Lors de sa visite en Inde, le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'est tous les jours présenté affublé de différents habits traditionnels, au risque d'en faire un peu trop. Une «diplomatie de la mode» qui est loin d'avoir convaincu.
En visite officielle en Inde depuis bientôt une semaine, le Premier ministre canadien Justin Trudeau apparaît plus souvent avec sa famille et habillé de vêtements traditionnels de la région visitée qu'en compagnie de responsables politiques indiens.
A tel point que la presse indienne, à l'instar de The Print, s'interroge sur l'efficacité de cette «diplomatie de la mode».
Les internautes canadiens s'en donnent, eux, à cœur joie, brocardant sans ménage les images de la rencontre de la famille Trudeau, en habits traditionnels, avec la star de Bollywood Shahrukh Khan, vêtu à l'occidentale.
«Les Indiens se demandent pourquoi [Justin] Trudeau et sa femme s'habillent comme une femme et un homme qui vont se marier. Est-ce que les Trudeau pensent que c'est ainsi que les Indiens s'habillent ?», raille ainsi une internaute.
Omar Abdullah, ancien chef de la province de Jammu et Cachemire, s'amuse sur son compte Twitter, moult photographies à l'appui, de voir la famille Trudeau habillée par les plus grands couturiers indiens : «N'y a-t-il que moi qui trouve que cette mise en scène gentillette dépasse les bornes ? Pour votre gouverne, nous, les Indiens, ne nous habillons pas comme cela tous les jours monsieur... pas même à Bollywood.»
Visites répétées de temples, rouleau à pâtisserie en mains pour faire le pain traditionnel, incartade sur un terrain de cricket... Justin Trudeau s'est même permis quelques pas de danse.
Le 23 février, à la veille de son retour pour Ottawa, le Premier ministre canadien doit finalement rencontrer son homologue indien, Narendra Modi. Ce dernier, dans ce qui semble être un trait d'humour, a publié un message sur Twitter dans lequel il constatait que «le Premier ministre Justin Trudeau et sa famille [avaient] passé un séjour très agréable».
Cette mise en scène perpétuelle de Justin Trudeau n'a cependant pas masqué un sévère accroc diplomatique. Le 22 février, le Premier ministre a dû s'expliquer sur l'annulation au tout dernier moment d'une rencontre avec un extrémiste sikh, Jaspal Atwal. Ce dernier, citoyen canadien et domicilié en Colombie-Britannique a été impliqué dans une tentative d'assassinat en 1986 sur le sol canadien d'un responsable politique indien. Condamné en première instance à 20 ans de prison, le jugement avait ensuite été infirmé en appel.