L'avenir du français en péril à Montréal?

La langue - un état des lieux


L'avenir du français est compromis dans l'île de Montréal, où la langue de la majorité se trouve confrontée constamment à l'anglais, estime le démographe Marc Termote, qui entrevoit une cassure entre un Québec essentiellement francophone et sa métropole de plus en plus anglophone.

Dans son étude de 150 pages qui avait été gardée secrète par l'Office québécois de la langue française, bien qu'elle soit terminée depuis plus d'un an, le démographe entrevoit que les gens qui ont le français comme langue d'usage deviendront rapidement minoritaires dans l'île de Montréal, si le gouvernement conserve son objectif de 55 000 nouveaux immigrants par année.
Entre 2011 et 2015, les francophones compteraient pour moins de 50% des résidants de l'île de Montréal, un seuil qu'il entrevoyait presque 10 ans plus tard, dans ses précédentes études.
La fécondité au Québec rend la pérennité du français de plus en plus problématique. Il ne faut pas seulement se demander quelle sera la proportion de francophones chez les Québécois dans deux générations, «mais aussi de savoir combien il y aura de Québécois», constate-t-il. Le poids démographique devient un peu inutile si on observe que les francophones «sont de moins en moins nombreux, de plus en plus vieux, et si de surcroît ils sont entourés d'une population 50 fois plus nombreuse, dont l'effectif est nettement plus jeune et croît rapidement».
Le spécialiste de l'Université de Montréal entrevoit une «cassure de plus en plus nette» entre l'île de Montréal qui poursuivra sa croissance démographique et qui comptera de plus en plus d'allophones, et le reste du Québec, «qui est et restera très majoritairement francophone».
Dans l'île de Montréal, point de contact entre les deux langues, «l'avenir du français est problématique», prévient-il.
«La pérennité du français est assurée s'il n'entre guère en contact avec l'anglais, mais dès qu'il y a un contact plus ou moins étroit entre les deux langues, l'avenir du français est compromis», tranche le démographe d'origine belge, qui mène ce genre d'études depuis près de 20 ans maintenant.
Pour lui, compte tenu de la diminution prévisible des francophones à Montréal, on peut s'interroger sur le pouvoir d'attraction du français. «On est en droit de se demander si dans l'île de Montréal, on ne se trouve pas dans un processus cumulatif de déclin du français», souligne M. Termote dans ses conclusions.
Dans la grande région métropolitaine, incluant la couronne, la baisse du poids des francophones est moins rapide, on passera de 70% à 66% d'ici 2026. Parce que la population continuera d'y augmenter, le vieillissement se fera moins sentir. Dans le reste du Québec, la population n'augmentera plus, elle diminuera et surtout elle vieillira «très rapidement». Les conséquences de cette «cassure» ne devraient pas être sous-estimées, estime-t-il.


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