L’audace verte de Legault

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Il devrait surtout s'occuper de la langue française et de la réduction de l'immigration


Dans son discours inaugural du 28 novembre 2018, François Legault avait répété 12 fois le mot « audace ».


Mais à aucun moment en lien direct avec les questions environnementales.


On peut dire qu’hier, ce fut différent. Il a tenu à participer, alors que rien ne l’obligeait, à une annonce « audacieuse » : l’élargissement de la consigne « à tous les contenants de boisson prête à boire de 100 millilitres à 2 litres, qu’ils soient en plastique, en verre ou en métal ».


Cela tranche avec le gouvernement Couillard, où le cabinet du premier ministre, en 2015, avait accepté, puis soudainement retiré son appui à un vaste projet d’élargissement de consigne proposé par le ministre de l’Environnement du temps, David Heurtel.


Un lobby intense s’était activé. Philippe Couillard, à l’époque, voulait jouer contre son personnage de « géant vert » de l’environnement.


À l’inverse, François Legault, lui, travaille à combattre la perception qu’il s’en soucie peu.


Retard


Au reste, le Québec est en retard sur le reste du Canada et plusieurs États américains sur l’utilisation de la consigne.


Sous les pressions de certains lobbys, nous avons collectivement investi depuis des années dans le bac bleu, un système qui fonctionne mal et qui produit souvent de la matière tellement contaminée qu’elle n’est plus vendable comme jadis dans les pays comme l’Inde et la Chine.


Par contraste, la consigne est le système de récupération et de tri le plus efficace. On le voit depuis des décennies avec les contenants de bière et de boissons gazeuses.


En donnant une valeur à ce qui serait autrement considéré comme un déchet, elle instaure un incitatif économique crucial, beaucoup plus efficace que les vertueuses « campagnes de sensibilisation ».


Le bac bleu québécois, où l’on fout toutes les matières dans un même gros contenant, donne l’illusion de la récupération.


Le lobby Éco Entreprises Québec (ÉEQ), qui le défend bec et ongles depuis 15 ans, a d’ailleurs réagi hier avec un communiqué où il « s’inquiète de la décision du gouvernement du Québec ».


Ce qui devrait plutôt inquiéter ? Que depuis des années, un très faible pourcentage des matières que l’on place méticuleusement dans nos bacs soit vraiment recyclé, réutilisé. Ce qui contraint à payer pour les enfouir.


Soyons certains qu’ÉEQ mènera une charge en règle contre le projet du ministre Benoit Charette.


Qui sait, peut-être qu’il recyclera Éric Salvail, embauché en 2015 pour nous affirmer que grâce à eux, nos contenants avaient tous « une seconde vie ».


Vendre ses déchets


L’annonce d’hier a été bien reçue dans les oppositions (Ruba Ghazal, de QS, jubilait) et dans la population (si l’on se fie aux vox pop).


Certaines questions pertinentes sont toutefois soulevées.


Qu’adviendra-t-il des centres de tri ? Faudra-t-il prendre une journée de congé pour aller porter nos déchets afin de retrouver nos sous ?


Le gouvernement a plusieurs mois pour affiner sa proposition. Mais il va dans la bonne direction. Celle de la valorisation des matières, une logique économique qui rendra plus facile d’inventer des solutions durables.




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