Andrew Scheer déménagerait l’ambassade du Canada en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem s’il devenait premier ministre.
Le chef conservateur s’était déjà engagé il y a un an à reconnaître Jérusalem comme capitale de l’État d’Israël, mais il n’avait pas précisé ce qu’il adviendrait de l’ambassade canadienne dans ce pays. Avec sa promesse de mardi, le Canada s’alignerait sur le gouvernement de Donald Trump, qui a déjà déménagé son ambassade à Jérusalem, provoquant le courroux des Palestiniens.
Jérusalem est un territoire revendiqué par les Palestiniens et par les juifs israéliens ; son statut est au coeur de tous les pourparlers de paix au Proche-Orient.
« Je vais rouvrir le Bureau [fédéral] de la liberté de religion et défendre les minorités religieuses du monde entier. Et je reconnaîtrai Jérusalem comme capitale d’Israël », a indiqué M. Scheer dans un important discours de politique étrangère, livré mardi après-midi à la tribune du Conseil des relations internationales de Montréal.
À l’issue de son allocution, La Presse canadienne a demandé au chef conservateur si cela impliquait le déménagement de l’ambassade du Canada. M. Scheer a répondu que « cela impliquerait évidemment de s’assurer que la représentation du Canada soit à Jérusalem ».
Le site Internet d’Affaires mondiales indique la position officielle du gouvernement : « Le Canada estime que la question du statut de Jérusalem ne peut être réglée que dans le cadre d’un règlement global du conflit israélo-palestinien. Le Canada ne reconnaît pas l’annexion unilatérale israélienne de Jérusalem-Est. »
Le premier ministre progressiste-conservateur Joe Clark avait promis en 1979 de déménager l’ambassade du Canada à Jérusalem. Il avait finalement abandonné cette idée lorsqu’un rapport spécial qu’il avait commandé avait conclu que cette décision pourrait nuire aux perspectives de paix au Proche-Orient.
« Parti nulle part »
Dans son discours de mardi, M. Scheer a également appelé le Canada à se joindre au bouclier antimissile américain et à adopter une attitude plus musclée à l’égard de la Chine et de la Russie.
À cinq mois des élections fédérales, ce discours de M. Scheer est le premier de plusieurs énoncés majeurs de politiques que les conservateurs entendent défendre en campagne. Il s’est moqué mardi du premier ministre Justin Trudeau, qui lançait il y a quatre ans : « Le Canada est de retour » sur la scène internationale.
« En fait, le Canada n’était parti nulle part, a lancé M. Scheer. Et la profonde arrogance de M. Trudeau laissait présager la façon dont le nouveau premier ministre dirigerait les affaires étrangères du Canada : le style plutôt que le fond. »
Les libéraux ont répliqué avec leur propre déclaration avant même que M. Scheer n’ait prononcé un mot — son discours avait été remis à la presse un peu avant son allocution.
« Qu’il s’agisse d’être en faveur du chaos né du Brexit, d’afficher un scepticisme face aux changements climatiques, d’user d’une rhétorique corrosive sur l’immigration ou de laisser planer l’incertitude sur l’ALENA, le plan des conservateurs porterait préjudice aux Canadiennes et aux Canadiens et nuirait à notre économie », a soutenu dans un communiqué le député montréalais Pablo Rodriguez, coprésident de la campagne libérale au Québec.
Francophonie plus économique
D’autre part, M. Scheer rejoindrait le programme américain de défense antimissile balistique, une décision que les gouvernements précédents, tant libéraux que conservateurs — y compris celui de Stephen Harper —, avaient refusé de prendre. Les États-Unis ont lancé le programme de bouclier antimissile sans le Canada ; il est conçu pour protéger le continent contre un missile balistique à longue portée doté d’une ogive nucléaire.
Pour ce qui est de la Francophonie, le chef conservateur aimerait « travailler avec les pays membres sur un défi contemporain important auquel fait face la Francophonie mondiale et les pays qui y participent, soit le manque de coordination économique ».
« Les pays francophones forment un potentiel de richesse incroyable, de par les ressources humaines et naturelles dont ils disposent. Il est nécessaire donc que ces pays se recentrent sur l’un des objectifs historiques phares de la Francophonie mondiale lancée il y a plusieurs décennies de manière institutionnelle : il s’agit du développement économique et des échanges commerciaux des membres de l’OIF. »