Même au beau milieu des vacances, nos économistes ne chôment pas. Encore ce matin, dans nos pages, les professeurs Fortin et Godbout répondent à leur collègue retraité de l'UQAM, Louis Gill, à propos des effets du vieillissement de la population sur les finances publiques du Québec à l'horizon 2050. Que faut-il croire?
À cause du vieillissement rapide de la population au cours des prochaines années, les mises en garde se font plus insistantes afin que le Québec adopte des politiques susceptibles de prévenir les effets de ce phénomène inéluctable sur la capacité financière de l'État d'offrir des services publics de qualité.
Sans entrer dans la querelle de prévisions de revenus et de dépenses à long terme -- un exercice périlleux dont le seul intérêt consiste à illustrer ce qui se produirait si toutes les tendances actuelles se poursuivaient, ce qui est peu probable --, il faut reconnaître comme une évidence la baisse progressive du nombre de travailleurs actifs par rapport aux retraités, et la baisse consécutive des revenus de l'État au moment où les dépenses de santé grimperont fortement. Car prétendre que les baby-boomers seront plus riches et en meilleure santé que leurs parents n'y change rien: globalement, ils paieront moins d'impôts que lorsqu'ils étaient actifs et ils coûteront beaucoup plus cher en soins à mesure qu'ils se rapprocheront de la mort, ce que la réalité actuelle nous démontre déjà sans conteste.
Cela étant admis, la question à un milliard est de savoir que faire?
Là encore, il n'y a pas de réponses évidentes, mais des pistes de travail qu'il importe de préciser rapidement. Alors que certains proposent la création d'une «caisse santé», d'autres rétorquent, avec raison, qu'il est déjà trop tard, que cette approche serait inéquitable puisqu'elle profiterait surtout aux baby-boomers sans qu'ils y aient contribué.
De même, le remboursement de la dette ne fait pas non plus l'unanimité, mais ils sont de moins en moins nombreux à nier l'obligation morale qu'ont les gens encore actifs de contribuer à la réduction du fardeau qui sera légué aux générations suivantes. C'est ce à quoi s'attaque Ottawa grâce à ses excédents fantastiques, et plus timidement Québec par son Fonds des générations. Mais c'est encore trop peu compte tenu de la fraction des revenus du gouvernement québécois qui doit être consacrée chaque année au seul service de la dette.
Mais c'est surtout du côté de l'activité économique qu'il faut se tourner pour dénicher les gains potentiels les plus considérables. On l'a vu à l'échelle du pays, grâce à la croissance dopée par la demande dans le secteur des ressources, l'argent coule à flots à Ottawa. Malgré les baisses d'impôt et la hausse des dépenses, ce gouvernement continue d'engranger des excédents qui devraient être mieux distribués. D'ailleurs, ceux qui prétendent que le déséquilibre fiscal est chose du passé se trompent lourdement: à cause du mode de distribution des transferts au prorata de la population, les régions en croissance démographique soutenue, comme l'Alberta et l'Ontario, profiteront plus que les autres des transferts fédéraux dans l'avenir. Et ce n'est pas la péréquation qui compensera le manque à gagner.
Comme le soulignent les économistes Fortin et Godbout, le Québec doit donc accentuer ses efforts pour être plus productif, seul moyen de créer plus de richesse sans croissance équivalente de la population active. Pour ce faire, le système d'éducation doit être mis à contribution, mais aussi la fiscalité, qui doit être ajustée pour stimuler l'investissement productif. Au lieu de réduire la TPS, par exemple, il serait beaucoup plus efficace de l'augmenter pour les biens et services de luxe et de consacrer cet argent à la baisse de certains impôts sur le travail et l'investissement, par exemple.
Il est également temps que les entreprises et les gouvernements modifient les règles d'accès à la retraite afin d'encourager les gens à rester actifs plus longtemps. On ne dira jamais assez combien les élus de certaines villes sont irresponsables de soutenir, avec l'argent des contribuables, le droit à la retraite à 50 ans, et même plus tôt pour certains employés municipaux -- policiers, pompiers ou personnel d'entretien.
Il faut aussi appuyer la révision périodique des tarifs de toutes sortes pour des services publics comme l'électricité, l'éducation postsecondaire, la garde des enfants, les permis de conduire et autres. L'État n'a pas à subventionner les ménages qui utilisent l'électricité pour se chauffer plutôt qu'une autre forme d'énergie.
Préparer l'avenir, cela doit commencer maintenant par un ensemble de mesures qui répondent à une logique de croissance et de développement. Une simple logique de gros bon sens, en somme.
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j-rsansfacon@ledevoir.com
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