L’innovation est au cœur du discours économique du gouvernement fédéral depuis des décennies. L’appui à l’innovation a été réaffirmé par le gouvernement actuel. Ce gouvernement a manqué une belle occasion de démontrer ses convictions en décidant il y a quelque temps de ne pas s’impliquer pour garantir le contrôle canadien d’un projet exceptionnel. Une C-Série canadienne aurait été pour longtemps une vitrine unique pour faire valoir les capacités scientifiques et techniques du Canada, le cœur d’une grappe industrielle de haute technologie ainsi qu’une puissante source de motivation pour les jeunes à l’âge d’un choix de carrière.
Au Canada et au Québec, quand un gouvernement veut soutenir un projet économique on ressort au besoin le discours sur la non-intervention de l’État. Pourtant ce grand principe a été tellement bafoué à travers le monde qu’on peut occasionnellement se permettre de le contourner. Les géants Boeing et Airbus se sont développés avec un soutien déterminant de l’État. Le gouvernement canadien lui-même a dépensé on ne sait combien pour soutenir l’exploitation des sables bitumineux. Dans ce cas, les montants en cause et les risques encourus étaient sans doute aussi importants que ceux liés au maintien de la C-Série au Canada. En dehors du secteur des ressources naturelles on peut penser aux énormes subventions à l’industrie automobile il y a moins de dix ans.
À la suite de la décision du Canada de ne pas apporter le soutien nécessaire à Bombardier, la perte du contrôle de la C-Série aux profits d’une grande entreprise étrangère devenait inévitable. Si Bombardier n’a pas vendu d’appareils pendant plusieurs mois, ce n’est pas à cause d’un marketing déficient. Les acheteurs potentiels craignaient que Bombardier ne soient pas capables de livrer les appareils commandés à cause de difficultés financières. Une implication du gouvernement canadien, un gouvernement souverain, aurait assuré la solidité financière requise. Finalement, c’est Airbus qui va le faire. Bombardier aurait pu offrir de construire une usine d’assemblage aux États-Unis comme le propose Airbus.
Ottawa n’a pas invoqué la peur de représailles internationales dans son choix de n’offrir que des miettes à Bombardier. C’est probablement davantage les pressions du ROC qui ont motivé sa décision. On ne peut pas dire que le Canada ait pris une mauvaise décision, on n’a probablement pas toute l’information utile et c’est la responsabilité du gouvernement fédéral de gérer l’argent des contribuables canadiens et d’apprécier les risques. Mais on peut se demander quand est-ce que ça été payant pour le Québec de faire partie du Canada et quand est-ce que ça le sera.
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1 commentaire
Pierre Gouin Répondre
28 octobre 2017Pierre-André Julien a écrit un excellent article sur le sujet dans Le Devoir du 27 octobre. Cependant il ne mentionne pas la responsabilité du gouvernement fédéral qui seul a la cote de crédit pour rassurer les investisseurs. On pourrait aussi parler de la mollesse de Couillard face à Ottawa. Cela explique peut-être que mon article ait été refusé par Le Devoir et le sien accepté.