Israël: la tentation d'une ligne dure face à une Amérique plus pragmatique

La coalition n'aura plus le soutien inconditionnel de l'allié américain

Israël - Élection, mardi le 10 février 2009 - la montée aux extrêmes

Peu importe le résultat du scrutin d'hier en Israël, il y a une certitude: la droite a le vent dans les voiles. Cette donne risque de bouleverser les rapports entre ce pays et le reste du monde, au premier chef les États-Unis, aujourd'hui dirigés par Barack Obama.
Tel-Aviv -- Le timing risque d'être explosif. Les États-Unis sortent de huit ans de politique étrangère fondée sur la chasse aux terroristes et aux multiples ennemis de l'Occident, une vision du monde où Israël semblait un pion décisif dans cette défense contre l'«axe du mal». Cajolant cet allié, l'administration Bush ne protestait que mollement quand les Israéliens continuaient leur colonisation rampante de la Cisjordanie, se moquant ouvertement de la feuille de route et du processus de paix d'Annapolis.
À l'heure du changement à Washington, quand arrive un Barack Obama pragmatique qui va, d'abord, tenter une nouvelle approche diplomatique face au danger iranien, plutôt que de se contenter de tonitruantes menaces de représailles militaires -- «Si des pays comme l'Iran sont prêts à ouvrir leur poing, nous leur tendrons la main», a dit d'emblée le nouveau président américain -- Israël choisit, au contraire, la ligne dure sur tous les fronts.
Rien pour la paix
L'équipe Obama va se retrouver avec un gouvernement israélien dominé par la droite. Des politiciens unis dans leur volonté de ne rien lâcher pour la paix, pas un pouce de territoire. Benyamin Nétanyahou (Likoud, droite) a pris la peine, au cours des derniers jours de la campagne, de monter d'abord sur une colline au-dessus de l'aéroport Ben-Gourion, sur la ligne où commence le territoire palestinien à la limite de l'éventuel futur État palestinien, pour expliquer qu'il ne faut pas «donner cet endroit au Hamas et à l'Iran». Puis, il a ensuite grimpé sur le plateau du Golan, pris aux Syriens en 1967, dont la restitution est la condition d'un accord de paix avec la Syrie, et là encore il a déclaré qu'Israël «ne redescendrait jamais du Golan». Ni ne rendrait Jérusalem... Benyamin Nétanyahou n'envisage pas non plus un véritable État palestinien, mais plutôt une sorte de réserve indigène «sans armée et en contrôlant les frontières», avec une carotte: la paix économique. Sans qu'on sache qui va payer pour des investissements massifs supposés développer cette Palestine sous perfusion, en ces temps de crise économique mondiale. Enfin, il pense que l'opération contre le Hamas à Gaza s'est achevée trop tôt.
Les Clinton
Mais, pour son malheur, le leader de la droite va retrouver un membre de la famille Clinton sur son chemin. Cela s'était mal passé avec Bill quand Nétanyahou, alors premier ministre, tentait de torpiller le processus de paix d'Oslo (mis en place en 1993): «Pour qui se prend cet enfoiré?», aurait alors dit le président américain, à l'été 1996. La secrétaire d'État, Hillary Clinton, a peut-être gardé un souvenir de cet épisode. Alors le nouveau gouvernement israélien ira-t-il au clash avec les Américains? La tactique évidente sera de gagner du temps. De prétendre vouloir parler avec les Palestiniens tout en déclarant, comme d'habitude, que «les conditions ne sont pas remplies» pour un vrai dialogue. [Et de présenter Israël, comme dans le passé, comme l'avant-poste indispensable du monde occidental.->17761] Mais la situation a changé.
Agressivité
Obama a affirmé qu'il avait l'intention de «rechercher avec agressivité la paix au Moyen-Orient». Son administration va vouloir faire avancer la solution des deux États, israélien et palestinien. Hillary Clinton a déjà envoyé des représentants pour discuter avec tous les partenaires.
Et le nouvel émissaire spécial de Barack Obama dans la région, George Mitchell, avait déjà écrit, en 2001, dans un rapport qu'il faudrait démanteler les implantations illégales et cesser d'en construire de nouvelles.
Il va certainement faire pression pour que l'État hébreu arrête l'expansion de ces colonies qui entament et morcellent le territoire palestinien. En outre, il a déclaré qu'il fallait mettre fin au blocus de Gaza, ouvrir les frontières aux échanges commerciaux sous supervision de l'Autorité palestinienne et que cela empêcherait le trafic d'armes du Hamas.
Le nouveau gouvernement israélien devra donc gérer la pression américaine qui, semble-t-il, cherchera à réamorcer un début de paix dans cette région. Il lui sera plus difficile de jouer le «front du refus» quand, selon des sondages récents, l'offensive militaire sur Gaza a entamé le capital de sympathie d'Israël aux États-Unis. Y compris chez les juifs américains.


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