L’Europe en crise

L’épée anglaise

Souverainisme - Brexit

L'Europe est désormais un continent au bord de la crise de nerfs. Qu’on y songe : après la bastonnade dont l’euro est l’objet depuis maintenant plus de deux ans, après le tangage du taux interbancaire orchestré par les aigrefins de Londres, voilà qu’un débat mené jusqu’ici à voix basse vient d’éclater au grand jour : le maintien des liens du Royaume-Uni avec l’Union européenne (UE). Dans la ligne de mire : l’organisation d’un référendum souhaité par les travaillistes, pour l’instant du moins, avant le prochain rendez-vous électoral de 2015 et après pour les conservateurs. De l’éclatement en question, la crise de l’euro est justement le principal et récent moteur. Tant au sein du Parti conservateur qu’au sein de la famille travailliste, les discussions économiques sont dominées, archi-dominées, dit-on, par ceux qui assurent que la création de la monnaie unique a été un désastre. Pire, qu’elle relève du rêve, de l’utopie, et non des réalités politiques, des contingences et diversités économiques respectives aux 17 membres de la zone euro. Bref, comme d’habitude, nos amis britanniques cultivent encore et toujours la fibre de l’empirisme. À telle enseigne qu’ils prient tous les dieux du ciel et les dirigeants de la zone pour qu’une solution soit trouvée au plus vite, mais évidemment pas aux dépens du royaume de Sa Majesté britannique qui, entre autres singularités, a toujours entretenu le terreau de l’euroscepticisme. Toujours est-il qu’ils sont favorables à la proposition d’Angela Merkel, pour qui l’avenir de l’euro passe par plus d’Europe, plus d’intégration budgétaire, fiscale, économique, etc. On le répète, les Britanniques ne veulent surtout pas un effondrement de l’euro, qui serait contraire à leurs intérêts, mais, comme le plan de Merkel suggère plus d’intégration, voire la création d’un noyau dur dont il est régulièrement question depuis la naissance de l’euro, ces mêmes Britanniques voudraient se retirer. On s’explique. Pour eux, tout pas favorisant davantage d’intégration constituerait ni plus ni moins qu’une entorse aux conditions d’entrée du Royaume-Uni fixées en 1975. Et donc, il faudrait, conformément à la loi votée récemment, demander leur avis aux citoyens britanniques, car tout pas vers plus d’intégration signifie une autre délégation de souveraineté à Bruxelles. Ce n’est pas tout. Par l’intermédiaire du fer de lance médiatique de l’euroscepticisme, on pense évidemment au Daily Telegraph, les adversaires les plus acharnés de l’Union ont profité de l’humeur ambiante, si l’on peut dire, pour mieux réveiller l’hydre nationaliste. Mais encore ? La zone euro va se transformer en un super-État aux portes d’une île encore une fois rythmée par la tentation du grand large.



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