L'avenir que nous voulons

Quatrième partie: L'entité.

Tribune libre

Dans mon premier billet « PQ rallier la majorité, autour de quoi » (Note 1), j'ai démontré que l'indépendance n'est pas le projet rassembleur pour le Québec, que l'indépendance est en aval du projet rassembleur pour le Québec, qu’elle est un moyen et non la fin, que l'élément rassembleur est un projet de société (PS) partagé & commun. L'indépendance en soi, avec toutes les libertés décisionnelles et les pouvoirs qu'elle apporte, ne nous dit pas à quoi ressemblerait le Québec comme pays. Cette affirmation s'applique également au fédéralisme.

Dans mon deuxième article (Note 2), j'ai répondu à la question suivante : quel serait le contenu d'un PS (PS)? Nous avons énoncé qu'il serait composé des textes fondamentaux comprenant entre autres les chapitres suivants : le terme, les forces, faiblesses, opportunités, menaces, les valeurs, la mission, les stratégies, la vision.

Et le troisième billet (Note 3) a porté sur la question suivante: qu’est-ce qu’une démarche articulée, structurée pour se doter d’un PS partagé et commun. Nous avons identifié les essentiels soient : concilier l'urgent & l'important, les attendus, une démarche bottom-up pour et accessible à tous les Québécois.e (Qbces), les valeurs préconisées, une pensée circulaire, l'établissement de mesures de performance et l'importance d'une seule démarche de ce type à l'échelle du Québec. Ces essentiels proposés visent à permettre à tous les Qbces de participer et d'approuver le contenu de chacune des étapes jusqu'au & incluant le final du PS.

Enfin, ce dernier papier de cette série, propose la forme opérationnelle de la démarche dont la forme juridique, son mandant, le recrutement, le rôle des administrateurs, des différents guides, son financement et sa terminaison.

1) L'entité.
Pour réaliser le PS, une entité juridique devra être créée pour lui permettre de s'organiser, de faire des appels, de mobiliser et consommer des ressources (matérielles, humaines, financières, immatérielles et informationnelles)... Ce qui la conduira à coordonner diverses fonctions comme la planification, les achats, les communications, l'embauche, la gestion des technologies, etc. Comme il s'agit d'un organisme qui est exclusivement voué au service des Qbces, elle devra être à but non lucratif;

2) Le mandat (la mission) de l'entité est de guider les Qbces dans leur réflexion et de les diriger de façon structurée et rigoureuse;

3) Recrutement du conseil d'administration (CA).
Le recrutement du CA sera coordonné par les constituants de l'entité. Ils recommanderont le nombre, prépareront les descriptions de tâches, les exigences, compétences requises... Les Qbces seront invités à proposer des candidats et expliquer leur choix. Toutes les candidatures seront publiques. Les constituants évalueront les candidatures et proposeront un CA avec son exécutif. Ces derniers seront appelés à voter. Un vote favorable de plus de 50 % sera nécessaire pour chaque membre proposé et pour le CA dans son ensemble;

4) Le CA sera responsable :
a) Du recrutement et de la sélection du guide général (Directeur général), des autres guides, des gestionnaires, des experts, des facilitateurs... À cet égard, ils prépareront l'organigramme, les descriptions, la politique de rémunération..., verront à création d'un comité de sélection, à la publication des offres d'emplois, à la réception des propositions. Le comité de sélection et le CA verra à l'évaluation des candidatures & choisira l'équipe des guides. Toutes ces démarches, échéanciers, rémunération... seront disponibles pour le public;
b) i) De coordonner l'évaluation trimestrielle des guides par les participants. La confiance sera un facteur clé dans l'évaluation. Le CA pourrait exiger un seuil minimum de confiance. À titre d'exemple, si pour deux trimestres le niveau est inférieur au taux minimum exigé, la personne visée devra être rencontrée et le CA devra prendre les décisions appropriées pour corriger à la situation.

5) Le guide général a pour mandat d'assurer la direction et la gestion de l'entité afin d'assurer la réalisation de la mission de l'entité;

6) Le rôle & la responsabilité des guides.
La démarche nécessitera plusieurs types de guides, entre autres : les guides navigateurs, communicateurs, formateurs, facilitateurs, explorateurs, experts:

a) Les guides navigateurs:
i) Ils proposent aux Qbces une démarche congrue, structurée et reconnue pour la réalisation du mandat confié;
ii) Ils guident les Qbces dans la réalisation de chacune des étapes de la démarche;
iii) Ils préparent, gèrent le calendrier, la séquence, le rythme, la coordination & la réalisation des travaux selon la structure et la logique requise par la démarche. Le calendrier est mis à jour à toutes les semaines et accessible au public. Il indique toutes les étapes de la démarche, celles non débutées, celles en cours, celles complétées…;
iv) Ils décrivent clairement les différentes tâches, les mandats à être complétées par les différents guides;
v) Ils confient les tâches aux différents guides, coordonnent et soutiennent leur travail;
vi) Ils évaluent constamment le déroulement de la démarche afin de s'assurer du respect de la mission;
vii) Ils renforcent constamment l'utilisation des valeurs par leur style de direction;
viii) Lorsqu’ils considèrent qu’une étape est complétée, ils proposent les textes, fidèles aux travaux, pour être approuvés par les Qbces;
ix) Ils évaluent le travail des guides;
x) Ils se dotent d’une banque de communicateurs, de formateurs, facilitateurs, recherchistes, d’explorateurs et d’experts;
xi) Ils établissent les budgets, gèrent les finances, assurent le suivi des budgets. Les informations financières détaillées (salaires, honoraires des consultants, technologie...) sont publiées mensuellement et accessibles.

b) Les guides communicateurs :
i) Ils créent une relation directe, saine, fluide, efficace accessible entre les guides, les participants, les médias... Ils sont le système nerveux de l'entité;
ii) Ils conçoivent le lexique utilisé pour la démarche, le maintiennent à jour et s'assurent de son respect;
iii) Ils élaborent les moyens de communication tels que le site web, les salles de conférences virtuelles et autres médiums afin d'assurer l'accès et l'apport de tous les participants à tous les travaux de l'entité.
L'utilisation de la technologie est l'outil qui permettra à plus de 6 millions de participants de s'approprier la démarche.
iv) Ils contaminent la démarche d'un enthousiasme rassembleur, d'un intérêt qui dépassent les attentes;
v) Ils collaborent avec les médias pour accroître les réflexions et la participation :
vi) Ils écrivent les textes reflétant objectivement les discussions, les débats et les conclusions de façon structurée, cohérente dans un format accessible;
vii) Ils provoquent la prise de conscience, et suscitent l'engagement. Ils doivent intéresser;
viii) Ils partagent intelligemment & intelligiblement les points de vue différents, font évoluer les débats, s'appuient sur la communication pour apaiser les conflits, et rassembler. Ils prônent le dialogue, un partage de perspective, tellement important la démarche;

c) Les guides formateurs :
i) Sur une base continue et selon les besoins de la situation, ils conçoivent et conduisent les programmes de formation qui permettront aux Qbces, aux médias, aux institutions & autres de pleinement participer à la démarche de façon organisée. À titre d'exemple, pensons à une formation sur la structure de la démarche, sa mission, le lexique, le sens et la portée des valeurs, l'utilisation des technologies...;
ii) Ils développent des moyens de formation qui seront basés sur l'autoformation en ligne (sites web éducatifs, la téléformation, l'enseignement télématique, ou encore l'e-training);

d) Les guides facilitateurs.
i) Le facilitateur est responsable de la réalisation d'une ou plusieurs étapes de la démarche assignées par les guides navigateurs. Le facilitateur a la responsabilité de conclure l’étape à la satisfaction des Qbces;
ii) Le facilitateur doit avoir une très bonne connaissance du terrain professionnel assigné par le guide-navigateur. Il doit assurer un rôle de plaque tournante, d'interface et de conseiller entre les différents intervenants;
iii) Le facilitateur planifie les différentes étapes de son mandat et les fait approuver par le guide-navigateur. Si nécessaire, il s'adjoint d'experts, d'explorateurs, formateurs, communicateurs qui l'assisteront dans la préparation et le déroulement des rencontres;
iv) Le facilitateur crée les conditions nécessaires pour
(1) stimuler l'envie de participer et qu'elle ne soit pas freinée;
(2) s'assurer qu'il y a un équilibre participatif au sein du groupe;
(3) que les valeurs préconisées par la démarche soient respectées;
(4) que les textes et illustrations produits soient correctement organisés;
(5) que la documentation soit accessible dans un format structuré, cohérent compte tenu de la complexité des réseaux et de leurs diversités;
v) Il provoque la prise de conscience, l'ouverture, pose des questions et suscite l'engagement. Il cherche les causes, les modèles d'un système. Il distingue le symptôme et la cause. Il encourage une pensée globale, circulaire et non linéaire;
vi) Toutes les questions peuvent être posées et toutes doivent être répondues Il ne coupe pas le coin rond;
vii) Il partage les points de vue différents, s'assure de leur compréhension, fait évoluer les débats, rassemble en s'appuyant sur la communication, les faits & les valeurs pour résoudre les conflits, les impasses;
viii) Il encourage le dialogue, un partage de perspective, de mise en relation dans une vision de plus de 10, 30 et 50 ans;
ix) Il s'adjoint, avec le soutien des guides navigateurs, de guides experts, explorateurs lorsqu'il juge que la situation l'exige c.-à-d. conflit, impasse...;
x) Dans le cas d’impasse, d'un cul-de-sac sur un sujet, le facilitateur s'adjoint de guides experts et explorateurs pour chercher et proposer des avenues de solution;

e) Les guides experts.
i) L'expert n'est pas simplement celui qui sait, sur un champ délimité de savoir. Son expérience reconnue lui permet d'apporter une opinion argumentée à une impasse/demande du guide facilitateur;
ii) On attend généralement d'un expert plusieurs qualités :
(1) Posséder une connaissance reconnue;
(2) Avoir la capacité du fait de son expérience et d'une intégration de savoirs variés d'exprimer des jugements pertinents;
(3) Se révéler apte à communiquer et à participer à des débats ouverts avec des décideurs et des non-experts. Il contribue à trouver une réponse, mais il n'est pas la réponse;
(4) Honnêteté, indépendance et compétence;
(5) Neutre. À cet effet il devra déposer et signer une déclaration d’intérêt;

f) Les guides explorateurs.
i) L'explorateur cherche avec l'intention de trouver une solution à une impasse. Il part à la découverte d'une route que tous seront d'accord de prendre;
ii) Il prend connaissance de toutes les informations disponibles (discussions et débats, vidéos, études, rapports, opinions d'experts), explore le monde pour trouver et proposer des solutions au facilitateur-navigateur qui seront présentables aux Qbces.

7) Le financement.
Plusieurs sources de financement :
a) Public : Comme je l'aie suggéré précédemment, pour que la démarche soit crédible, reconnue, engageante, elle doit recueillir environ 2,9 millions de Qbces en faveur de la démarche. Avec un tel niveau de reconnaissance, et pour favoriser une large implication parmi ceux-ci, le financement de l'entité devrait provenir des fonds publics. Bien que le financement soit public, l'entité devra être indépendante de l'Assemblée nationale, du gouvernement;

b) Parti politique :
Un ou plusieurs partis politiques pourraient participer au financement de l'entité. Particulièrement lors du lancement de l'initiative jusqu'au vote pour l'acception de la démarche par les Qbces. Dans un tel scénario, le ou les partis impliqués devront démontrer leur capacité à demeurer neutre et accepter/souhaiter l'indépendance de l'entité;
c) Populaire : Le financement populaire pourrait être également une source possible. Par contre comme elle est non-prévisible et non-fiable, une trop forte dépendance à cette dernière pourrait être une entrave au déroulement de la démarche.

Dans l'élaboration du financement de l'entité, il faudra s'assurer qu'il soit fiable & prévisible.

8) La fin de l'entité
Lorsque le PS est complété, les Qbces sont invités à voter par référendum pour son acception ou son rejet.
Remarquons que comme les conclusions de chacune des étapes de la démarche sont approuvées au fur et à mesure de son déploiement et qu'une nouvelle étape est entreprise que lorsque l'étape en cours est acceptée, il est raisonnable de présumer qu'il sera approuvé. Bien sûr le rejet est toujours possible,

Si le PS est accepté, les Qbces demandent à l'Assemblée nationale de le mettre à l'exécution & qu'il soit adapté comme une loi
« constitutionnelle » ou «quasi constitutionnelle » selon le statut politique retenu pour réaliser le PS. Ainsi peu importe les partis qui seront au pouvoir au cours des années, des décennies, le PS lui demeurera.
Lorsque le PS est devenu une loi, l'entité est dissoute.
Si le PS est rejeté, l'entité est dissoute.

Nous avons aujourd'hui toutes les ressources nécessaires pour développer un PS avec l'implication de tous les Qbces. Nous avons la structure, l'accès à de l'information internationale tout comme aux meilleurs experts, une culture progressiste, des contextes démocratique/politique/économique/social/ environnemental propices, des défis, dont les solutions ne sont plus simplement dans le faire plus, qui commandent une nouvelle façon de pensée. La technologie sera la pierre angulaire de la démarche. Elle nous permettra de transmettre, de communiquer, de partager, de dialoguer, de réfléchir sereinement, de débattre, de voter, de conclure avec plus de 6 millions de participants.e.

Note 1 : http://vigile.net/PQ-rallier-la-majorite-autour-de
Note 2 : http://vigile.net/En-route-vers-le-futur-que-nous
Note 3 : http://vigile.net/Vers-le-futur-que-nous-voulons


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2 commentaires

  • Robert J. Lachance Répondre

    2 juillet 2015

    Presque entièrement d’accord avec vous; M. Lespérance, je me garde en réserve une petite gêne tactique.
    « Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? »
    - Pour se mettre en valeur, à quoi d’autres jouent nos vedettes sportives, pour n’en nommer qu’une catégorie. J’en suis heureux.
    Ça nous divertit et alors, s’il s’y trouve un.e journaliste ou un commentateur pour en faire conversation parlée ou écrite, un jour ça rapportera à son employeur, un entrepreneur en biens privé ou public. Ça fait partie de notre joie de vivre.
    C’est ainsi que les hommes vivent. Louis Aragon dans les années 50 n’en a pas fait le coeur de sa chanson, ça n’intéresse pas comme ce qu’il raconte de Lola.
    Léo Ferré https://www.youtube.com/watch?v=43ekIvUMlIY
    Pour faire simple, quoi de mieux qu’une déclaration ?
    Nous proclamons les vérités qui suivent comme évidentes en elles-mêmes, que tous les hommes sont nés égaux, qu’ils sont dotés par leur Créateur de droits inaliénables,
    que parmi ceux-ci se trouve la Vie, la Liberté et la poursuite du bonheur - que pour sécuriser ces droits, les gouvernements sont institués parmi les hommes, obtenant leurs justes pouvoir du consentement des gouvernés
    - que lorsque quelque forme de gouvernement que ce soit empêche l’atteinte de ces buts, il est du droit du Peuple de le modifier ou de l’abolir, et d’en instituer un nouveau, faisant reposer ses fondations sur des principes tels et organisant ses pouvoir d’une forme telle qu’ils lui semblent plus aptes à assurer sa sécurité et son bonheur…

    Déclaration d’indépendance des États-Unis d’Amérique, 4 juillet 1776, inspirée en partie par la déclaration des droits de l’État de Virginie datée du 12 juin 1776, rédigée par un comité de cinq personnes, sous la direction de Thomas Jefferson.
    Tiré de La Juste Inégalité, Robert Dutil, Essai sur la liberté, l’égalité et la démocratie.
    Était-ce un projet de société ?
    Robert Dutil dans son livre La Juste Inégalité, 1995, Québec/Amérique, a eu le culot d’en proposer une révolutionnaire mise à niveau :
    Nous proclamons les vérités qui suivent comme évidentes en elles-mêmes, que tous les hommes et toutes les femmes sont nés inégaux, qu’ils sont dotés par leur Créateur de capacités intellectuelles et physiques dissemblables, qu’ils sont plongés à leur naissance dans des milieux sociaux et culturels disparates, et qu’ils ne bénéficient donc pas des mêmes chances.
    La justice réclame toutefois que soient reconnus à tous des droits inaliénables, parmi lesquels se trouve la vie, la liberté et la poursuite du bonheur. Les gouvernements sont institués parmi les humains, obtenant leurs justes pouvoir du consentement des gouvernés, pour sécuriser ces droits, pour permettre une juste égalité des chances, pour encadrer la collaboration entre les citoyens et pour s’assurer que les inégalités économiques et sociales soient au plus grand bénéfice des plus désavantagés.
    Lorsque quelque forme de gouvernement que ce soit empêche l’atteinte de ces buts, il est du droit du Peuple de le modifier ou de l’abolir, et d’en instituer un nouveau, faisant reposer ses fondations sur des principes tels et organisant ses pouvoirs d’une forme telle, qu’il lui semblent plus aptes à assurer sa sécurité et son bonheur…

  • Jean Lespérance Répondre

    1 juillet 2015

    Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple? Mon frère a toujours suggérer de faire une pré-constitution, une constitution à finaliser. Donner un mandat de gouverner sans dire où on veut mener la société, c'est comme donner un chèque en blanc. Sans un mandat clair et précis, sans une démarche articulée, les gens ne font pas confiance car il y aura toujours des gens qui vont semer le doute dans la tête des citoyens et mettre en œuvre des embûches.
    On ne peut pas tout prévoir dans un projet de société, ce qui compte ce sont les principes autour desquels tout s'articule. Toute nouvelle constitution doit corriger les défauts de l'ancienne afin d'y voir des avantages sinon les gens ne voient pas l'utilité de changer. Pour convaincre le monde, il faut savoir de quoi on parle sinon on va parler dans le vide longtemps.