Il y aura peut-être des États généraux

Considérations dans l'éventualité où il y aurait des États généraux du mouvement indépendantiste

Chronique de Mathieu Gauthier-Pilote

Il y aura peut-être des États généraux du mouvement indépendantiste. Dans cette
éventualité, je présente quelques considérations qui me semblent importantes
concernant la forme que devrait prendre cet événement et les questions qui devraient y
être abordées.

J'ose croire que nous voulons que les États généraux ne soient pas organisés de façon à
privilégier la perspective de ses organisateurs, mais qu'ils favorisent effectivement les
rapprochements nécessaires à l'adoption de résolutions qui seront acceptées par le
très grand nombre, comme exprimant bel et bien l'opinion d'une majorité des militants
du mouvement.

Cela entraîne nécessairement les questions suivantes :

- Qui sont les militants indépendantistes?
- Quelle démarche servira à constituer le programme des États généraux?
- Que contiendra le programme des États généraux?

Nous devons répondre à ces trois questions de façon à satisfaire une écrasante majorité
des indépendantistes pour espérer sérieusement que le résultat des États généraux
sera non seulement accepté, mais en plus qu'on y donnera suite dans l'enthousiasme.

Les militants

Concernant les militants, faudra-t-il qu'ils soient membres en règle d'un parti
indépendantiste ou d'une autre organisation indépendantiste pour s'inscrire? Quelle
serait la liste de ces organisations? Plusieurs organisations indépendantistes n'émettent
même pas pas de carte de membre pouvant servir de preuve d'adhésion.

Quel sera le
critère d'entrée? Et à moins de décider (comme d'habitude diront certains cyniques)
que les assemblées se dérouleront à Montréal, faut-il penser à des États généraux
ambulants? À une participation à distance via Internet? Ou les deux?

La démarche

Concernant la démarche devant constituer le programme des États généraux, il faut
qu'elle soit aussi transparente que la démarche des États généraux eux-mêmes. Il ne
faudrait pas assister au spectacle qui se produit trop souvent, où l'on voit un petit
groupe, mieux organisé, qui précipite les choses et met le plus grand nombre devant le
fait accompli que le processus est déjà bien enclenché et qu'il est rendu trop tard pour
espérer l'influencer.


Il faut donc nécessairement discuter, et longtemps d'avance, des procédures des États
généraux, avant de les mettre sur pied. En particulier, les procédures qui seront
adoptées ne doivent pas créer une séparation entre les organisateurs et les organisés.
Si nous avons de bonnes procédures, alors nos organisateurs seront en fait de simples
exécutants, sélectionnés parmi le corps indépendantiste, qui ne seront pas en position
de prendre des décisions ou d'effectuer des nominations de leur propre autorité. Ils ne
feront qu'appliquer le règlement et encadrer la bonne marche des États généraux.

Le programme

Au sujet du programme, qui définira entre autres à quelles questions il faudra que les
États généraux répondent, le plus important selon moi est qu'il les formule, ces
questions, avec suffisamment de précision pour que les discussions ne partent pas dans
tous les sens. La vérité ne jaillit pas de la discussion en assemblée comme par
enchantement. Pour espérer que la vérité soit au rendez-vous d'une discussion, il faut
du temps de réflexion, de la méthode et de la substance. Par substance j'entends des
faits qui jettent la lumière sur des questions clairement posées. Et on pose clairement
les questions lorsque les problèmes auxquels on s'attaque sont clairement compris.

On se souviendra que les premières Assises nationales des États généraux du Canada
français avaient voulu désamorcer la possibilité de déraper vers un dialogue de sourd
en faisant reposer les discussions sur des «documents de base» et des «documents de
travail» préparés par la Commission générale à partir des résultats des Assises
préliminaires. J'ignore s'il faut constituer une telle commission et exactement comment
il faudrait la constituer pour satisfaire tout le monde, mais je suis certain d'une chose
c'est que si nous espérons que dans nos discussions il y ait des gens qui changent
librement d'opinion au contact des arguments avancés par d'autres, il faut que nos
discussions reposent sur des documents factuels irréprochables et sur des études dont
tous reconnaîtront le mérite.



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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    16 septembre 2011

    Il ne pourra pas se tenir de ces EG si le PQ s'entête à vouloir les diriger de façon directe ou indirecte. Bien sur qu'il ne peut en être exclus mais comme il fait partie du problème, il ne peut en être l'initiateur d'aucune façon et pas plus toute organisation ou groupe qui en serait une coterie. Je ne désire pas m'étendre sur cela, tout le monde sait de quoi je parle. On s'est fait assez berné depuis 40 ans par les Johnson, Bouchard et Boisclair!
    J'arrive de Provence et qu'est-ce que j'apprends à RDI? Qu'André Boisclair, ex-ministre de l'Environnement du Québec et grand défenseur du dossier de l'eau sera porte-parole pour des compagnies gazière de l'Alberta et on a cru ce gars-là lorsqu'il nous parlait de l'importance du dossier de l'eau et on a cru ce gars-là lorsqu'il nous parlait de la terre promise du Québec indépendant? Pincez-moi quelqu'un!
    Je n'ai pas confiance en aucun péquiste pour tenir ces états-généraux. Il nous faut des gens propres, honnêtes. Il nous faut des gens comme Daniel Breton, Jocelyn Desjardins.
    J'invite mes compatriotes à la rencontre organisée par Le Nouveau Mouvement pour le Québec à Québec ce dimanche 25 septembre. Seul un mouvement citoyen libre de toute attache politique partisane peut initier et diriger ces EG.

  • Archives de Vigile Répondre

    15 septembre 2011

    Des ÉG, vivement!
    Pour ma part, je n'ai rien contre le fait que le NMQ, Québec solidaire ou Cap sur l'indépendance posent des conditions. À mon avis, celles-ci constituent un point de départ, des éléments négociables. Mais pas trop, considérant que les conditions exprimées jusqu'à présent visent à mettre sur pied des ÉG qui traiteront de l'ensemble de la situation québécoise actuelle. Je suis de ceux qui disent: «On ne tergivesse pas, on y va à fond».
    Par contre, comme vous, je dis que ces ÉG devront être encadrés. Mais d'un autre côté, il faut tout mettre sur la table. C'est du Québec dont il s'agit, pas seulement du mouvement indépendantiste.
    Monsieur Perez nous invite à suivre le PQ et d'oublier les ÉG. Je ne suis pas d'accord. Une pause est nécessaire et il faut l'admettre. Que le PQ poursuive son travail, et les autres aussi. Cela ne doit pas nous empêcher collectivement de nous investir dans une démarche qui nous permettra d'y voir un peu plus clair.
    La participation? La plus large possible. Où, quand, comment? Pas de pitié: envergure nationale. Le pire, dans la situation actuelle, serait la demie-mesure.
    Pour ce faire, cela exige du fric et une somme incroyable de bénévolat. L'exercice aurait être commandé il y a longtemps, alors que le PQ était au pouvoir. J'ai déjà souligné ce retard dans un texte récent, un retard qui nous place au pied du mur.
    Il y a les tenants du statu quo, les pressés, et ceux qui pensent qu'il faut prendre le temps qu'il faut pour repenser l'avenir, tout en laissant le jeu politique poursuivre son oeuvre. Je suis de ces derniers.
    On réfléchit pour reconstruire, et à défaut de l'indépendance à brève échéance, on se positionne sur comment construire la nation. Pas sur un seul front, mais sur tous les fronts.
    Une chose importante: si nous ne sommes pas capable de les faire ces ÉG, alors nous sommes mal barrés pour le reste.

  • Antoine Dubé Répondre

    15 septembre 2011

    Vous avez raison de commencer votre article par« il y aura peut-être des états généraux» car plusieurs groupes et individus agissent pour les saboter avant qu'ils soient organisés en posant des conditions et d'autres font tout pour gagner du temps en espérant que l'actualité nous amène à s'intéresser à autre chose.
    Les deux groupes à mon avis ont tort.
    Je suis d'accord avec vous pour qu'ils soient tenus avec une méthode.
    Pas trop encadrés pour empêcher la libre expression et pas trop souples pour laisser libre cours à des débordements.
    La participation d'individus qui parlent pour eux-même doit être privilégiée.
    Il faudra éviter que des verbaux-moteurs monopolisent le temps de parole et il faudrait recueillir l’opinion de tous les participants.
    Ensuite, il va falloir interpréter les résultats en fonction de balises démographiques.
    De toute façon,tenir des états généraux vaut mieux que rien faire.

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    15 septembre 2011

    Seule la convergence de la majorité des Québécois vers leur statut de souveraineté nationale à travers le PQ peut résoudre la crise de division sociale et politique que nous vivons aujourd’hui au Québec, afin d’éviter des lendemains beaucoup plus instables socialement et économiquement, dû à la mondialisation démographique et économique ainsi qu’aux pillages des ressources fiscales et naturelles du Québec.
    JLPM