L’avenir politique de Trudeau

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Il faut sortir les Québécois de leur analphabétisme politique : ils détestent Trudeau mais votent pour lui par fidélité canadienne-française


À moins d’un an de l’élection fédérale, ceux qui espèrent la défaite de Justin Trudeau, roi de la vertu canadienne et prince des apparences, ne rêvent plus de pavoiser en octobre.


Trudeau mène tambour battant la déconstruction du Canada où les communautés ethnoculturelles vivent en silos. Elles compétitionnent entre elles pour être dans les bonnes grâces du premier ministre et selon le dernier sondage d’octobre 2018 paru dans L’actualité, elles voteront pour le Parti libéral de Justin Trudeau en octobre prochain. Comme au Canada anglais, d’ailleurs.


Appui québécois


Mais le Québec demeure étonnamment accro à Justin malgré sa légèreté intellectuelle et son agacement hérité de son père envers la tribu ou le clan, comme son paternel décrivait les Canadiens français à son époque. Autrement dit, les Québécois ont beau honnir Trudeau, une majorité d’entre eux s’apprêterait à voter pour lui et sa vision centralisatrice du Canada en voie rapide de métissage.


Compte tenu de l’élection de Doug Ford en Ontario et des remous politiques contre Justin Trudeau dans les provinces de l’Ouest, l’invraisemblable peut arriver en octobre prochain. En effet, les Québécois pourraient permettre au fringant boxeur, qui, malgré son faible pour les Autochtones, a mis K.O. le sénateur autochtone Patrick Brazeau, de reprendre son bâton de pèlerin pour poursuivre sa vision multiculturaliste du Canada, laquelle entre en collision avec le Québec nationaliste et laïque.


Peut-on reprocher à Justin Trudeau d’être le fossoyeur des valeurs québécoises si les Québécois lui accordent leurs précieuses voix qui le maintiendraient au pouvoir ?


Opposition stérile


La configuration politique n’est pas inspirante, on en convient. Le chef conservateur Andrew Scheer est un homme raisonnable, sensible aux demandes québécoises, mais son parti renferme une droite religieuse et sociale qui est un repoussoir pour une majorité de Québécois. Maxime Bernier s’avère un libertaire tonitruant et imprévisible, le sikh Jagmeet Singh, chef du NPD, n’a pas perdu son turban, mais beaucoup de plumes et se retrouve quasi chauve, politiquement parlant. Quant au nouveau chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, il n’a pas le pouvoir de ressusciter son parti, sans souffle et sans l’esprit qui l’a un jour habité.


Le Canada est un éden par rapport aux multiples pays du monde aux prises avec des conflits qui les déchirent et les détruisent. Mais le Canada actuel érode sans vergogne ce qui a créé le mythe canadien du « plus meilleur pays au monde », pour citer l’ineffable et inénarrable Jean Chrétien.


Le nationalisme canadien a déjà existé. Il se nourrissait de valeurs anglo-saxonnes qui permettaient de faire triompher le débat d’idées autour d’un certain consensus dans un Canada fier de ses gentlemen’s agreements.


Le Canada d’aujourd’hui est le laboratoire d’un pays sans autre mémoire que celle des gens qui y vivent. Ses citoyens se définissent par leur ethnicité, leur religion et leur sexe. Un pays dont le seul passé sera le présent. Et les Québécois y apparaissent ainsi comme des fins de race.