L’Acadie, ce 28 juillet 1755 où tout a basculé ! (Première partie)

Chronique de Marie-Hélène Morot-Sir

Jonathan Belcher, juge en chef de la Nouvelle-Écosse depuis 1754, avait rendu ce jugement dans une cause grave de conséquences, en contravention totale pourtant, avec le droit anglais.

Les autorités anglaises de Halifax, avec Charles Lawrence gouverneur de la Nouvelle-Écosse, soutenues par William Shirley, gouverneur de la colonie anglaise du Massachussetts, vont alors décider sans état d’âme, le 28 juillet 1755, de déporter les Acadiens.

Comment ce gouvernement britannique a-t-il pu en arriver à cette extrémité ?

Voyons les faits :

Les Français avec Samuel de Champlain avaient fondé le premier établissement français permanent en Amérique du Nord à Port Royal en 1604, sur la Baie de Chignectou. Lorsqu’ils ont posé le pied sur cette terre autrefois découverte par Jean de Verrazano, ils l’appelèrent tout simplement du nom que ce navigateur lui avait donné; il l’avait en effet baptisé Arcadie l’ayant trouvé aussi prospère et aussi florissante que ces célèbres jardins grecs de l’Arcadie.

Le nom d’origine s’est transformé en Acadie, puis les enfants de ces Français nés sur cette terre d’Acadie se sont appelés tout simplement Acadiens. Ces Français, venus pour la majorité de la région du Poitou, étaient en très petit nombre et cela ne les encouragea pas à vouloir prendre position entre les Anglais de Nouvelle-Angleterre, installés le long de l’Atlantique, ou les Français de la Nouvelle-France installés le long du fleuve Saint-Laurent; ils s’appelèrent eux-mêmes Français neutres, ce que les Anglais traduisirent en « French Neutral » !

Cette situation dura un siècle et demi au cours duquel les Anglais tentèrent de s’emparer de la région en envahissant manu militari Port Royal, comme en 1610 avec Samuel Argall,ou bien à cause des différents Traités de Paix qui avaient lieu à la fin de chaque guerre européenne. L’Acadie passait ainsi quelques temps entre les mains de l’Angleterre puis, par le traité suivant quelques années plus tard, elle était rendue à la France. Voir les traités de Saint Germain en Laye en 1632, de Breda en 1667, de Ryswick en 1697, d‘Utrecht en 1713. Les Acadiens s’accommodaient vaille que vaille de ces situations en continuant malgré tout leur vie, leurs différentes cultures, leurs plantations, leurs travaux.

Ils avaient apporté de France les techniques qui leur permettaient de gagner des terres sur la mer. Ces techniques en terres endiguées ont fait partie de la vie de l’agriculture acadienne dès leur arrivée, mais ce système « d’aboiteaux», avec la construction de digues, demandait un travail prodigieux, tant pour les mettre en place que pour les entretenir.

Ces digues ont été élevées dans la région des mines où des travaux importants avaient été entrepris en vue de l’exploitation agricole de cet immense marais mais également en de nombreux autres endroits ainsi qu’autour de Port Royal*.

La communauté des Français d’Acadie n'était certes pas très importante mais la famille était le socle sur lequel elle s'appuyait. Grâce à tout ce labeur intense, les Acadiens parvenaient à avoir un niveau de vie agréable. Leurs confortables maisons, construites selon les plans venus de France, l’étaient avec les matériaux du pays. Leur nourriture était très variée du fait de l’important travail qu’ils fournissaient tous pour produire les légumes et les fruits qu'ils faisaient pousser en abondance grâce aux terres qu’ils avaient défrichées, grâce aux bêtes qu'ils élevaient. Les Acadiens faisaient largement profiter leurs amis Micmacs de ces bienfaits. De plus de nombreux Acadiens s’adonnaient aussi à la pêche et à la chasse ramenant poisson et gibier. Quant aux colonies de Nouvelle-Angleterre les plus proches, comme le Massachusetts, elles leur achetaient leurs produits.

Les Acadiens travaillaient certes beaucoup mais ils aimaient se distraire, ils appréciaient les fêtes, la danse, les chants ainsi que les contes qu'ils racontaient aux veillées, ayant apporté de France cette habitude ancienne qui dessinait la base d’une vie culturelle active. Il est intéressant d'observer qu'en 1690 le peuple acadien présentait des caractéristiques bien distinctes de toutes les autres colonies européennes d'Amérique du Nord, formant une communauté tout à fait particulière. Ce qui a été à la base de cette différence et par conséquent de l'émergence d'une identité acadienne propre fut très certainement leur petit nombre sur ce nouveau sol. Ils étaient si peu nombreux qu'il leur était impossible d’assurer leur sécurité; ils devaient donc agir d’une manière circonstanciée, selon les événements qui se présentaient à eux, sans vouloir ni pouvoir réellement s'occuper des intérêts de la France dans la région. C’est pourquoi ils se préoccupèrent uniquement de leurs propres intérêts, ce qui ne semblait déjà pas une mince affaire !

Ces premiers Français ont bâti leurs maisons, ensemencé leurs champs, travaillé la terre, tout en créant des liens d’amitié très forts avec les Amérindiens Micmac/Mi’kmaq et Etchemins, ces premiers habitants de ce sol qui dès le premier jour les avaient accueillis avec amitié.

Et puis, il y eut le traité d’Utrecht en 1713 !

Cet événement majeur allait bouleverser totalement la vie des Acadiens. Cette fois et pour de bon, l’Acadie devint définitivement anglaise.

Ce Traité d'Utrecht, donnant l’Acadie à l'Angleterre va, en effet, totalement changer les choses. Il met fin en Europe à une longue guerre, la guerre de succession d’Espagne, qui opposait de nombreux pays revendiquant tous, pour un de leurs descendants, ce trône espagnol vacant. Mais ce traité a amené plus particulièrement la paix, au moins pour quelque temps, entre la France et l’Angleterre, ces deux pays si souvent engagés l’un contre l’autre.

Cela permit de retrouver durant cette période enfin un peu de calme.

Cependant, pour obtenir cette paix, la France avait été obligée de céder, entre autres, l'Acadie à l'Angleterre, avec ces terres fertiles que les Anglais convoitaient depuis si longtemps, et qu’ils avaient déjà pu s’approprier plusieurs fois dans le passé.
Durant chaque période de possession anglaise de l'Acadie, les Anglais avaient bien essayé de faire signer le serment d’allégeance à la couronne d’Angleterre aux Acadiens, craignant plus que tout que ces Français de « Scotia Nova », comme ils avaient eux-mêmes rebaptisé l’Acadie, n’aillent soutenir les Français de Nouvelle-France, cette Nouvelle-France qu’ils n’avaient de cesse de vouloir envahir et conquérir. Pourtant les Français d’Acadie leur répétaient à satiété qu’ils étaient neutres, un point c’est tout. Ils ne voulaient surtout pas qu’en signant ce serment d’allégeance les Anglais puissent un jour les envoyer combattre les Français des bords du Saint-Laurent ou encore qu’ils leur interdisent leur religion catholique.

Depuis le traité d’Utrecht de 1713, les Anglais avaient décrété que toute l’Acadie leur revenait, non seulement le territoire de la Nouvelle-Écosse mais également toute la partie continentale appelée aujourd’hui Nouveau-Brunswick, ainsi que la Gaspésie. Pour eux, la seule frontière avec les Français de la Nouvelle-France étaient les bords du fleuve Saint-Laurent, affirmation totalement inacceptable pour la France.

Pendant toute cette période, les Anglais gérèrent uniquement la seule région de Port-Royal, n’exerçant en Nouvelle-Écosse qu’un contrôle irrégulier n’ayant visiblement dans cette province aucun intérêt réel, une absence flagrante de politique depuis Londres sur cette terre française, uniquement habitée par des Français. Il était assez difficile de gouverner tous ces Français dispersés depuis le fort de Port-Royal, mais la crainte de voir s’agrandir la puissance française existait bel et bien, d’autant que la France avait conservé l’île Royale sur laquelle elle commençait à construire la forteresse de Louisbourg.. C’est pourquoi en 1720 les autorités de Londres vont sérieusement envisager d’administrer plus sérieusement la colonie, Philipps Richard, originaire de Pembrokeshire dans le pays de Galles, est le premier à être chargé de fonder pour de bon cette nouvelle colonie.

Du côté de la France, il était très important que les Anglais respectent les limites de la Nouvelle-Écosse et ne franchissent pas la frontière qui était située au niveau de l’isthme de Chignectou. Pour cela, sur l’avis de Roland Michel Barrin comte de la Galissonnière, chef d’escadre et commissaire du Roi de France, ils vont construire à cet endroit le fort de Beauséjour en 1751. Cela bloqua les Anglais durant quatre ans en les empêchant de continuer de s’étendre.

En même temps les Français incitèrent les Acadiens à passer du côté français pour tenter d’y reconstruire en quelque sorte une nouvelle Acadie... Mais comment laisser sa maison, ses terres, ses cultures ? Beaucoup ne purent s’y résoudre…

C’est pourquoi, au cours de ces années plusieurs tentatives furent faites par la France pour reprendre l’Acadie, entre autres par le gouverneur de Louisbourg, Jean-Baptiste Louis le Prévost de Duquesnel, en envoyant corsaires et flibustiers arraisonner les navires marchands anglais qui circulaient entre Terre-Neuve et les colonies de Nouvelle-Angleterre. Une expédition arriva également à reprendre le fort de Cansau en mai 1744.

Cependant, l’année suivante, en mai 1745, les Anglais attaquent et prennent Louisbourg. Une expédition maritime, menée par Nicolas de la Rochefoucauld duc d’Anville, à la tête d’une flotte importante, traverse l’Atlantique en 1746 dans l’espoir de reprendre la forteresse et, pourquoi pas, de reprendre toute l’Acadie.

Malheureusement les tempêtes et le scorbut décimeront l’expédition avant même son arrivée sur les rivages de Chibouctou. (Halifax)

De son côté le gouverneur de la Nouvelle-France encourageait les Acadiens à la résistance. Pour les aider, il soutenait les différentes actions militaires sur place avec Nicolas de Ramezay et six cents Canadiens, ou encore l’action incroyable de son neveu Charles de Boishébert à Petit Codiac, ou même comme à Grand Pré avec Nicolas Coulon de Villiers ou cette autre expédition de deux cent quarante soldats accompagnés de miliciens canadiens et d’Amérindiens Abénaquis commandés par Bernard Anselme de Saint Castin, en février 1747. Ce jeune homme avait pdris la relève de son père, le célèbre Jean-Vincent d’Abbadie baron de Saint Castin. Il y eut tant et tant d’autres soutiens aux Acadiens, si nombreux qu’il est difficile de tous les évoquer. Rappelons seulement ceux de Joseph Brossard dit Beausoleil, de l’abbé Le Guerne ou de l’abbé Le Loutre et ses indéfectibles Micmac qui attaqua bien souvent les Anglais, à tel point que sa tête fut mise à prix..

Les représailles anglaises sont alors de plus en plus nombreuses, la situation des Acadiens devient fort « délicate » jusqu’au moment où les Anglais décident de leur enlever d’autorité toutes leurs armes afin qu’ils ne puissent se ranger du côté des Français, armes qui leur servaient pourtant à se défendre et à chasser.

Leur condition va encore nettement s’aggraver après la guerre de Succession d'Autriche et le traité d’Aix la Chapelle de 1748 qui rendra Louisbourg à la France. Les Anglais font alors venir deux mille cinq cents colons anglais supplémentaires ainsi qu’un grand nombre d’Allemands accompagnés de toute une troupe militaire. En 1749 ils vont donner cette fois à leur nouvelle colonie une vraie capitale, à l’emplacement même du petit bourg au charmant nom amérindien de Chibouctou. Ce sera désormais Halifax*. Cela leur permettra à la fois de concurrencer le port français de Louisbourg et en même temps d’attirer de nouveaux colons. Déjà de nombreux Anglos-saxons des colonies de Nouvelle-Angleterre arrivent pour s’installer en Nouvelle-Écosse, encouragés par Edward Cornwallis, le nouveau gouverneur, espérant qu’une émigration intensive inciterait ces Français d’Acadie à partir d’eux-mêmes !

Les Acadiens ont tenté de continuer malgré tout leur vie sans réellement s’apercevoir au commencement combien les nouveaux dirigeants anglais et les colons qui commençaient à arriver leur enviaient leurs si bonnes terres. Pourtant, au fur et à mesure que ces nouveaux arrivants grandissaient en nombre la demande de terres pour leur installation devint énorme, d’autant que ces derniers ne comprenaient pas pourquoi le gouvernement britannique ne leur attribuait pas d’office les terres des Français, se rendant compte que les meilleures terres n’étaient pas disponibles puisqu’elles leur appartiennent. Et pour cause, ce sont eux qui les ont défrichées et entretenues depuis cent cinquante ans… Ce sont sur ces terres mêmes que leurs pères venus de France, et les pères de leurs pères, se sont solidement implantés.

Alors les choses vont se précipiter !

L’attaque du fort Beauséjour est programmée. Une reconnaissance est effectuée par Charles Lawrence, envoyé par le gouverneur Cornwallis, puis les Anglais reviendront en force le 3 juin 1755 avec une flotte de trente-six navires à l'embouchure de la rivière Missaguash. La flotte comprenait deux mille trois cent cinquante soldats et miliciens.
Le gouverneur du Massachusetts, William Shirley, a collaboré non seulement à cette décision mais également en envoyant plus de deux mille hommes. La garnison française n’est pas nombreuse face à cette force anglaise mais les Français résisteront malgré leur petit nombre jusqu’au 16 juin. Le commandant du fort, Louis Dupont Duchambon, Sieur de Vergor, était entouré à peine de cent cinquante soldats des compagnies franches de la marine, d’une douzaine de canonniers et de miliciens auxquels s’étaient rajoutés trois cents Acadiens et Micmac.. Cette fois les Acadiens ne se considéraient plus comme neutres ! Dès la prise du fort, les Anglais rebaptisent Beauséjour « Cumberland » et très rapidement ils installent des colons sur l’isthme de Chignectou, souhaitant que cette colonisation serve de barrière, empêchant les Français de l’île Royale et de l’île Saint-Jean de rejoindre ainsi la Nouvelle-France !

Un premier pas venait d’être franchi, les autres n’allaient plus tarder. Les dirigeants britanniques de Nouvelle-Écosse et leur âme damnée, W. Shirley du Massachusetts, étaient déterminés à en finir avec la présence de ces Français d’Acadie !

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*Port Royal, devenu depuis « Annapolis », nom donné par les Anglais en hommage à leur reine Anne, à la suite du traité d‘Utrecht, avec ce choix du mot grec « polis » : ville/cité plutôt que le même en anglais "town".
* Les gouvernements anglais successifs n’ont jamais appelé ces Français d’Acadie, Acadiens, curieusement c’est seulement lorsqu’ils ont commencé à les déporter qu’ils ont employé ce terme régional.
*Du nom de George Montagu-Dunk, comte de Halifax, président de la chambre de commerce.

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Marie-Hélène Morot-Sir151 articles

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Auteur de livres historiques : 1608-2008 Quatre cents hivers, autant d’étés ; Le lys, la rose et la feuille d’érable ; Au cœur de la Nouvelle France - tome I - De Champlain à la grand paix de Montréal ; Au cœur de la Nouvelle France - tome II - Des bords du Saint Laurent au golfe du Mexique ; Au cœur de la Nouvelle France - tome III - Les Amérindiens, ce peuple libre autrefois, qu'est-il devenu? ; Le Canada de A à Z au temps de la Nouvelle France ; De lettres en lettres, année 1912 ; De lettres en lettres, année 1925 ; Un vent étranger souffla sur le Nistakinan août 2018. "Les Femmes à l'ombre del'Histoire" janvier 2020   lien vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=evnVbdtlyYA

 

 

 





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9 commentaires

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    7 août 2014

    Monsieur Guénen, je vous remercie de souligner que Samuel de Champlain n’a peut-être pas été le seul fondateur de la Nouvelle France.
    A l’île de Sainte Croix il était arrivé avec l’expédition de Pierre Dugua, mais ce dernier dont le monopole de commerce était disputé par les marchands de Dieppe et et de Rouen, était retourné immédiatement en France.
    C’est bien Champlain qui a fait traverser la baie après l’hiver désastreux où tant de personnes n’avaient pas survécu, pour construire sur cette côté abritée, le petit fort de Port Royal. De même à Tadoussac il a remplacé avec François Gravé du Pont, Pierre Dugua, Sieur des Mons, retenu à nouveau en France pour défendre son monopole de commerce à ces puissants marchands.

    Pierre Dugua lui-même avait succédé à Pierre chauvin de Tonnetuit et à Armand de Chaste… Tous ont ouvert la voie à la fondation de Québec, et à Champlain ! Pourtant seul Champlain a pu la mettre en œuvre.
    Pierre Dugua, sieur des Monts, était un ancien compagnon de Pierre chauvin de Tonnetuit, lieutenant des pays de Terre-Neuve et Labrador, Canada et Hochelaga. Armand de Chaste a succédé à la mort de ce dernier, sous le titre de Vice-Roi de la Nouvelle France, mais lui-même décédera quelques mois à peine après avoir pris sa charge. Seul restait Pierre Dugua, mais ne possédant aucun titre il n’aurait pas pu avoir les pouvoirs nécessaires à cette charge royale. Il obtiendra le titre de « lieutenant général en Acadie et autres endroits en Nouvelle France » le 8 novembre précédant l’Acte officiel et juridique du 18 décembre 1603 qui délivrait officiellement « les lettres patentes » nécessaires. Ces monopoles de commerce étaient attribués afin que les personnes se chargent de tout « sans rien pouvoir tirer des coffres de sa majesté »
    C’est pourquoi le riche seigneur Jean de Poutrincourt vendra une grande partie de ses biens pour soutenir financièrement Pierre Dugua dans l’expédition de Port Royal. Mais peu après Pierre Dugua perdra la totalité de son monopole de commerce, les marchands puissants et jaloux étaient arrivés, en effet à en convaincre le roi.
    Samuel de Champlain poursuivra malgré tout la fondation de la Nouvelle France sans grands moyens, mais avec détermination au bord du Saint Laurent. Tandis que Poutrincourt puis son fils après lui, poursuivront l’implantation d’une petite colonie à Port Royal jusqu’à la prise du fort par les Anglais avec Samuel Argall en 1610.
    Samuel de Champlain a-t-il usurpé son titre de fondateur de la Nouvelle France ? Nombreux sont ceux qui en effet en ont parlé.. Les pour, les contre. Reste les faits sur lesquels s’appuyer sans oublier non plus que Champlain a été entouré d’un grand nombre de merveilleux compagnons venus de France avec lui, mais aussi tous ceux arrivés tout au long des années suivantes, dont l’Histoire n’a pas oublié les noms.
    Mais est-il possible d’enlever ce que l’on doit réellement à Samuel de Champlain qui a su bâtir, une fois envoyé sur les bords du Saint Laurent, les prémisses de ce que sera plus tard votre magnifique ville de Québec sur cet emplacement » le plus beau du monde »comme l’exprimera plus tard Frontenac.
    C’est bien lui, Samuel de Champlain, qui dessinera les plans et fera construire le petit fort de Québec, le premier fort de la Nouvelle France.
    Davantage d'explications au sujet des " actes juridiques de la Nouvelle France", article paru dans la revue Veritas Acadie.
    Le numéro 2 de Veritas Acadie est lanc&e... - Scoop.it

  • Archives de Vigile Répondre

    6 août 2014

    Madame,
    Le commentaire qui suit ne concerne pas seulement l'Acadie mais l'ensemble de la Nouvelle-France.
    Vous écrivez:
    "Les Français avec Samuel de Champlain avaient fondé le premier établissement français permanent en Amérique du Nord à Port Royal en 1604".
    Une recherche rapide m'a cependant permis d'établir ce qui suit:
    Dans le livre intitulé «Les Voyages de Samuel de Champlain au Canada de 1603 à 1618», publié en 1908, l’auteur attribue la fondation de Port Royal à Jean de Poitrincourt. Voir aussi: Mathieu d'Avignon, ‘Champlain et les fondateurs oubliés, les figures du père et le mythe de la fondation’, Québec, Les Presses de l'Université Laval,‎ 2008. L'auteur y remet en cause l'image populaire du fondateur unique. Pour un commentaire sur le livre voir : Louis Cornellier, «Le complot de Champlain», Le Devoir,‎ 19 avril 2008.
    Extrait du résumé du livre: «Lorsqu’on pense à la fondation de Québec et de la Nouvelle-France, un nom vient immédiatement à l’esprit: Champlain. À travers l’ensemble de ses récits de voyages, Champlain rapporte les faits qu’il juge marquants. Il construit du même coup une représentation de son propre personnage et un récit de la fondation. En éditant en 1632 une synthèse de ses publications précédentes, il retranche les noms de ses anciens collaborateurs et amis, en particulier ceux de François Gravé et de Pierre Dugua, deux autres «fondateurs» longtemps oubliés, il passe du «nous» au «je» et s’attribue le rôle du fondateur unique.
    Rappelons, enfin, qu'en 1604, Dugua organise une expédition qu'il conduit en personne au sud-est du Canada, où il est ACCOMPAGNÉ de Samuel Champlain, qui y PARTICIPE en tant qu'explorateur, géographe et cartographe, et de Jean de Poutrincourt.
    Champlain, un usurpateur des titres glorieux qu'on lui a accordé?
    Cordialement vôtre.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 juillet 2014

    Passionnant. Et quel talent d'écriture. Bravo.

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    29 juillet 2014

    Monsieur Pérez-Martel,
    Merci de votre charmant message.
    Le réalisateur de l’émission Secrets d’Histoire, sur le cardinal de Richelieu, José Fosse, m’avait interviewée à Paris pour la partie concernant la Nouvelle France, durant une heure trois quarts... Cependant, dans la vie politique de Richelieu, la partie concernant la Nouvelle France n’étant pas la plus importante, la durée de l’enregistrement sur ce sujet particulier a été très réduit... Toutefois, réjouissons-nous que dans une émission d’Histoire à la télévision française, il y soit fait référence.
    Bien cordialement,
    Marie-Hélène M-S

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    29 juillet 2014

    Merci infiniment de vos commentaires et de l’intérêt que vous portez à cette période dramatique de l’Histoire de la Nouvelle France.
    A Monsieur Boulet : Effectivement il y aura bien une suite très rapidement à cette première partie.
    A Monsieur Carron : Joseph Brossard, plus communément appelé Beausoleil du lieu où il est né, à quelques milles à peine de Port Royal, a été un extraordinaire résistant Acadien et malgré des mois de prison dans les geôles d’Halifax, il n’a pas hésité à s’investir à nouveau contre les conquérants anglais.
    Il obtint par la suite une commission du gouverneur de la Nouvelle France pour pouvoir armer un petit corsaire avec lequel dans la baie des Français (aujourd’hui baie de Fundy), secondé par ses quatre fils, il parvint à arraisonner quatre vaisseaux anglais, qu’il achemina aux milieu de mille dangers, du côté de la Baie des Chaleurs, à Miramichi.
    Il a voulu résister jusqu’au bout devant l’injustice faite à ceux qui devaient accepter le décret inique, les obligeant à quitter le territoire qu’ils avaient eux-mêmes construit, les transformant en proscrits dans leur propre pays.
    Aujourd’hui ses descendants en Louisiane et en Acadie, transmettent avec émotion et reconnaissance le souvenir de celui qui incarne magnifiquement la résistance acadienne, contre la puissance anglaise.!

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    28 juillet 2014

    Madame Morot-Sir
    Vous avez écrit une autre intéressante page de l’Histoire de la Nouvelle France et félicitations pour votre participation comme historienne dans Secrets d’Histoire (au canal TV-5, 28 juillet 2014) concernant la vie politique du premier ministre de Louis XIII; épisode intitulé Cardinal de Richelieu : le ciel peut attendre
    Cordialement,
    Jean-Louis Pérez-Martel

  • Mario Boulet Répondre

    28 juillet 2014

    Très intéressant. J'espère une suite...

  • Serge Jean Répondre

    28 juillet 2014

    Très intéressant et bien détaillé. Merci à vous madame Sir.
    Serge Jean

  • Archives de Vigile Répondre

    27 juillet 2014

    Bonjour ! j'aimerais en apprendre plus au sujet de Joseph Beausoleil.Il serait devenu un corsaire et aurait arraisonné un navire anglais dans le golfe st-laurent en 1759.
    merci