’argent. » J’ajouterais, mais dans un tout autre sens, qu’avec la foi on peut redonner dignité et respect aux pauvres, aux exploités, aux laissés pour compte des systèmes de domination et d’exploitation. J’ai parlé plus haut de ceux qui sont morts non pas pour sauver leurs églises, mais pour défendre les droits de ceux qui étaient bafoués. Dans un article écrit il y a quelque temps, j’ai voulu faire ressortir ces deux visages d’une Église profondément divisée et antagonique lorsque l’on parle de justice et de vérité.Je tiens à rappeler cette présence d'une Église, moins préoccupée d'elle-même que de la condition de vie des humains et de leur solidarité dans la conquête du respect et de la justice.
Colette Provost Répondre
18 février 2010Tous les dirigeants religieux prétendent détenir leur autorité d'un être immatériel et invisible. De cette autorité, invérifiable par nature, ils tirent la leur pour agir dans la sphère publique.
Ne nous étonnons donc pas que les religions se mêlent de politique. Si elles veulent prospérer, elles doivent s'engager sur les chemins du pouvoir. Voilà pourquoi elles présentent un danger pour l'état de droit, qui doit se baser sur le concret et le vérifiable et non sur des divinités subjectives.
Archives de Vigile Répondre
18 février 2010Tenant compte des droits et libertés, le "discernement" est une des tâches les plus difficiles pour le "législateur", puisqu'il doit tenir compte du fait religieux dans la société et en même temps doit protéger les citoyens des dérives sectaires et intégristes. Voilà deux "devoirs citoyens" difficiles à concilier. Heureusement que les mentalités évoluent, au Québec!
Archives de Vigile Répondre
18 février 2010Il faut toujours faire une distinction quand on parle de la religion et de la démocratie. L'expérience québécoise depuis 1960, sous l'influence d'intellectuels puisant leurs références dans la culture française issue de la Révolution, a permis d'élaborer une thèse largement acceptée à l'effet que les deux seraient plus ou moins sournoisement incompatibles. L'expérience américaine est tout à fait différente et cela remonte aux origines même de la colonisation anglaise, quand les dissidents du Royaume-Uni venaient fonder des communautés pour échapper aux luttes religieuses et à l'oppression étatique dans la mère-patrie. La religiosité publique états-unienne date de bien plus longtemps que George Bush, Ronald Reagan ou les preachers fondamentalistes des années 70. Il faut relire Tocqueville (La Démocratie en Amérique) pour saisir à quel point le paradigme est différent de nos lieux communs à nous; c'est encore vrai aujourd'hui.