Réplique à "Embardées suicidaires" de Claude Morin

L'Halloween en septembre de Claude Morin

Le " père de l'étapisme " sort ses épouvantails

Pacte électoral - gauche et souverainiste

Claude Morin, qu’on surnomme " le père de l’étapisme ", est impitoyable à
l’égard des indépendantistes qui souhaitent un véhicule politique plus
engagé et décomplexé que le PQ actuel. Non seulement leur prête-t-il des
perceptions et intentions complètement caricaturales, mais en plus, il leur
accole tout un chapelet de qualificatifs et de travers qu’on réserve
habituellement à ses adversaires les plus détestés, et que même les
libéraux et autres partisans du statu quo canadian n’osent utiliser à
l’égard des indépendantistes avec aussi peu de retenue.

Voici ce que réussit à dire Morin, dans un récent texte, en quelques
paragraphes seulement, lorsqu’il parle de ceux qui n’adhèrent pas à la "
gouvernance souverainiste ", et de leurs desseins présumés : "
fondamentalistes ", " apôtres de la table rase ", " détruire le Parti
Québécois ", " plans improvisés, inapplicables ( ... ) contradictoires ", "
nouveau parti, carrément radical et intempestif (...) qui (...) ferait du
PQ sa principale cible ", branle-bas (...) terriblement périlleux " , "
blesser mortellement le PQ " , " manque consternant de perspective ", "
radicalisation du PQ ", " rupture Québec-Canada expéditive ", " nouveau
parti intransigeant " , " échec fracassant ", " aveuglement volontaire ", "
crispation idéologique ", " jusqu’au-boutistes véhéments ", " absurde
monument patriotique ", " disparition ( du ) PQ ", " faillite ", " plans
absolutistes ", " embardées suicidaires ".

Rien que ça. Mes excuses à M.Morin si j’ai escamoté une ou deux calamités
au passage.

Quoi qu’il en soit, comme dirait l’autre, trop, c’est comme pas assez.

Bien sûr, Claude Morin ne représente que lui-même. Il n’est pas interdit,
cependant, de constater à quel point son discours, sur le fond, concorde
avec les orientations et la parole péquistes d'aujourd'hui, ainsi qu’avec,
plus largement, celles de bon nombre de gens qui se disent aujourd’hui
souverainistes sans être nécessairement actifs au Parti Québécois.

Ce pont entre Morin et les générations politiques actuelles n’est qu’un
indice parmi d’autres — indice fort éloquent, toutefois — de ce que cette
pensée dite " étapiste ", qui consiste à vouloir fédérer le vote
indépendantiste tout en soutenant qu’il ne faut pas mettre l’indépendance
de l’avant, fait intrinsèquement partie de la culture péquiste depuis fort
longtemps, et y occupe une place plus que considérable.

À l’heure actuelle, cette persistante logique tordue règne sans partage sur
le PQ, et il se trouve qu’elle est en train d’emporter ce parti, alors
qu’elle atteint une sorte d’aboutissement dans le retour remarqué de
François Legault, lui qui triomphe précisément dans une proposition
d’étapisme extrême, plus franche et simple que celle de son ancien parti.
Cette modification majeure du paysage politique date de bien avant le
départ de quelques députés, et l’évocation de leurs plans, méchants
méchants et complètement débiles, comme nous en informe subtilement
M.Morin.

En amenuisant le potentiel indépendantiste de leur souverainisme, les gens
du PQ font descendre les enchères, ils baissent la barre, ils déplacent le
spectre de l’opinion, ainsi que la posture moyenne sur l’échiquier
politique québécois, vers le statu quo. Ce faisant, en plus de nuire à
l’option indépendantiste, ils signent l’acte de leur propre obsolescence.
En outre, ils permettent à Legault d’avoir l’air " raisonnable ", plutôt
que bêtement assis entre deux chaises comme Dumont avant lui.

De cette situation, les défections de Beaudoin, Aussant, Curzi ou Lapointe,
ne sont pas la cause, mais plutôt la conséquence. Il en va de même pour la
vaste désaffection des indépendantistes à l’égard du PQ.

Mais les péquistes, préférant voir des adversaires partout, refusent
systématiquement cette lecture des choses, malheureusement pour eux, et
peut-être pour l’indépendance si nous ne nous ouvrons pas un nouveau chemin
dans les meilleurs délais.

Le postulat péquiste, et moriniste, est aussi simple que grossier : Tout le
monde se trompe. Les Québécois ne sont pas assez indépendantistes, pendant
que les indépendantistes, eux, le sont trop. Il n’y a que le PQ qui a
raison.

Si elle perdure, cette attitude sectaire finira par anéantir le parti de
René Lévesque, ou à tout le moins, le confinera à la marge.

Pendant ce temps, Legault assume ses convictions : Il abandonne. Les
indépendantistes s’assument eux aussi : Ils préconisent une démarche
engageante.

Mal postés entre ces deux orientations, les péquistes se condamnent
eux-mêmes à pédaler frénétiquement dans le beurre, mais ils ne semblent
plus avoir la forme pour un exercice aussi usant et futile.

Nic Payne


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8 commentaires

  • Nicole Hébert Répondre

    21 septembre 2011

    M. Tétrault,
    bon; je viens de perdre un peu de mon temps à revenir pour vous lire... je m'attendais à autre chose. Mais puisque j'y suis... permettez-moi de rire un peu avec vous mais de vous assurer que je l'ai sûrement crié bien avant vous: VIVE LE QUÉBEC LIBRE! Est-ce que le ton vous convainc?
    sans farce!
    Nicole Hébert

  • Archives de Vigile Répondre

    16 septembre 2011

    Madame Hébert est chargée ou se charge elle-même de "monitorer" les débats en faveur du PQ. Elle s'arroge ainsi le privilège de distribuer les torts et les bons coups, selon la ligne directrice du parti.
    Je pense, Monsieur Payne, que vous avez tout à fait raison de mettre en lumière à quel point le discours de Claude Morin et celui du PQ sont identiques: faire avancer le Québec. Voilà quel est leur but à tous deux. En rapatriant des pouvoirs. C'est ce qu'ils considèrent comme solution réaliste. Il y a vraiment de quoi se bidonner.
    Et oui, il faut remarquer à quel point le discours des péquistes se fait de plus en plus hargneux à l'endroit des indépendantistes.
    C'est tout à fait normal, car les deux positions sont irréconciliables. Madame Marois est d'ailleurs en train de tomber entre les deux positions. Comme Bourassa, elle a tenté le grand écart. Je pense qu'elle échouera.
    Quant aux indépendantistes, il importe qu'ils s'organisent au plus vite.

  • Nicole Hébert Répondre

    16 septembre 2011

    @M. Tétreault,
    Je n'ai pas le temps maintenant de lire tout votre commentaire mais comme il m'est adressé,je dirai seulement pour l'instant que je ne suis et ne serai jamais adepte de la langue de bois, bien au contraire et il m'étonnerait que M. Payne y soit jamais contraint. Quant au reste, je lirai votre propos...
    @ M. Payne,
    Je ne faisais que réagir ici à la "forme" du vôtre. Quant à moi, le fond est évident, comme un fond d'eau de roches.
    Salutations à vous deux,
    Nicole Hébert

  • Nic Payne Répondre

    15 septembre 2011


    Madame Hébert,

    Permettez-moi de ne pas trop m'engager avec vous dans la personnalisation du débat.
    Je tiens tout-de-même à dire que je n'ai jamais traité les péquistes d'hurluberlus, ni décrété que quiconque n'était pas indépendantiste.
    On peut très bien être pour l'indépendance et appuyer le Parti Québécois. Quant à moi, je n'adhère pas à ce que propose ce parti à ce sujet, et je m'efforce d'expliquer pourquoi.
    Enfin, soyez assurée que vos critiques sont toujours les bienvenues. Cependant, si vous voulez davantage débattre sur le fond, ne vous gênez pas. Si le coeur vous en dit, bien sûr.
    Mes hommages,

    NP

  • Gérald McNichols Tétreault Répondre

    15 septembre 2011

    @ Nicole Hébert : en d'autre mots, madame c'est "la langue de bois" que vous prescrivez à Monsieur Payne, n'est-ce pas ? Comme vous avez bien assimilé la culture péquistoise. Mais c'est trop tard, l'escroquerie est révélée pour de bon et il n'y a pas de retour possible. Le masque est tombé. Monsieur Morin aura enfin fait quelque chose d'utile pour libérer le Québec.
    Et voilà que vous vous qualifiez d'indépendantiste, amusons-nous un peu alors entre indépendantistes que nous sommes (vous avez certainement remarqué que nous, indépendantistes aimons rigoler) : je vous propose donc, si vous osez le faire, de tester votre indépendantisme, c'est facile et amusant : Envoyez simplement sur cette tribune un message où apparaîtra les quatre mots interdits au PQ de "VIVE LE QUÉBEC LIBRE" vous verrez ce que ça vous fait, et je croirai que vous êtes une vraie indépendantiste, et ceci sans rien ajouter d'autre si vous êtes capable et je là vous croirai. Il y a des incantations qui ne mentent pas.

  • Nicole Hébert Répondre

    15 septembre 2011

    Monsieur Payne,
    Entre vous et moi, soit dit gentiment mais avec quelque envie de taquinerie, même si vos "appréciations" sont peut-être parfois mieux emballées ou ficelées, vous n’êtes généralement guère plus tendre et empathique envers les « péquistes » et autres « hurluberlus » qui ne pensent pas comme vous sur le sujet, que ne l’est à votre avis Monsieur Morin envers les « indépendantistes ». Et vous ne vous privez généralement pas d'en faire, même en été, des "fantômes" hagards d'Halloween. Par ailleurs, là où je me distingue de M. Morin, en même temps que de vous, c’est dans l’utilisation, de part et d’autre limitative, du terme « indépendantiste ». Personnellement, je me considère comme une indépendantiste et personne ne peut être mieux situé que moi, dans ma tête, pour en affirmer la réalité. Alors, ceux qui se réservent entre eux cette appellation le font de façon abusive à mon sens. Pour le reste, je partage les opinions de MM. Durocher et Haché, à l'effet que M. Claude Morin a droit à l'écoute quant à ce qu'il a encore à dire sur l'accession du pays à sa plénitude et au respect pour son engagement qui ne se dément pas malgré les attaques et les atteintes à sa réputation. Alors, M. Payne, comment dites-vous cela déjà? un peu de retenue, de modération, de réserve...?
    Amicalement et sans préjudice...
    N.H.

  • Nic Payne Répondre

    14 septembre 2011



    L'Engagé,
    Rectification : je n'ai pas parlé de choucroute !

  • L'engagé Répondre

    14 septembre 2011

    D'accord avec tout... sauf une expression : « pédaler dans la choucroute » . Mais c'est une simple question de gout... On peut aussi patiner dans la choucroute.