Viva Espana

L'éloge de la tricherie et de la loi du plus fort

Chronique de Pierre Gouin

Tous ceux qui se battent pour une indépendance nationale devraient être convaincus de la validité du principe de l’autodétermination des peuples inscrit dans la Charte des Nations Unies. Devant la répression violente du gouvernement espagnol et la négation par les gouvernements étrangers de ce droit à l’autodétermination, on condamne sur Vigile la mollesse et le manque de lucidité du chef indépendantiste catalan et on exhorte les indépendantistes québécois à abandonner la stratégie centrée sur le référendum. C’est un appel à l’écrasement face à la raison du plus fort. On célèbre ainsi la victoire des oppresseurs, ceux sur qui on devrait faire porter la honte.


Il n’y a pas de stratégie gagnante contre un adversaire qui ne souhaite que de vous écraser, qui en a les moyens et qui comprend qu’il a l’accord tacite des grandes puissances. Face au mépris, la seule issue est un soulèvement populaire. C’est sur quoi devrait miser le chef catalan après avoir démontré la vraie nature de la relation avec l’Espagne, une relation de domination. La bataille n’est pas finie, la population catalane est encore sous le choc. L’appui à l’indépendance pourrait bondir et provoquer un soulèvement.


Au Québec le référendum permettra éventuellement  de convaincre tout le monde, au Canada,  et ailleurs, et les militants indépendantistes eux-mêmes, que la majorité des Québécois désire l’indépendance. Ce n’est qu’un point de départ, mais il est essentiel.


Le sentiment d’être maintenu de force dans un État, d’en être prisonnier, dominé, peut générer une grande frustration et une volonté de rupture. C’est pourquoi le Canada a fini par reconnaître le droit du Québec à l’autodétermination. Ce n’est que stratégie, comme ce l’est pour l’Angleterre envers l’Écosse. On a encensé l’Angleterre pour son ouverture au référendum écossais. Pourtant, on n’a pas entendu l’Angleterre fustiger l’Espagne ou menacer de reconnaître un référendum gagnant en Catalogne. Qu’arriverait-il vraiment dans l’éventualité d’un Oui à la séparation de l’Écosse?


Des documents présentés sur Vigile suffisent à nous convaincre, indépendantistes, qu’en 1995 le Canada n’avait aucune intention de respecter le résultat d’un vote en faveur de la séparation du Québec.  La majorité de la population n’en est pas encore consciente. Imaginez un référendum gagnant au Québec et une réponse à la Chrétien de la part du Canada. Quelle sera la réaction de la population québécoise?


L’attitude de nos élites sera déterminante. Quand René Lévesque est rentré au Québec après la nuit des longs couteaux on l’a humilié, on a dit qu’il avait été faible et naïf. Il aurait fallu le louanger pour avoir démasqué le vrai visage du reste du Canada. Nos élites ont préféré faire l’éloge de la tricherie pour ne pas avoir à se tenir debout.


 



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3 commentaires

  • Pierre Gouin Répondre

    8 novembre 2017

    @ChristianRivard


    Merci pour votre commentaire. Votre explication est très claire mais je ne crois pas au succès de cette approche. Aussi longtemps que la majorité des Québécois n'auront pas été convaincus de la nécessité de l'indépendance, c'est impossible de poser les gestes dont vous parlez. Un parti qui annoncerait une telle démarche en campagne électorale ne serait pas élu et un gouvernement élu qui la mettrait en application verrait sa popularité s'effondrer et devrait y renoncer.


    • Martin Pelletier Répondre

      8 novembre 2017

      Je ne comprends pas pourquoi jusqu'ici il n'y a pas encore eu de campagne de boycottage des produits espagnols.
      En tout cas pour moi fini les vins espagnols. Fini les oranges espagnoles. Fini les citrons expagnols

  • Christian Rivard Répondre

    8 novembre 2017

    @PierreGOUIN


    De ce propos : «Devant la répression violente du gouvernement espagnol et la négation par les gouvernements étrangers de ce droit à l’autodétermination, on condamne sur Vigile la mollesse et le manque de lucidité du chef indépendantiste catalan et on exhorte les indépendantistes québécois à abandonner la stratégie centrée sur le référendum. C’est un appel à l’écrasement face à la raison du plus fort. On célèbre ainsi la victoire des oppresseurs, ceux sur qui on devrait faire porter la honte.»


    ... j'aimerais rectifier quelques trucs.


    D'abord, je parle en mon nom personnel. Je laisse les autres administrateurs de la Vigile de parler aussi en leur nom.  


    La Vigile n'est pas contre le référendum. Aucunement ! La Vigile stipule simplement que le référendum doit être à l'étape finale de la marche vers l'indépendance. Cette consultation populaire doit simplement confirmer qu'une majorité d'une population en quête d'indépendance est en faveur de cette souveraineté qu'une part de population à la fois propose aux autres citoyens mais aussi pose ─ a posé ─ des actions menant un État à l'étape finale de sa souveraineté. 


    Ce que Vigile affirme est qu'un référendum ne mène pas nécessairement à l'indépendance. Il faut que les actions politiques posées ─ créer une constitution, créer une armée, arracher des pouvoirs à l'autre État pour renforcir la souveraineté de l'État indépendant à devenir, etc ─ par les indépendantistes au pouvoir lors de la marche vers l'indépendance accroissent la souveraineté de l'État indépendant à devenir face à l'autre État. 


    Cela a pris plus de 400 ans au Québec pour se construire un État (semi-État car il n'est pas encore souverain) qui peut maintenant aspirer à l'indépendance, étant à quelques éléments manquants ─ c'est ce que Vigile exige que les indépendantistes établissent ─ avant de faire son référendum finale qui ne fait que confirmer cette affirmation collective.


    C'est généralement très long se construire un rapport de force et une effectivité. 


    En plus, les règles internationales sont différentes selon les situations. On peut même si perdre. Voilà pourquoi je propose la lecture des texte de Sasha-A Gauthier sur la démarche référendaire.


    https://vigile.quebec/auteurs/163


    Il faut préparer le RAPPORT DE FORCE mais aussi toutes les actions possibles pour rendre notre force collective EFFECTIVE sur l'ensemble du territoire et dans la fonction publique. 


    Équation > Proposition d'indépendance + élection d'un parti indépendantiste + actions possibles pour préparer le rapport de force + lever au maximum du rapport de force + actions possibles pour rendre notre force collective effective sur le territoire et la fonction publique + souverainté en fait (de facto) + référendum qui vient boucler la boucle + reconnaissance des autres États.


    Faire un référendum avec un faible rapport de force et une faible effectivité, c'est une belle démonstration collective mais si peu efficiente. 


    Voilà, pardonnez-moi car c'est très approximatif comme explication.


    Cordialement,


    Christian B. Rivard, président de la Société des Amis de Vigile.