(Québec) Oui, il coûte plus cher, le régime d'assurance parentale. Le Québec n'a cependant pas les moyens de s'en passer. Même si le gouvernement doit renflouer la caisse, ce régime, qui permet aux mères et aux pères de rester plus longtemps à la maison avec leurs nouveaux nés et de concilier travail et famille, doit être maintenu.
La réalité rattrape le gouvernement Charest qui a longtemps soutenu qu'il s'agissait d'un régime d'assurance et qu'il appartenait uniquement aux travailleurs et aux employeurs d'en défrayer les coûts. Il devra une seconde fois contrevenir à son principe.
Pour éviter de refiler des hausses de cotisation trop importantes aux employeurs et aux travailleurs aux prises avec une caisse vide, Québec devra à nouveau avancer des fonds pour que les nouveaux parents touchent leurs prestations. Au printemps, il a déjà injecté 300 millions $ dans le régime sous forme de prêt à 0,7 %. Un drame? Pas autant que cela peut en avoir l'air.
Certes, on peut être agacé du fait que Québec n'avait pas prévu le coup et qu'il doive encore puiser dans les coffres de l'État. Même si l'assurance parentale avait un caractère éminemment social et dépassait l'intérêt des employeurs et des travailleurs, Québec n'avait pas planifié en assumer les coûts.
En 2006, lorsque la province a créé un régime d'assurance parentale distinct du programme fédéral, le gouvernement avait prévu que celui-ci s'autofinancerait. Les concepteurs avaient évalué qu'environ 75 000 bébés viendraient au monde et que le régime coûterait environ 1 milliard $ par année. La note atteint maintenant 1,7 milliard $.
La hausse des naissances est venue chambouler les plans. Effet d'un régime plus généreux, appel plus fort et plus tardif de la maternité chez certaines femmes ou transformation des valeurs de la société, le fait est que les Québécoises et les Québécois font plus d'enfants, que le régime d'assurance parentale est plus sollicité que prévu et que les cotisations ne permettent pas de répondre à la demande.
C'est un problème, mais un heureux problème. Le Québec a repris le goût de faire des petits. La province n'a pas accueilli cette année 145 000 chérubins comme en 1959. Mais, avec 88 500 naissances en 2009, certains aiment tout de même parler de baby-boom. Au début de la décennie, le Québec enregistrait 18 500 naissances de moins.
Depuis l'introduction du régime, on constate également que la présence des pères auprès des nouveaux nés s'est accrue. Ils sont plus nombreux à quitter leur travail pendant plusieurs semaines pour s'occuper de leur rejeton. La responsabilité n'incombe plus uniquement à la mère et celle-ci peut mieux concilier travail et maternité. C'est un progrès indéniable. Les femmes, les hommes, les enfants, les familles, les entreprises et la collectivité en profitent.
Le régime comporte des coûts importants, mais il entraîne aussi des gains pour un Québec qui doit lutter contre le déclin démographique et favoriser une meilleure conciliation travail-famille pour assurer une main-d'oeuvre aux entreprises. Comme toute la société en profite, il est normal que l'ensemble des contribuables fassent leur part.
Ce dossier, comme bien d'autres, devrait cependant faire partie de la grande réflexion que doit mener le Québec sur son avenir économique et sur ses finances publiques. Quels services publics et quels programmes sociaux veulent et peuvent se donner les Québécois? Quels sont ceux qui sont le plus porteurs pour notre développement économique et social? Il faut faire des choix.
Informée des avantages et des inconvénients d'une politique gouvernementale, la population rechigne moins à en défrayer la facture. À la condition bien sûr qu'elle soit assurée que le gouvernement en place administre consciencieusement et efficacement les fonds publics.
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