La frégate Hermione, était un fin voilier, dite frégate de 12, parce qu’elle était armée de canons tirant des boulets de 12 livres soit 6 kg.
Elle faisait partie d’une série de quatre frégates mises en chantier à Rochefort avec « la Courageuse, « la Concorde » et « la Fée » sur les plans de l’ingénieur Chevillard aîné.
Elles appartenaient à la catégorie des frégates dites légères, caractérisées par leur vitesse et leur grande maniabilité. Ces frégates plus maniables qu’un vaisseau de guerre, étaient rattachées à une escadre, servant tout à la fois d’éclaireur, de répéteur des signaux du vaisseau amiral, au cours de la bataille, elles jouaient un peu le rôle de Saint Bernard des mers, apportant les secours rapides nécessaires, elles pouvaient également, avec leurs grandes qualités de maniabilité, devenir corsaires.
Les noms des bateaux en général et des frégates en particulier étaient choisis selon différents vocables, noms ou adjectifs, évoquant quatre thèmes principaux :
- La mer : de la mythologie marine ou à partir de noms de divinités (Neptune, Mars) ou de héros (Achille) mais aussi de la jalouse Hermione ou de la terrible Amazone.
- La guerre : parfois ces noms pouvaient être choisis également pour impressionner l’ennemi en baptisant les vaisseaux de guerre le Terrible, le Foudroyant, Le Vigilant.
- La souveraineté : le Royal..
- La géographie : des noms de provinces françaises: Le Provence, L’île de France ou encore Navarre, Anjou, etc. Y compris le Saint Laurent en 1748.
À remarquer, il y a eu peu ou pas du tout de noms rappelant la religion catholique.
Celui de l’Hermione est issu de la mythologie grecque, Hermione était une Atride, fille de Ménélas et d’Hélène
Les noms choisis pour les frégates étaient tous des vocables féminins.
Certains noms masculins donnés aux vaisseaux pouvaient être féminisés pour les frégates, ainsi par exemple le Capricieux, devint pour une frégate La Capricieuse, bien connue au bord du Saint-Laurent car elle avait remonté le fleuve cent ans après la Conquête.
Les noms influencent et identifient les navires, d’où découleront les décors symboliques, la sculpture de la poupe ainsi que la figure de proue.
Cette frégate avait été construite en onze mois, six mois pour sa mise sur cale et le restant pour qu’elle soit totalement achevée.
Il aura fallu à l’arsenal de Rochefort plus de trois cents ouvriers et plus de 35.000 journées de travail avec des charpentiers, des forgerons, des perceurs, des cloueurs des calfats etc. Sachant que la journée du Roy était de 12 heures par jour aux XVIIe et XVIIIe siècles. La vie à bord, comportant trois cents hommes sur un navire de quelque cinquante mètres de coque, devait être très disciplinée pour résoudre tous les problèmes dus à la promiscuité.
La reconstitution à l’identique aujourd’hui se sera passée dans de toutes autres conditions, avec une association de personnes enthousiastes, qui a dû trouver les financements au jour le jour, mais surtout il aura fallu retrouver les savoir-faire de cette époque, tout en conciliant les règles de sécurité moderne…
Le 20 septembre 1793 l’Hermione terminera sa course à peine sortie de l’estuaire de la Loire, sur un rocher au large du Croisic. La cale ouverte se remplira d’eau. C’est en août et septembre 1992 que le GRAN, Groupe de recherche en archéologie navale, a prospecté dans les atterrages de la Loire après avoir localisé l’épave de l’Hermione. Il a procédé à son identification certaine.
La frégate Hermione était partie le 10 mars 1780. Lafayette s'y étaitt embarqué apportant aux Insurgés anglos-saxons, trente-huit jours plus tard à Boston, un vent de liberté. Pour que vive la liberté, il faudra toujours que des hommes et des femmes se lèvent et secouent l’indifférence et la résignation.
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6 commentaires
Archives de Vigile Répondre
29 juillet 2014Madame
Toutes mes excuses je confesse mon erreur.Mauvaise lecture de ma part ou mémoire qui flanche mais vous avez entièrement raison le terme frégate de 12 correspond bien au poids du boulet tiré et non au nombre de pièces embarquées.
Respectueusement.
B.Buisson
Archives de Vigile Répondre
28 juillet 2014Merci Madame de cet intéressant article.Je crois que l'appélation frégate de 12 ne fait pas référence au poids du boulet tiré mais plutôt au nombre de canons embarqués,6 à tribord et 6 à babord.
C'est ce qu'écrivait J de La Varende dans ces ouvrages sur la marine à voile.
J'ai vivement apprécié votre article sur l'Acadie.
Respectueusement.
B.Buisson
Marie-Hélène Morot-Sir Répondre
15 juillet 2014Cher Monsieur Sauvé, merci comme toujours de votre commentaire. Je vais tenter de répondre à votre question, aidée par l’Histoire, car vous vous en doutez les questions militaires ne sont pas tout à fait de ma partie !...
L’Unité de masse du système de mesure du roi de France est attestée depuis 1266. Elle a été abolie en août 1793 au moment de la Révolution française et a été remplacée par le système métrique décimal.
Les différents calibres se mesurent en effet suivant le poids du boulet:
Un canon de douze comme pour la frégate Hermione pèse 5,448 un canon (qui sont souvent arrondis à 6 kg dans un récit) correspondra à un diamètre de 5,3 mm
Un canon de 36 livres pèse 17,6 kg correspondra à un diamètre de 174, 8mm Un canon de 36 est le plus gros calibre à être embarqué sur les vaisseaux à voile.
La livre française est de 489,5 grammes la livre britannique de 453,6 gr
Les Anglais mesurent les calibres en centièmes et millièmes de pouce ( 1 pouce = 25,4 mm) La conséquence est qu'en cas de prise d'un navire, l'ensemble de son artillerie devait être intégralement remplacée afin d'être adaptée aux munitions en usage dans le pays qui s'était emparé du navire.
Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval, ingénieur militaire français, en 1774 a réformé l’artillerie de campagne par la standardisation et la mobilité des pièces, ce qui donna par la suite une certaine supériorité aux victoires des révolutionnaires français (ex. Valmy 1792) et par la suite aux armées de Napoléon.
Bien cordialement à vous,
Marie-Hélène M-S
Archives de Vigile Répondre
14 juillet 2014Si la marine qui a sauvé l'amérique vous intéresse lisez sur les deux Louis-Philippe de Vaudreuil sur wikipedia. Le père est un québécois né à Québec.
Le fils du même nom est le héro de la liberté américaine, il est le 2ième plus haut gradé de toute la marine de france.
Louis-Philippe de Vaudreuil (le fils) a contribué a la bataille Navale devant Yorktown en 1781 sur le le Septre. Il a protéger Washington à Boston en 1781 et Il a reconduit l'armée victorieuse de Rochambeau vers la france en 1782.
Yorktown 1781 a été la défaite finale des anglais en amérique. Et donc la véritable naissance de la Monarchie Anglaise du Canada. Ce n'est qu'après cette défaite que les anglais sont venus s'installer au Québec et ensuite au Canada.
Louis-Philippe de Vaudreuil (le père) était responsable de Rochefort en 1725.
René Marcel Sauvé Répondre
14 juillet 2014Bonjour chère madame Morot-Sir
Est-ce que boulet pesait réellement 12 livres ou est-ce que le calibre du canon n'était pas celui du diamètre d'un boulet de 12 livres?
Je pose la question parce que j'ai été formé comme militaire chez les Britanniques et que le terme anglais "pounder" signifie le diamètre du canon mesuré à partir du diamètre d'un boulet dont on connaissait le poids.
Entre autres, nous avions un canon de campagne qualifié le 25 pounder, c'est-à-dire que le diamètre du tube était équivalent au diamètre d'un boulet de fer de 25 livres.
Les canons antichar étaient le six pounder et le seventeen pounder. Il me semble que cette unité de mesure des calibres venait de France en premier lieu.
Salutations cordiales et toujours heureux de vous lire.
René Marcel Sauvé
Archives de Vigile Répondre
14 juillet 2014Ces grands voiliers du 18ième siècle m'ont toujours fait rêver. Il faut dire qu'à cette époque la France construisait les meilleurs navires du monde ! Le [vaisseau de 74 canons->https://fr.wikipedia.org/wiki/Vaisseau_de_74_canons] en est un bon exemple.
Lorsque les Anglais ont réalisé la supériorité des navires Français, ils se sont rapidement mis à copier les modèles Français. Mieux encore, ils cherchaient souvent à capturer les navires Français pour les incorporer dans leur marine de guerre.
Ce fut le cas de l'Alcide vaisseau de 64 canons envoyé en Nouvelle-France en 1755. Même armée en flûte (c.a.d. avec la plupart des canons retirés), il fallu cinq heures à cinq vaisseaux Anglais pour le capturer. Notez que la guerre entre la France et l'Angleterre n'était pas encore déclarée ! Par la suite l'Alcide fut incorporée dans la flotte de Wolfe et pris part au siège de Québec en 1759.
Il y a un article de wikipédia très bien fourni sur l'histoire de la marine Française au 18ième siècle.