L'Évangile selon Taillon

Climat politique au Québec


Jean Charest n'essaie même plus d'être poli à l'endroit de l'ADQ depuis que Mario Dumont a voté contre son dernier budget. "La position qu'il défend actuellement est totalement, totalement absurde", a lancé le premier ministre la semaine dernière, en réponse à une question. Au coeur du débat, la hausse de la dette et la promesse de mettre 30 milliards $ sur cinq ans en travaux d'infrastructures.
Jean Charest accuse l'ADQ de parler des deux côtés de la bouche : d'un côté on lui demande de mettre de l'argent dans des routes ou des hôpitaux et de l'autre on lui reproche d'endetter le Québec pour ces travaux.
Gilles Taillon est l'homme fort de Mario Dumont en matière de finances publiques. Ancien président du Conseil du patronat, il a donné une crédibilité d'affaires à l'ADQ, mais ses positions passées et présentes sont souvent en contradiction, au grand plaisir des libéraux. Quelle serait la couleur d'un budget Taillon ? "Le premier élément, c'est d'arrêter la croissance de la dette. Le deuxième, c'est d'essayer de dégager un excédent budgétaire pour commencer à rembourser ta dette. Ça ne veut pas dire que tu ne fais pas d'immobilisations."
Gilles Taillon estime que le gouvernement peut continuer d'emprunter pour des travaux d'immobilisation, mais pas au rythme de 6 milliards $ par année, comme l'a annoncé Monique Jérôme- Forget. "On n'a pas les moyens." Selon lui, le gouvernement nous mène vers la catastrophe avec sa baisse d'impôt de 950 millions $ et un plan d'immobilisation de 30 milliards $ en cinq ans. "Si on y était allé avec une baisse d'impôt de l'ordre de 500 millions $ au lieu de 950, je pense qu'on aurait pu en mettre davantage sur la dette et se bâtir un plan d'immobilisation un peu plus raisonnable."
Le pire, selon lui, c'est la dette cachée des hôpitaux, des universités et des municipalités. "Quand la ministre dit qu'elle va mettre 30 milliards $ dans les infrastructures, c'est dans cette portion de la dette qu'elle le met. Tu as 6 milliards $ par année qui va s'ajouter à cette dette-là, une dette cachée sous l'asphalte. Moi, je dis qu'on s'en va vers une catastrophe, surtout qu'on est dans une situation démographique où on augmente la dette et qu'on va être de moins en moins nombreux pour la payer."
Alarmiste, Gilles Taillon ? Peut-être bien, mais il a au moins le mérite de garder le doigt sur la sonnette d'alarme en cette période où libéraux et péquistes marchent la main dans la main en matière de dépenses.
Au fond, l'ADQ a joué un rôle nécessaire dans le débat sur le budget. Jean Charest peut toujours clamer que l'opposition officielle a l'obligation de proposer des solutions, c'est le Parti libéral qui été porté au pouvoir le 26 mars.
Il reste que l'ADQ héritera d'un beau panier de crabes si les Québécois lui donnent le pouvoir aux prochaines élections. À preuve, cette réponse de Mario Dumont en conférence de presse, à une question relativement simple : si les libéraux ont erré en baissant les impôts dans le dernier budget, est-ce qu'un gouvernement adéquiste annulerait cette décision ?
"Ce n'est pas c'est parce que non. Je pense que le gouvernement a pris un certain nombre de décisions. Je veux dire : si on a des décisions à prendre dans l'avenir, il y a une infinité de critères en matière de fiscalité qui jouent sur toutes sortes de variables, qui peuvent permettre au gouvernement de donner à certaines industries, d'aller chercher plus d'argent, de laisser plus de marge de manoeuvre aux manufacturiers parce qu'il y a des problèmes, aux contribuables de la classe inférieure, de la classe moyenne, des classes supérieures (...)"
Vous n'avez rien compris ? Moi non plus. Et je n'ai copié que la moitié de sa réponse ! Il a peut-être raison, Gilles Taillon, lorsqu'il demande un grand coup de barre. Mais il aura besoin d'une position plus claire de la part de son chef.


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