Israël: les tweets de l'ambassadrice du Canada font jaser

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Son jupon sioniste dépasse

(Ottawa) La nouvelle ambassadrice du Canada en Israël est à ce point active sur Twitter qu'un article publié dans la presse locale se demande si ses interventions ne relèvent pas davantage de l'activisme politique que de la diplomatie.
L'article en question, publié dans le Times of Israel hier, commence en soulignant que Vivian Bercovici connaissait à peine Twitter lorsqu'elle a été nommée à ce poste, en janvier. «Maintenant, ses sorties depuis le début de l'opération Bordure protectrice, il y a deux semaines, sont difficiles à manquer», a noté une journaliste de la publication en ligne.
«On pourrait même dire qu'elles franchissent la ligne - ou la longent - entre la diplomatie et l'activisme politique.»
La nomination de Mme Bercovici a fait sourciller lorsqu'elle a été annoncée. L'avocate dans un bureau de Toronto, de religion juive, n'avait pas d'expérience diplomatique. Ses positions à l'égard d'Israël, exprimées dans le Toronto Star, étaient cependant similaires à celles du gouvernement Harper.
«C'est de l'activisme politique seulement dans la mesure où je prône la position et les politiques du gouvernement du Canada», s'est-elle défendue dans l'entrevue qu'elle a accordée au Times of Israel.
«Mes tweets sont rédigés de manière énergique. J'aime penser qu'ils reflètent le message et le ton du premier ministre Stephen Harper et le ministre des Affaires étrangères John Baird en termes de soutien non équivoque à Israël.»
«Surpris»
L'ambassadrice est particulièrement active sur Twitter depuis deux semaines, avec l'intensification des affrontements. Certains de ses messages relaient ceux de l'armée et du gouvernement israélien, dont celui-ci du premier ministre Benyamin Nétanyahou: «Plutôt que de construire des garderies à Gaza, le Hamas construit des tunnels pour faire exploser nos garderies et tuer nos enfants.»
Elle exprime aussi ses propres positions: «Les "activistes" qui disséminent des mensonges et de la haine: demandez-vous pourquoi vous êtes silencieux quand les civils israéliens sont ciblés par les roquettes du #hamas #IsraelUnderAttack».
Norman Spector, qui a été ambassadeur du Canada en Israël de 1992 à 1995 et chef de cabinet du l'ancien premier ministre Brian Mulroney, s'est dit surpris du «parti pris» de ces déclarations. «Cela me surprend de lire ses tweets et retweets», a-t-il affirmé.
«Par contre, à mon époque, l'ambassadeur était responsable pour les relations avec Israël et pour les relations avec les Palestiniens, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, si je ne me trompe pas», a-t-il ajouté.
Le bureau du ministre des Affaires étrangères, John Baird, a confirmé que cette dernière responsabilité incombe au Bureau de représentation du Canada auprès de l'Autorité palestinienne.
«Tout notre appui»
Le ministre John Baird n'a pas bronché lorsque La Presse lui a demandé de réagir. «Elle est là pour représenter les intérêts canadiens, les valeurs et la position canadienne, et elle le fait très bien», a déclaré un porte-parole par courriel. «Elle a tout notre appui.»
Des experts n'ont pas été particulièrement surpris en lisant ces propos. «Elle a été choisie au départ parce qu'elle avait ces convictions», a souligné Rex Brynen, professeur de sciences politiques à l'Université McGill.
«Je ne crois pas que cette distinction [entre diplomatie et activisme politique] existe réellement, a quant à lui noté le professeur Roland Paris, de l'Université d'Ottawa. Les diplomates ont plusieurs fonctions, et l'une d'elles est d'être un défenseur des positions de leur gouvernement.»
«Les tweets de l'ambassadrice affichent une position qui est entièrement alignée avec celle du gouvernement Nétanyahou. Et en ce sens, c'est plutôt cohérent avec celle du gouvernement canadien... Il semble y avoir un manque d'attention portée aux difficultés vécues par les civils innocents à Gaza», a-t-il ajouté.
Cet alignement du gouvernement Harper avec celui de Nétanyahou est bien connu. D'ailleurs, lors d'un rassemblement à Montréal, lundi, le ministre conservateur Pierre Poilievre a affirmé que «100% du blâme est imputable au Hamas» dans le conflit.


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