L’empire contre l’Iran

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L'Iran : rival de l'Arabie saoudite et ennemi d'Israël, soit les deux plus fidèles alliés américains de la région

« Ne menacez plus jamais les États-Unis ou vous allez subir des conséquences comme peu en ont connu auparavant. » Ces mots, en majuscules, émanent du compte Twitter du président américain. La veille, le président iranien avait, de son côté, affirmé qu’il voulait la paix, mais qu’une guerre contre son pays serait « la mère de toutes les guerres ».


Donald Trump a voulu rappeler que l’Iran ne faisait pas le poids face à l’armée américaine. Quelqu’un en doutait-il vraiment ? Faut-il, par ailleurs, prendre ses propos avec un grain de sel ?


Après tout, il menaçait il y a peu la Corée du Nord de « destruction totale », se vantait de disposer d’un « plus gros bouton » que Kim Jong-un, et a finalement eu une rencontre très cordiale avec ce dernier.


Une obsession américaine


Depuis la révolution iranienne de 1979, les relations sont plus que tendues. En 2002, le président George W. Bush classait le pays comme membre de l’« axe du mal ». Pourtant, quand le shah d’Iran – un allié de l’Amérique – était au pouvoir, on semblait « oublier » le caractère répressif de ce régime.


Le 8 mai dernier, Trump a annoncé que Washington allait se retirer de l’accord limitant les capacités nucléaires et contrôlant le programme de missiles balistiques de l’Iran, signé également par la Chine, la Russie, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Grâce à cette entente, l’Iran a abandonné 95 % de son uranium et a permis aux inspecteurs de visiter ses centrales nucléaires. Téhéran a d’ailleurs décidé, en 2003, de ne pas tenter de se doter de la bombe.


Quand un traité est imparfait et qu’on souhaite en sortir, le minimum n’est-il pas de prévoir un plan alternatif ? La fin de l’accord pourrait faire boule de neige, et inciter des pays voisins, comme l’Arabie saoudite, à se doter de programmes semblables. Souhaite-t-on cela, alors que le risque de guerre du Moyen-Orient est somme toute élevé ? Les sanctions qui pesaient contre l’Iran ont aussi été réintroduites.


Menace de guerre ?


Une guerre avec l’Iran serait catastrophique sur tous les plans et ferait passer la poudrière irakienne pour de la petite bière. Washington peut assurément écraser l’Iran, mais très difficilement l’occuper ou le transformer en régime politique à l’américaine.


Au niveau géopolitique, ce serait catastrophique. Qui plus est, le pays risquerait d’exploser. Les communautés minoritaires pourraient être portées à se séparer de la majorité persane. Vous craignez les attentats islamiques ? Vous devriez, car, en cas de guerre américano-iranienne, nous en aurions à la planche.


Ni les sanctions ni la guerre ne sont des options gagnantes. Le temps joue, de toute manière, contre le régime des ayatollahs, qui doit vivre avec une jeunesse récalcitrante et avec une économie qui est dans un état lamentable.


La seule voie qui pourrait être couronnée de succès serait de dialoguer, idéalement autrement qu’à coup de menaces sur Twitter.


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Simon-Pierre Savard-Tremblay179 articles

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Simon-Pierre Savard-Tremblay est sociologue de formation et enseigne dans cette discipline à l'Université Laval. Blogueur au Journal de Montréal et chroniqueur au journal La Vie agricole, à Radio VM et à CIBL, il est aussi président de Génération nationale, un organisme de réflexion sur l'État-nation. Il est l'auteur de Le souverainisme de province (Boréal, 2014) et de L'État succursale. La démission politique du Québec (VLB Éditeur, 2016).