Abattage casher et halal

L'incohérence de la loi canadienne sur l'abattage des animaux

Autoriser la souffrance animale au nom de croyances archaïques est inadmissible

Casher & Halal - arnaque ?


Le député péquiste de Kamouraska-Témiscouata, André Simard, mérite des félicitations pour avoir eu le courage de porter sur la scène publique la question de l'abatage rituel des animaux de consommation, même si sa sortie publique fut plutôt malhabile.
Les médias sont par contre loin de mériter des félicitations. Alors qu'on aurait pu s'attendre à ce qu'ils éclairent cet enjeu éthique en nous livrant toute l'information nécessaire sur le sujet, nous n'avons eu droit qu'a des «âneries», pour employer le mot d'Alain Dubuc, qu'à un «débat nauséabond», pour reprendre l'expression de Rima Elkouri, et qu'à des «informations tronquées», pour emprunter celle d'André Pratte. En effet. Et c'est sous leurs propres plumes que nous avons pu lire les pires âneries, arguments nauséabonds et propos tronqués.
En criant à la xénophobie, les trois journalistes de La Presse se sont passé le mot pour profiter de la circonstance et associer le Parti Québécois à l'extrême droite française: puisque Marine Le Pen est contre l'abattage rituel, l'idée de minimiser les souffrances inutiles d'un animal au moment de l'abattage est donc une idéologie de droite. Comme démagogie ou manque de jugement, difficile de faire mieux.
Ils ont entre autres omis de nous dire que la Commission européenne considère que l'abattage rituel impose des souffrances inutiles à l'animal et recommande l'insensibilisation avant la mise à mort; ils ont omis de dire qu'une règlementation du Parlement européen prévoit un étiquetage mentionnant si l'animal a été abattu de façon rituelle; ils ont omis de nous dire que la Norvège, la Suisse, la Suède, l'Islande et la Nouvelle Zélande interdisent l'abattage rituel et n'accordent pas d'exemption religieuse; ils ont omis de nous dire qu'en Angleterre, pays des accommodements religieux par excellence, cette pratique est remise en question; ils ont omis de nous dire que partout dans le monde les organisations de protection des animaux dénoncent ce type d'abattage pour des raisons humanistes.
Une chose et son contraire
Ils ont surtout omis de poser la bonne question: pourquoi adopter des mesures pour minimiser la souffrance des animaux au moment de l'abattage si on peut en être exempté pour motifs religieux? Une telle exemption rend ces mesures complètement inutiles.
Le Canada a adopté sa Loi sur l'abattage sans cruauté dès 1959. Cette loi prévoyait qu'un animal ne devait pas être abattu avant d'avoir été rendu inconscient. Cette disposition fait maintenant partie de la Loi sur l'inspection des viandes mais, comme en 1959, la loi permet de déroger à l'insensibilisation si l'animal est «abattu selon un rite conforme aux lois judaïques ou islamiques». Dans ce cas, l'animal doit être mis à mort «par sectionnement rapide, complet et simultané des jugulaires et des carotides, de façon à ce qu'il perdre conscience immédiatement» (art. 77).
André Pratte se réfugie derrière ce dernier passage pour nous dire qu'il n'y a pas de problème. Mais si ce type d'abattage ne pose pas de problème, pourquoi a-t-on senti le besoin d'inscrire comme principe de base que l'animal doit être rendu inconscient avant d'être saigné? C'est parce que l'égorgement à vif est manifestement souffrant pour l'animal et que la prière n'est pas une bonne méthode d'anesthésie. Il suffit de faire deux clics de souris sur l'ordinateur pour le constater dans les innombrables documentaires qui nous montrent des animaux rituellement sacrifiés dans les abattoirs et qui agonisent pendant de longues minutes parce qu'on ne leur a pas tranché la tête.
Le fait que l'animal ait à subir d'autres souffrances liées à l'élevage intensif et au transport ne change évidemment rien au problème; une faute n'en excuse pas une autre.
Voici quelques unes des règles de l'abattage cachère et halal. L'animal doit être égorgé à la main à l'aide d'un couteau rituel; l'abatteur doit trancher d'un seul coup la trachée, l'oesophage, les carotides et les veines jugulaires mais sans aller jusqu'aux vertèbres puisque l'animal doit demeurer conscient pendant qu'il se vide de son sang (le sang étant considéré comme le véhicule de l'âme); si l'abatteur rate son coup, il ne peut se reprendre et la carcasse serra considérée comme non halal ou non cachère. L'animal est ensuite suspendu tête en bas pour faciliter l'écoulement du sang (et par le fait même de son contenu gastrique). Pour l'abattage halal, le tout doit se dérouler tête tournée vers La Mecque!
Que ceux qui s'offusquent de la remise en question de telles pratiques soient conséquents et aillent jusqu'au bout de leur logique: qu'ils réclament l'abolition des dispositions anticruauté inscrites dans la loi. C'est pour mettre fin à ce genre d'abattage cruel que les pays civilisés ont adopté des lois obligeant de rendre l'animal inconscient avant la saignée. Mais l'exemption pour raison religieuse nous ramène au point de départ. Les États qui permettent de tels accommodements refusent de jouer le rôle qui leur revient: ils abdiquent leurs responsabilités sociales devant des religions figées dans le passé et qui rejettent les valeurs éthiques modernes et humanistes.
Une dime cachée
Et il n'y a pas que la viande qui soit concernée par les certifications halal ou cachère. Certains reportages ont déjà soutenu que, dans les supermarchés nord américains, 75% des produits sont cachères. Cela va des céréales jusqu'aux boissons gazeuses en passant par les conserves et les cosmétiques.
Cette certification, parfois double ou triple, comporte un coût intégré aux prix de vente et assure à des organisations religieuses un contrôle sur le marché de la production alimentaire et sur celui de la consommation. L'impact et l'ampleur de ces éléments ne sont pas connus et demandent à être tirés au clair afin de savoir si les consommateurs versent, à leur insu, une dime à des organisations religieuses lorsqu'ils font leur marché.
André Simard a donc toutes les raisons du monde d'exiger que la lumière soit faite sur la certification religieuse des produits de consommation et on ne peut que le soutenir dans sa démarche.

Featured 03062fbacf348cd64329e16067b140ff

Daniel Baril46 articles

  • 47 649

Anthropologue de formation, ex-rédacteur à l’hebdomadaire Forum de l’Université de Montréal, administrateur au Mouvement laïque québécois et à l’Association humaniste du Québec.

Auteur de Aux sources de l’anthropomorphisme et de l’idée de Dieu et codirecteur des ouvrages collectifs Heureux sans Dieu et Pour une reconnaissance de la laïcité au Québec.





Laissez un commentaire



10 commentaires

  • Réjean Roy Répondre

    29 septembre 2014

    Oui...M. Cloutier...une excellente question...à Normand Lemire...vos soupçons ne sont pas la vérité...libre à vous de croire ce que l'on a pu dire à Villeneuve en direct...que croyez vous donc...parce qu'Olymel que je boycotte d'ailleurs, affirme qu'il en coûte $1000.00 annuellement, sommes ... qu'ils versent à ces organisations religieuses...est vraiment le montant exact..et que c'est véridique...d'où découle vos suppositions qu'il en coûte 1cent par vanne de poulet...Foutaise que tout cela...et en ce qui me concerne...Olymel ment sur cette question...ne serait-ce que pour préserver sa clientèle québécoise de souche...et de toute façon, je n'ai pas à payer pour pour ces ridicules rites religieux...

  • Archives de Vigile Répondre

    25 avril 2012

    « Cette certification … comporte un coût intégré aux prix de vente … [ dont ] l’impact et l’ampleur … ne sont pas connus et demandent à être tirés à être tirés au clair afin de savoir si les consommateurs versent, à leur insu, une dime à des organisations religieuses »
    Il y a un mois, je me demandais, et je vous demandais, un ordre de grandeur de cette « dîme invisible » au cas où son insignifiance serait significative dans le débat. Dans son commentaire du 23 mars, M. O citait Louise Mailloux qui citait MM Bouchard et Taylor, qui n’en savaient finalement pas plus.
    Après moult recherches infructueuses, voici que j’ai trouvé dans un reportage de Caroline Lacroix à « Dumont le midi » (faut ce qu’il faut… http://vtele.ca/videos/dumont-le-midi/est-ce-que-la-viande-halal-est-en-train-de-devenir-la-norme_41879.php ) des données de base permettant d’estimer la contribution du consommateur au bénéfice de la cause religieuse, et dont je vous fait part : des « milliers » de dollars (supposons 50K$) pour l’« halalisation » de 32 millions de poulets annuels de l’abattoir St-Damase d’Olymel,
    Ce qui nous amène à estimer la dite dîme à 0.0015$/poulet, c'est-à-dire environ un dixième de cent par poulet, CQFD et ce qui remet les choses en perspective.
    Merci de votre attention.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 avril 2012

    Pourquoi le Mouvement Laïque Québécois ne fait pas de sortie publique pour dénoncer ce phénomène de certification Cachère et Halal ?

  • Archives de Vigile Répondre

    27 mars 2012

    Il est absolument vrai que les commentateurs de La Presse que vous avez nommés ont fait preuve d'un amateurisme désolant qui n'a su camoufler leur engouement pour l'idéologie multiculturaliste canadienne, source d'un communautarisme débilitant contraire à l'idée même du vivre-ensemble. J'aurais souhaité cependant que vous fassiez mention du remarquable texte de Pierre Foglia intitulé "Les animaux" qui tournait en ridicule de belle façon les égarements de ses collègues et qui étalait au grand jour la vacuité de leurs propos.
    http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/pierre-foglia/201203/18/01-4506724-les-animaux.php

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    23 mars 2012

    "À la page 74 du rapport Bouchard-Taylor, concernant la nourriture certifiée casher, il est écrit que «les frais additionnels que doivent assumer les consommateurs sont très minimes et que les rabbins ne tirent pas profit de la certification». La commission a mandaté deux chercheurs pour nous dire cela."
    http://louisemailloux.wordpress.com/
    Madame Mailloux en a long à ajouter à ce mantra: "les frais additionnels que doivent assumer les consommateurs sont très minimes..."
    voilà l'euphémisme pour dire: Oui, les consommateurs paient des frais additionnels... Mais pour savoir combien, on risque de passer sous le grand couteau de l'Imam/Rabbin.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 mars 2012

    Seriez-vous en mesure M. Baril de nous informer sur l'ordre de grandeur du coût réel concret d'une redevance halal ou casher ??
    Depuis 2 semaines, beaucoup de monde se plaint et spécule sans jamais établir de chiffres, mais je soupçonne que ça coûte de l’ordre de 1 cenne la tonne de petits pois, ou $1 par « van » de poulet. À Maisonneuve en direct, on a parlé de $1000 par année pour l'abattoir des poulets Olymel.
    Ça serait donc possiblement moins cher qu’une redevance de code UPC, ou qu’un logo Équitable ou Bio.
    Vivement un ordre de grandeur de ces redevances religieuses avant de contribuer à une inutile tempête dans un verre d’eau bénite.
    Merci de votre attention.

  • Francis Déry Répondre

    23 mars 2012

    Me Pierre Dupuis, le marché de la viande est nord-américain.
    Il y a des importations d'Australie et de Nouvelle-Zélande, principalement de l'agneau congelé.
    Auparavant, on en recevait de l'Uruguay et du Brésil.
    Mais je crois que les importations sud-américaines sont bloqués pour une question de salubrité.
    Les grands conglomérats de distributions décident si la viande doit rencontrer la certification de haKasherut ou son pendant hallal. Comme c'est transfrontalier, Québec ne peut vraiment dicter quoique ce soit.
    Et nos producteurs d'ici veulent vendre à ces conglomérats.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 mars 2012

    Vidéo incroyable et renversante.
    http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=wVMx93zi45o#!
    Conférence sur le vrai visage de l'Islam
    http://www.youtube.com/watch?v=L6ooadO91rY&feature=related

  • Martin Perron Répondre

    23 mars 2012

    Tout à fait d'accord mais je me demande comment faire pour se libérer de la taxe cachère? Pour l'abattage rituel, une recherche rapide sur Google suffit à prouver que l'égorgement sans étourdissement préalable est une barbarie, un acte de cruauté envers les animaux:
    « En raison des graves problèmes de bien-être animal liés à l’abattage sans étourdissement, un étourdissement doit toujours être réalisé avant l’égorgement ».
    Avis du Groupe scientifique sur la santé et le bien-être des animaux, émis à la demande de la Commission concernant les aspects de bien-être des principaux systèmes d’étourdissement et de mise à mort appliqués aux espèces commercialisées. The EFSA Journal (2004), 45, 1-29, adopté le 15 juin 2004.
    « Du point de vue de la protection des animaux et par respect pour l’animal en tant qu’être sensible, la pratique consistant à abattre les animaux sans étourdissement préalable est inacceptable, quelles que soient les circonstances ».
    Fédération des Vétérinaires d’Europe, Avis 02/104, 2006.
    Une recherche historique des premières législations concernant le problème de l'abattage rituel révèle que la position religieuse juive a toujours été la même. Elle consiste à affirmer que des études scientifiques prouvent que l'abattage rituel ne cause aucune souffrance à l'animal.
    Ces gens mentent, c'est évident.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 mars 2012

    Une seule question, monsieur Baril. Comment se fait-il que la nation québécoise, le peuple québécois n'est pas capable de décider par lui-même par une loi québécoise comment se fera l'abattage? A-t-on besoin d'un gouvernement étranger pour nous le dire?
    Si le gouvernement du Québec avait le moindrement des couilles, il se réserverait le droit, comme le propose Option nationale de modifier toute loi fédérale qui n'est pas conforme à nos us et coutumes. Point final.
    Pierre Cloutier