DÉMOGRAPHIE

L'impact de l'immigration sur l’ethnie canadienne-française au Québec

Les Canadiens français minoritaires en 2050

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L'étude qui annonce que les Canadiens français seront minoritaires en 2050 traduite en français

 Résumé


Ces travaux avaient pour but d'étudier l'impact de l'immigration sur le poids démographique (PD) des groupes ethniques locaux en présentant une étude de cas. Dans cette étude, l’ethnie canadienne-française (ECF), un groupe ethnique qui constitue la majorité de la province de Québec, a été étudiée pour évaluer l'impact de l'immigration sur son PD. Il fut constaté que l’ECF est passé d'un PD de 79 % en 1971 à un PD de 64,5 % en 2014 ; les projections prévoient que l’ECF chutera vers un PD de 45% en 2050. De plus, 45 scénarios de taux d'immigration et d'indices synthétiques de fécondité ont été projetés. Il fut constaté que les seuils migratoires et les indices de fécondité peuvent être classés conjointement en trois catégories liées à leur effet sur la diminution ethnodémographique; l'une de ces catégories permet de suggérer une définition quantitative du concept d'immigration de masse.


Mots-clés: Immigration, Démographie, Nationalisme québécois, Canadien français, Immigration de masse


Introduction


Selon l'Encyclopédie de la Mondialisation de Wiley-Blackwell, la migration de masse « diffère de la migration individuelle par le grand nombre de personnes impliquées » [traduction libre]. Trois grandes périodes de migration de masse peuvent être identifiées : la première période où la migration européenne vers le Nouveau Monde a suivi la découverte des Amériques par Christophe Colomb, la seconde liée à la révolution industrielle où s'est produite une nouvelle vague de migration européenne vers les Amériques et la dernière période de migration de l'ère post-1965, caractérisée par l'immigration des pays moins industrialisés vers les pays plus industrialisés (Pok 2012).


L'ère actuelle de migrations massives des pays du tiers-monde vers les pays développés est un sujet intéressant pour les démographes – c’est un sujet politiquement brûlant. Peu de démographes se sont demandé quel serait l'impact à long terme de la période actuelle de migration de masse sur la composition ethnique des pays d'accueil. L'un d'eux, le professeur David Coleman de l'Université d'Oxford, a publié de nombreux ouvrages sur le sujet (Coleman et al. 2002, Coleman 2002, Coleman 2003, Coleman 2006a, Coleman 2006b, Coleman 2007, Coleman 2008, Coleman 2009, Coleman 2010). Ses recherches portent sur les pays d'Europe de l’Ouest et mettent un accent particulier sur le Royaume-Uni. Coleman a déclaré que « la plupart des discussions universitaires sur l’immigration se concentrent sur ses effets sur l'économie, la main-d'œuvre et les ‘relations raciales’ ». Moins d'attention est accordée aux effets sur la population totale : sa taille, sa structure et sa composition ethnique ou nationale » [traduction libre] (Coleman 2003). Dans sa revue de littérature, il souligne le fait que 15 à 30 % de la population des pays d'Europe de l’Ouestsera représentée par des immigrés de première et de deuxième générations(Coleman Gaudreault (2021) 2 2008) d'ici le milieu du 21e siècle. Ses projections prévoient que la population britannique blanche tombera à moins de 56 % de la population du Royaume-Uni en 2056 (Coleman 2010). En France, la démographe Michèle Tribalat a estimé, pour l'année 1999, que 24 % de la population française âgée de 1 à 60 ans étaient des immigrants de première, de deuxième ou de troisième génération (Tribalat 2004). Selon l'auteure, ce serait le taux le plus élevé d'Europe. En 2015, Tribalat a mis à jour son analyse avec le recensement français de 2011 où la définition française du terme « origine étrangère » a changé, ce qui a donné des résultats plus faciles à comparer avec d'autres pays européens. Elle a estimé pour l'année 2011 que les immigrants de première et de deuxième générations représentaient 19,2 % de la population totale de la France tandis que les première, deuxième et troisième générations représentaient 30 % du total. L'auteure a également souligné que la définition de « l'origine étrangère » a un impact important sur les résultats ; par exemple, la population d'origine étrangère de la Norvège en 2011 serait de 12,2 % selon la définition du Danemark alors qu'elle serait de 17,2 % selon la définition des Pays-Bas. En utilisant les instituts nationaux de statistiques, Tribalat a calculé la part des immigrés de première et deuxième générations de la population de la Suède, de la France, de l'Autriche, des Pays-Bas, de la Norvège, du Danemark, de l'Allemagne, de la Grande-Bretagne, de l'Angleterre et de la Belgique en 2011, et a obtenu, respectivement, 26,0%, 19,2 %, 18,7 %, 21,1 %, 17,2 %, 10,1 %, 18,5, 19,5 %, 20,2 % et 24,2 % pour ces pays (Tribalat 2015). Une autre étude a conclu que les personnes ayant migré en Europe après 2004 et leurs descendants représenteront plus de la moitié de la population en âge de procréer d'ici 2054 dans certains pays européens (Ediev et al. 2014). Aux États-Unis, le Pew Research Center a compilé les données du recensement décennal américain de 1960, 1985, 2001 et 2017 et a conclu que pour la génération des baby-boomers, lorsque ceux-ci étaient âgés de 21 à 36 ans, les Blancs formaient 75 % de la population. Dans le cas de la génération des millénariaux, par rapport au même âge, 56% étaient Blancs, ce qui met en évidence le fait que la migration de masse, principalement en provenance du Mexique, modifie la composition ethnique de la population américaine (Pew Research Center, 2018). Smith et Edmontson ont montré que les Blancs non-hispaniques représentaient 83 % de la population américaine en 1970; leurs projections prévoyaient que ce groupe tomberait à 51 % en 2050 (Smith et Edmontson 1997).


Le Canada, une confédération de provinces créée en 1867, tire ses origines de la colonisation des rives du fleuve Saint-Laurent par des colons français entre 1608 et 1760. Puis, après la conquête britannique, des immigrants des îles britanniques s'installèrent dans la colonie. L'immigration au Canada provenait presque exclusivement d'Europe jusqu'aux années 1960, décennie où les restrictions à l'immigration basées sur le pays d'origine ont été levées. En 1970, la plupart des immigrants récents n'étaient plus d’origine européenne; en 1971, le Canada a proclamé le multiculturalisme comme politique d'intégration (Reitz 2012, Statistique Canada 2016). Le Canada étant l'un des pays accueillant le plus d'immigrants par habitant (Chagnon 2013), il devrait connaître un changement marqué de sa composition ethnique au cours du 21e siècle. Selon les projections officielles, d'ici 2036, entre 44,2 et 49,7 % des Canadiens seront des immigrants de première ou de deuxième génération, et entre 82,2 % et 84,6 % de ces immigrés de première ou de deuxième génération seront d'origine non-européenne (Morency et al. 2017). Si la composition ethnique du monde développé doit changer de manière importante au cours du siècle actuel, alors, grâce à son niveau élevé d’immigration, le Canada sera l'un des premiers pays où cela se produira. Ainsi, le Canada peut être considéré comme un laboratoire vivant pour étudier l'impact de la migration de masse sur la composition ethnique d'un pays. Gaudreault (2021) 3


Au Canada, les Canadiens français sont une minorité ethnique qui lutte depuis longtemps pour préserver leur identité culturelle et leur langue. Par exemple, après la rébellion de 1837-1838, la Couronne britannique a envoyé Lord Durham pour enquêter sur les causes de la rébellion. Une des recommandations de Durham que l’on retrouve dansson rapport « Report on the Affairs of British North America » (Lambton 1839) était d'assimiler les Canadiens français à la culture britannique en augmentant l'immigration de la Grande-Bretagne au Canada. Bien que l'immigration britannique au Canada ait été élevée, l'indice synthétique de fécondité élevé des Canadiens français a empêché leur marginalisation démographique et leur assimilation subséquente. Les Canadiens français, dont les origines remontent à la colonisation de la Nouvelle-France (Vézina et al. 2005), ont maintenu un statut d’ethnie majoritaire dans la province de Québec depuis la conquête britannique. L'étude de l'évolution de la population d’ethnie canadiennefrançaise (ECF), qui fait face à une faible fécondité en même temps que ses assises québécoises font face à des taux d'immigration élevés, constitue un cas d'étude intéressant pour l'observation de l'impact de l’immigration de masse sur le poids démographique (PD) des groupes ethniques locaux. En perspective, en 2016, il y a eu 84 642 naissances au Québec comparativement à 52 205 immigrants nouvellement arrivés (Statistique Canada, 2019); ces deux chiffres à eux seuls devraient donner un aperçu d'un avenir prévisible. À noter que le terme « poids démographique » (PD) tel qu'il est utilisé ici décrit la part d'un groupe ethnique dans la population totale d'un territoire (dans ce cas, le Québec).


Ce phénomène pourrait avoir de multiples implications sociales dans la province de Québec, l'une d'entre elles étant le sujet brûlant de la politique linguistique. À mesure que le poids démographique des immigrants augmente dans la province, on peut se demander ce qu'il adviendra de la langue française au Québec. Le fait que la population du Québec d'environ 8 millions d’habitants soit francophone à environ 80% et entouré d'environ 350 millions d'anglophones situés dans d'autres provinces canadiennes et aux États-Unis est important. Ainsi, les immigrants entrant au Québec peuvent fort bien s'assimiler à la langue anglaise, particulièrement à Montréal, la métropole provinciale. La question linguistique est un thème central de la politique québécoise depuis que le parlement de la province a adopté des lois concernant l'usage de la langue française au travail, dans l'éducation et dans les espaces publics (Woolfson 1983, Hamers et Hummel 1994, Termote 2015, Bilodeau 2016, Kirker 2016, Bourhis et al. 2017). L'usage du français est fortement influencé par le PD de l'ECF (Maheu 1973), ainsi que l'assimilation des immigrants à la langue française (Ouellet 2011).


L'objectif principal de cette étude est d'évaluer l'impact de l'immigration sur le poids démographique (PD) de l’ethnie canadienne-française (ECF). Cet objectif principal comprend évidemment les questions suivantes. L’ECF converge-t-elle vers un statut minoritaire ? Si oui, pour quand et à quel rythme ? À ce jour, quelle portion de la population québécoise est représentée par l’ethnie canadienne-française (ECF)? Quel a été l'impact passé de l'immigration sur la représentativité de l’ECF ? Sur le plan quantitatif, comment définit-on l'immigration de masse ? Les réponses à ces questions auront de multiples implications sociales, dont la préservation de la langue française au Québec.


Quant à la part de l’ethnie canadienne-française (ECF) dans la province, aussi absurde que cela puisse paraître, elle n'a pas été quantifiée depuis cinquante ans. Les données de recensements récents ne peuvent pas être utilisées pour déterminer le poids démographique (PD) de l'ECF puisque les Canadiens français peuvent s'identifier comme Québécois, Français, Canadiens ou Canadiens français; d'autres groupes ethniques peuvent également s’identifier comme Québécois, Français ou Canadiens. De plus, les individus peuvent s’identifier à plus d’une catégorie ethnique (Statistique Canada 2006). Et l’approche linguistique ne peut pas non plus être utilisée pour déterminer indirectement le poids démographique de Gaudreault (2021) 4 l’ethnie canadienne-française puisque 48% de tous les immigrants ont adopté le français (Castonguay 1997), dont 40% pour les immigrants allophones de première génération (Castonguay 2002) et 61 % pour les immigrants allophones de deuxième génération (Bélanger et al. 2011). Les données les plus fiables datent du recensement de 1971 où la réponse à la question sur l'origine ethnique était basée sur des choix fermes plutôt que sur l'auto-identification tel qu’observé dans les recensements ultérieurs. Parallèlement, la démographie ethnique était encore courante dans les années 1970. Le démographe Robert Maheu a évoqué l'avenir des groupes linguistiques au Québec, soulignant le fait que l'héritage de la langue française était étroitement lié à la proportion de l’ethnie canadienne-française dans la population. Maheu a montré qu'en 1971, l’ethnie canadienne-française représentait 79,0 % de la population québécoise alors que 80,7 % des Québécois parlaient français (Maheu 1973). Cependant, peu de temps après, les démographes se sont tournés vers la démographie linguistique (Lachapelle et Henripin 1980, Duchesne 1980, Robitaille et al. 1992, Termote 2001, Paillé 2011).


Concernant le sort de la majorité ethnique canadienne-française dans la province, la réponse la plus pertinente fut obtenue en 1987 lorsque le démographe Jacques Henripin a projeté le poids démographique des descendants des Québécois de 1981 pour l'année 2081 (Henripin et Pelletier 1986, Henripin et Pelletier 1987). Henripin a conclu que si l'indice synthétique de fécondité des Québécois était maintenu à 1,6 et si l'immigration était utilisée pour empêcher le déclin de la population du Québec, 24 % des Québécois de 2081 descendraient des Québécois de 1981 tandis que le reste, 76 %, proviendrait de sources immigrantes. Henripin ne s'est pas concentré sur l'ethnie canadienne-française puisqu'il a pris l'ensemble de la population du Québec de 1981 (EFC et NCF) qu'il a comparée aux immigrants post-1981 pour examiner le poids relatif de chacun dans la population de 2081. La présente étude va au-delà de celle d'Henripin en étudiant l'impact passé de l'immigration sur le poids démographique de l’ethnie canadiennefrançaise de 1971 à 2014, ce qui était impossible à l'époque d'Henripin. De plus, cette étude porte strictement sur l'évolution démographique de l'ethnie canadienne-française, un sujet qui n'a pas été étudié depuis cinquante ans.


Méthode


Terminologie et hypothèses principales


Les Canadiens français, au sens ethnique, sont le sujet principal de cette étude. Ce sont les descendants des colons français arrivés entre 1608 et 1760. Il est entendu que les Canadiens français nés avant 1965 ont environ 5% de leurs origines provenant des Premières Nations, d'Irlande, de Grande-Bretagne et d'autres pays européens (Vézina et al. 2005). Le tableau 1 présente l’ascendance des Canadiens français nés entre 1945 et 1965 ; il s'agit d'un résumé des résultats de l’étude de Vézina de 2005.


Tableau 1.


Dans la présente étude, la définition de l'ethnie canadienne-française est basée sur la réponse au recensement de 1971 pour la question suivante: « À quel groupe ethnique ou culturel appartenait votre ancêtre paternel (ou vous-même) à son arrivée sur le continent ? » (Statistique Canada 1974a). À partir de cette question, une seule réponse pouvait être fournie parmi une liste de douze groupes ethniques : Îles britanniques, Français, Allemands, Italiens, Juifs, Pays-Bas, Polonais, Scandinaves, Ukrainiens, Asiatiques, Indiens et Esquimaux, Autre et Inconnu. Par conséquent, ceux qui ont répondu « origine française » au recensement de 1971 sont considérés Canadien français au sens ethnique. On notera que la définition d’ethnie canadienne-française, basée sur l'ancêtre paternel, conformément au recensement de 1971, n'est pas pertinente sur une base individuelle puisqu'on peut avoir une origine ethnique très mélangée avec très peu d'ancêtres canadiens-français tout en étant associé au groupe ethnique canadien-français. Cependant, sur une base de population, cette définition ouvre la porte à des projections démographiques ethniques tout en évitant de tracer la ligne entre qui est un Canadien français et qui ne l'est pas. En accord avec l'affirmation selon laquelle les Canadiens français sont les descendants des colons français arrivés avant 1760, les immigrants de France arrivés après 1971 ne seront pas ajoutés au groupe canadienfrançais. L'objectif est de souligner l'impact de l'immigration sur les ethnies locales où le phénomène s'applique aux Canadiens français. Il s'agit d'une étude de cas qui peut être généralisée et peut aider à comprendre un phénomène mondial.


Le terme « Québécois » sera défini comme l'habitant de la province canadienne de Québec et ne doit pas être confondu avec le terme « Canadien français » qui renvoie à l’ethnicité.


Le terme « immigré » est défini différemment dans différents pays (Tribalat 2015). Cette étude fait référence aux immigrants arrivés après 1971 et à leurs descendants, indépendamment de leur assimilation ou intégration, ou au fait que la plupart d'entre eux acquièrent la citoyenneté canadienne en quelques années. Dans d'autres études et dans de nombreux organismes statistiques officiels, le terme « immigrant » est souvent utilisé pour l'immigration de première génération et le terme « origine étrangère » est souvent utilisé pour les immigrants de première et de deuxième générations combinées. L'écart entre ces deux termes peut être vu dans le tableau 6 de l'étude Ediev et de ses coauteurs de 2014. L'écart entre les définitions d'un même terme est mis en évidence lorsque les mêmes données sont analysées avec différentes définitions – voir le tableau 9 de l'article de Michèle Tribalat de 2015.


Comprenant que les Canadiens français représentaient une partie de la population du Québec en 1971, le reste de la population de 1971 a été arbitrairement placé dans un groupe appelé les non-Canadiens français (NCF). Ce groupe se compose principalement de la communauté anglophone, des immigrants et de leurs descendants arrivés avant 1971, et des Premières nations.


Le terme « poids démographique » (PD) utilisé dans cette étude est simplement la représentativité démographique en pourcentage d'un groupe ethnique par rapport à la population totale. Si un groupe ethnique représente 20% de la population totale, alors son PD est de 20%.


Le terme « immigration de masse » ne sera pas défini à ce stade puisqu'une approche quantitative pour discriminer l'immigration de l'immigration de masse sera proposée dans les parties Résultats et Discussion. Gaudreault (2021) 6


Vue d’ensemble de la méthode


La population du Québec a été divisée en trois sous-populations : l’ethnie canadienne-française (ECF), les non-Canadiens français (NCF) et les immigrants arrivés après 1971 et leurs descendants (IED). Les changements démographiques pour l’ECF, les NCF et les IED vont être présentés dans la section des résultats. Aux fins de calcul cependant, quatre groupes seront utilisés : le groupe A, l'ECF ; le groupe B, les NCF ; le groupe C, les immigrants de première génération ; le groupe D, les générations ultérieures d'immigrants.


Les calculs pour la plage allant de 1971 à 2014 et les projections de 2014 à 2050 suivent un modèle de projection par cohortes et composantes telles que décrites par Bohnert et al (2015). Comme point de départ, les données démographiques du recensement de 1971 de Statistique Canada pour la province de Québec divisée par origine ethnique, par sexe et par groupe d'âge ont été utilisées. À l'aide d’une grille de population par groupe d’âge normalisé qui a été élaborée à partir du tableau CANSIM 051-0001 pour l'année 1971 (Statistique Canada 2015a), les populations par groupe d'âge du recensement ont été redistribuées en groupe d'âge d’un an. Selon les définitions précédentes, le PD des NCF est de 0 % en 1971. L'immigration de 1971 à 2014, par cohortes d'un an et par sexe, est extraite du tableau CANSIM 051-0011 (Statistique Canada 2015c). Ensuite, l'immigration prédite de 2014 à 2050 est entrée dans les calculs. Les projections sont programmées dans un script MATLAB où des calculs itératifs sont effectués sur des cohortes d'un an, divisées par sexe et par sous-groupe de population (sous-groupe A, B, C ou D tel que décrit précédemment). Les séquences générales d'itérations du modèle par cohortes et composantes telles que calculées sont les suivantes :


1. Les naissances masculines et féminines des années précédentes sont ajoutées à la cohorte d’un an de l'année en cours. Ceci est fait en multipliant chaque cohorte féminine de l'année précédente par le taux de fécondité selon l'âge (TFSA).


2. Pour chaque cohorte d’un an de l'année en cours, la population de la cohorte d’un an plus jeune de l’année passée est ajoutée.


3. La population de chaque cohorte est multipliée par taux de mortalité normalisé selon l'âge (TMNA) spécifique à chaque sexe.


4. Ensuite, pour chaque cohorte d'âges, les immigrants, divisés par sexe, sont ajoutés (applicable uniquement au sous-groupe de population C).


5. Enfin, chaque cohorte est multipliée par un facteur qui tient compte de l'émigration, de la migration interprovinciale et des émigrants de retour.


Les données acquises de Statistique Canada, de l'Institut de la Statistique du Québec et d'autres références sont compilées dans le fichier de données supplémentaires 1. Les données utilisées comme entrées pour le script MATLAB sont compilées dans le fichier de données supplémentaires 2. Gaudreault (2021) 7


Composantes du calcul de la croissance démographique


Calcul des naissances


Le nombre de naissances, pour chaque sous-population, est obtenu en multipliant les cohortes d’un an d’âge de sexe féminin par les taux de fécondité selon l'âge (TFSA). Le TFSA a été obtenu de l'agence statistique officielle du Québec pour les années 1971 à 2014 (Institut de la Statistique du Québec, 2015a), a été normalisé pour un indice synthétique de fécondité (ISF) de 1, puis a été ajusté de 1971 à 2014 annuellement en proportion l'indice synthétique de fécondité (ISF) associé aux personnes nées au Canada ou nées à l'extérieur du Canada.


Pour les groupes nés au Québec (groupes A, B et D), l’ISF pour la plage de 1971 à 2014 est obtenu de l’Institut de la Statistique du Québec (2015a). Il a déjà été démontré que l’ISF des immigrants de deuxième génération est similaire à la population locale (Street 2009). Pour les immigrants de première génération (groupe C), l’ISF de 1971 à 2000 est obtenu de l’Institut de la Statistique du Québec (2015b) et pour les années 2001 à 2014, la moyenne des années précédentes a été utilisée. Pour la projection de 2015 à 2050, l’ISF pour le groupe né au Canada (A, B et D) est fixé à 1,6, ce qui est une moyenne des années précédentes; pour le groupe né à l'extérieur du Canada (groupe C), un ISF de 2,0, une moyenne historiquement stable est utilisée. Ultérieurement, une analyse de sensibilité évaluera l'impact d'une surestimation ou d'une sous-estimation de ces hypothèses.


Calcul des décès


Le nombre de décès, pour chaque sous-population, par sexe, est obtenu en multipliant chaque cohorte d'âge par les taux de mortalité normalisés selon l'âge (TMNA) appropriés pour chaque sexe. Le TMNA, propre à chaque année, de 1971 à 2014 a été obtenu en comparant la table de population 051-0001 et la table de décès 051-0002 provenant de CANSIM (Statistique Canada 2015a; 2015b). Les quatre souspopulations ont utilisé les mêmes valeurs de TMNA. Suivant les tendances d'augmentation de l'espérance de vie, les valeurs de TMNA de 2014 à 2050 ont été estimées via la modélisation du TMNA par une courbe exponentielle de 1971 à 2014 et extrapolant à 2050 pour obtenir les valeurs estimées. Les variations futures du TMNA sont incertaines, car, par exemple, certains auteurs prédisent un déclin de l’espérance de vie (Olshansky 2005). Pour simplifier les calculs, on a supposé que tous les groupes de sous-population avaient la même espérance de vie; il est intéressant de noter qu'il est possible que les immigrants de première génération aient une espérance de vie plus élevée que la deuxième génération (Bourbeau 2002).


Effet des mariages mixtes


En lien avec la définition d’ethnie canadienne-française utilisée dans cette étude, l'origine ethnique est basée sur l'ascendance paternelle. Un homme du groupe ECF qui épouse une femme du groupe IED aura des enfants attribués au groupe ECF ; au contraire, une femme du groupe ECF épousant un homme du groupe IED donnera naissance à des enfants associés au groupe IED. Et ainsi, la lignée paternelle ECF n'est pas arrêtée par les mariages mixtes selon notre définition. Par conséquent, il n'est pas nécessaire de calculer l'effet des mariages mixtes. L'affirmation n’est valide que si l'on considère l'hypothèse que l'immigration est équilibrée entre les hommes et les femmes, ce qui est vrai. De 1971 à 2014, 50,5 % de tous les immigrants étaient des hommes. Gaudreault (2021) 8


Immigration



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