Île d'Anticosti: des barils de pétrole par dizaines de milliards

Pétrolia dispose d'une analyse des plus encourageantes

Pétrolia : les citoyens ne lâcheront pas


Alexandre Shields
Si l'analyse effectuée par une firme spécialisée en évaluation des réserves pétrolières se révèle juste, il semble bien qu'Hydro-Québec ait cédé un véritable trésor au secteur privé en se départant de ses droits d'exploration pétrolière sur l'île d'Anticosti. Selon cette estimation indépendante, le sous-sol de l'île pourrait contenir plus de 30 milliards de barils de pétrole. Une ressource dont la valeur brute se chiffre à l'heure actuelle à quelque 3000 milliards de dollars.
La firme albertaine Sproule Associates Limited établit ainsi à 30,9 milliards de barils le «meilleur estimé» du volume total de pétrole en place sur les permis où l'entreprise Pétrolia détient un intérêt sur l'île d'Anticosti. «Il y a 90 % de chances que ce volume atteigne au moins 19,8 milliards de barils (estimation basse) et 10 % de chances que le volume soit égal ou supérieur à 48,2 milliards de barils (estimation haute)», a-t-on précisé hier par voie de communiqué. L'évaluation effectuée porte sur les shales de Macasty, où Pétrolia détient des intérêts sur plus de 6070 km2.
Même en se basant sur l'estimation basse, à quelque 20 milliards de barils, cet or noir aurait une valeur brute de près de 2000 milliards de dollars au prix actuel du baril, soit environ 100 $.
Il faut noter par ailleurs qu'on s'attend à une croissance significative des prix du pétrole au cours des prochaines années. Reste à voir la quantité de ce pétrole qui pourra être effectivement récupéré. Mais comme il s'agirait de pétrole léger, il pourrait être relativement aisé à extraire par pompage.
Pétrolia a néanmoins fait preuve de prudence dans l'appréciation de l'analyse menée par la firme albertaine. «Cette étude a été réalisée dans l'unique but de permettre à Pétrolia de déterminer l'opportunité de mener de nouveaux travaux de mise en valeur de cette ressource. Pétrolia évalue activement les options qui s'offrent à elle relativement aux travaux additionnels à mener,et ce, de manière à procurer à ses actionnaires la plus grande valeur. Le programme d'exploration sur Anticosti en est à ses premières étapes: des travaux additionnels sont requis pour déterminer le potentiel commercial de la ressource avant de pouvoir en considérer le développement.»
Quoi qu'il en soit, l'avenir semble d'ores et déjà très prometteur pour les actionnaires de la pétrolière. «Pour Pétrolia, qui possède des intérêts sur une large portion de l'île d'Anticosti, l'estimation des ressources contenues dans les shales de Macasty témoigne d'un immense potentiel», a insisté l'entreprise dans son communiqué.
Son président, André Proulx, s'est d'ailleurs dit très satisfait de l'annonce de ces données, qui ont fait grimper l'action de l'entreprise à la Bourse de Toronto. Selon l ui, il s'agit d'une étape très importante dans le processus d'exploration, processus qui doit se poursuivre au cours des prochains mois. Aucune décision quant au moment des prochains travaux n'a toutefois été prise, a-t-il dit. L'entreprise, qui a foré trois puits l'été dernier sur l'île d'Anticosti, compte investir plus de 30 millions pour réaliser des forages qui devraient permettre d'effectuer des tests de production.
Permis d'Hydro-Québec
Le Devoir avait révélé en février dernier que Pétrolia a mis la main en 2008 sur les permis détenus par Hydro-Québec sur l'île d'Anticosti en échange d'une «redevance prioritaire» qui n'a jamais été rendue publique, en raison du refus de la pétrolière. Il n'est donc pas possible de savoir ce que l'État a obtenu en échange des milliers de kilomètres carrés de permis qu'elle a cédés au secteur privé. Tout ce qu'on sait, c'est que la pétrolière doit débourser 10 ¢ l'hectare chaque année pour conserver ses droits d'exploration.
La ministre Nathalie Normandeau a aussi réitéré hier qu'elle ne rendrait pas public le contenu de l'entente intervenue entre la société d'État et Pétrolia. Fait à noter, cette redevance sera versée uniquement si l'exploitation de cette ressource fossile, qui appartient en théorie à l'ensemble des Québécois, est lancée.
Hydro-Québec a investi 9,8 millions de dollars en travaux d'exploration pétrolière entre 2002 et 2007 sur l'île d'Anticosti. Aucun montant n'a été investi par la suite. L'arrêt des recherches aurait été motivé par des questions d'orientation, Hydro-Québec préférant se consacrer à la production d'énergie renouvelable. La société d'État, qui a ensuite éliminé sa division Pétrole et gaz, a cédé ses droits sur 35 permis (6300 km2) qu'elle détenait à l'entreprise Pétrolia. Cette dernière est ainsi devenue le partenaire de Corridor Resources — entreprise qui exploitera le gisement pétrolier extracôtier d'Old Harry — pour l'exploration sur l'île d'Anticosti.
Pétrolia possède par ailleurs des intérêts pétroliers prometteurs à Gaspé, où le potentiel serait de près de huit millions de barils. L'entreprise contrôle 15 000 km2 de permis au Québec. Selon ce qui est indiqué dans son rapport annuel, ses permis «couvrent plus de 70 % du potentiel pétrolier du Québec en milieu terrestre».
L'entreprise basée à Rimouski compte neuf lobbyistes inscrits au Registre des lobbyistes du Québec. Deux de ceux-ci sont d'anciens employés d'Hydro-Québec Pétrole et gaz. L'une de ces deux personnes a également travaillé pendant vingt ans pour la Société québécoise d'initiatives pétrolières.
Selon le Registre des entreprises, le principal actionnaire de Pétrolia est Pilatus Energy, une entreprise qui a pignon sur rue en Suisse et dont le président réside aux Émirats arabes unis. Mais André Proulx a assuré hier que Pilatus n'était plus le principal actionnaire de la pétrolière de Rimouski.


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