Le logiciel libre : pour décoloniser le cyberespace québécois (6)

Des succès et des obstacles dans la diffusion du libre

Tribune libre

Aujourd'hui en 2013, où en sommes-nous dans la diffusion de l'informatique libre au Québec et ailleurs dans le monde ? Quels sont quelques uns des succès dont le mouvement peut se réclamer avec fierté et quels sont les principaux obstacles qui entravent la voie de son progrès ?
Esquisse d'un portrait global de l'avancement de l'informatique libre.
L'adoption du logiciel libre
Depuis que le système d'exploitation GNU/Linux est sorti de la marge en 1992-1993, l'adoption des logiciels libres a progressé de façon spectaculaire. Les différentes distributions commerciales ou communautaires de systèmes d'exploitation libres, GNU/Linux en tête, ont accaparé d'importantes parts des marchés des serveurs et de l'embarqué (entre autres des appareils mobiles). Incontestablement, le logiciel libre s'est disséminé partout où il y avait des processeurs pour l'exécuter, des plus petits appareils mobiles aux installations pharaoniques des centres de traitement de données de Google et Facebook. Toujours dominant du côté des serveurs qui rendent Internet possible, il s'enracine de plus en plus dans les administrations publiques après avoir conquis les grandes, moyennes et petites entreprises partout où des directeurs informatiques compétents et audacieux étaient employés[[À noter qu'une bonne part de l'adoption doit être inchiffrable du simple fait de la liberté de copier, de modifier de distribuer le code source.]].
Les succès sont beaucoup plus mitigés du côté des ordinateurs personnels, au bureau et à la maison, malgré l'étonnant foisonnement de plates-formes et d'applications de très haute qualité que la communauté du libre a développées au fil des années. Certes, il est présent sur bon nombre de nos ordinateurs personnels avec les Firefox et LibreOffce, mais Windows et Mac OS ont à peine été ébranlés par leurs alternatives libres GNU/Linux ou Unix BSD[[Les tentatives d'explication de cet échec relatif sont nombreuses : il serait long de les discuter toutes ici. Qu'il suffise de rappeler que depuis des années Microsoft détient quelque 85 % de ce marché et que même Apple n'a jamais réussi à en accaparer plus de 10 %.]].
Au chapitre de l'adoption, le Québec a passivement suivi la tendance nord-américaine, c'est-à-dire qu'il est derrière l'Europe et l'Amérique du Sud, où les dimensions éthiques, politiques et économiques de l'informatique libre ont été beaucoup mieux comprises.
Mais la prolifération de nombreux logiciels libres est-elle nécessairement un signe du succès de la philosophie du libre ? Malheureusement non. Il est triste de constater qu'en 2013, même les plus grandes distributions de GNU/Linux ne sont pas 100 % libres selon les critères de la Free Software Foundation (FSF)[« [Pourquoi nous n'homologuons pas d'autres systèmes », gnu.org, 2011.]]. Le mélange de composants libres avec des composants non-libres est toujours la norme et s'astreindre au libre sur un ordinateur personnel ne semble possible qu'aux rares personnes parmi nous qui, pourrait-on dire, sont tombés dans la marmite des vertus stoïques quand ils étaient petits. Pourtant, il faut bien admettre qu'un ordinateur qui exécute des logiciels non-libres (pilotes de périphériques, lecteur Flash, etc.), même en petite nombre, est un système globalement non-libre et par conséquent un système qui ne respecte pas les libertés informatiques de ses utilisateurs[[Le non-libre dans un système où domine le libre n'est acceptable que dans le contexte où une transition s'opère du non-libre vers le libre. Un logiciel non-libre ne devrait être utilisé que dans la mesure où l'on prévoit le remplacer par un substitut libre dans des délais raisonnables.]].
Il y a pire que le caractère non-libre des principales distributions de GNU/Linux pour les serveurs et les ordinateurs personnels : il y a d'un côté la situation des «nouveaux» appareils mobiles et de l'autre la dépendance envers des services applicatifs (Facebook, Twitter, GMail, YouTube, etc.) qui privent les utilisateurs d'importantes libertés. En effet, les plates-formes et applications pour les principaux appareils mobiles (téléphones, tablettes, liseuses, agendas, etc.) non seulement ne sont pas libres, mais tout est fait par leurs propriétaires pour rendre difficile voire impossible leur remplacement par des équivalents libres. Il y a pas mal de travail à faire sur ce front », fsf.org, 24 juillet 2013.]]. Comme si cela ne suffisait pas, un ordinateur, mobile ou pas, sur lequel on a installé que des logiciels libres, ne garantie aucunement les libertés des utilisateurs si ceux-ci s'en servent principalement pour se brancher à Facebook, Twitter ou Gmail, et accéder à leurs données «personnelles» (partagées avec PRISM) au moyen de ces «services» qui ne les «servent» pas tant que ça finalement[[« [Qui ce serveur sert-il, franchement ? », gnu.org, 2010.]]. Nous savons à quel point nous sommes nombreux à nous laisser entraîner dans la dépendance de ces applications web dont il faudra nous déprendre le plus rapidement possible.
Force est de constater que quelque 20 ans après l'émergence du logiciel libre comme alternative au logiciel non-libre, la communauté de ses développeurs se trouve toujours au point de départ, forcée qu'elle est d'écrire à toute vitesse des programmes pour remplacer ceux que le public continue d'adopter par défaut en achetant les derniers gadgets numériques offerts sur le marché des consommateurs. Toutes ces constatations mettent en évidence l'impérieuse nécessité d'instruire le public des utilisateurs d'ordinateurs sur les droits qui doivent être les siens dans ce cyberespace qu'il ne maîtrise pas du tout.
Politique : ralentir la progression du mal
Sur le front politique, le milieu du libre a remporté plusieurs belles victoires qui méritent d'être soulignées. En plus d'avoir porté sur la place publique un certain nombre d'enjeux cruciaux, les associations qui défendent les libertés de l'être humain dans la société numérique ont mené sur les terrains politique et juridique une succession de batailles contre les mauvaises pratiques de l'industrie informatique et les mauvaises lois et traités des États (en particulier ACTA[« [ACTA : Victoire totale pour les citoyens et la démocratie ! », laquadrature.net, 4 juillet 2012.)]]. Certes, le succès définitif des actions menées par ces associations n'est pas du tout assuré, et s'il y a eu succès à quelques reprises, trop souvent ce fut celui, bien maigre, de ralentir la progression du mal, de faire reculer, sur certains points, les États complices des grands propriétaires de nos moyens technologiques et des marchandises de la culture de masse[Le scandale PRISM nous montre clairement que l'inverse est aussi vrai : les grands propriétaires de nos moyens technologiques peuvent être complices de l'État dans la violation massive des lois qui doivent protéger notre vie privée.]]. C'est qu'aujourd'hui en 2013, la bataille est toujours en cours et d'une tentative à l'autre, les avocats et conseillers des colonisateurs du cyberespace gagnent en expérience. Mais les militants de la liberté aussi. En Europe, ils ont montré qu'ils étaient bien réveillés et qu'ils étaient capables de mobiliser plein de gens[[« [Des centaines de manifestations contre le traité Acta », lemonde.fr, 11 février 2012.]].
Grâce à l'action de militants politiques de tendances diverses de même que de lobbies d'affaires plus intéressés, plusieurs États, s'ils n'ont pas réformé le droit d'auteur et pris le parti de défendre les libertés des utilisateurs d'ordinateur, se sont au moins donnés des politiques publiques qui montrent le succès des arguments pragmatiques : indépendance face aux fournisseurs, réduction des coûts d'acquisition, développement d'une véritable industrie nationale de services informatiques. Les États qui méritent d'être cités en exemple sont généralement la France, l'Allemagne, l'Espagne et le Brézil[« [La France leader mondial du logiciel libre », indexel.net, 29 avril 2009.]][« [Open Source Index Ranks », redhat.com, 2009.]].
Au Québec, une importante bataille juridique remportée en 2010 par la firme Savoir-Faire Linux contre la Régie de rentes du Québec[« [Savoir-Faire Linux obtient une victoire contre la RRQ », directioninformatique.com, 4 juin 2010.]] a précipité l'adoption en 2011 d'un nouveau cadre de «gouvernance et de gestion des ressources informationnelles des organismes publics et des entreprises du gouvernement»[« [Ressources informationnelles – Secrétariat du Conseil du Trésor », tresor.gouv.qc.ca, 2012.]]. Plus récemment en mars 2013, le gouvernement du Québec annonçait la création d'un Centre d'expertise en logiciel libre (CELL) rattaché au Centre de services partagés du Québec (CSPQ) lequel dessert l'ensemble des organismes publics. Malheureusement, au même moment, le gouvernement reconduisait un décret qui lui permet de contourner le système d'appel d'offres pour accorder à Microsoft un contrat de «mise à niveau» de nombreux postes fonctionnant avec Windows XP. Les années qui viennent permettront de savoir si les diverses mesures adoptées par Québec depuis 2011 seront suffisantes pour opérer, au sein de l'administration publique québécoise, l'important «changement de culture» que plusieurs observateurs croient nécessaire pour casser définitivement le blocage exercé depuis trop d'années par de puissants intérêts corporatifs.
Au delà du logiciel
Au delà du logiciel, beaucoup de développements intéressants ont lieu depuis quelques années. Des groupes organisés militent en particulier pour que les données numériques qui sont par nature publiques soient libérées des divers obstacles qui s'opposent à leur diffusion massive via Internet en raison du droit d'auteur d'une part et de diverses restrictions et contraintes technologiques d'autre part. Les détenteurs de droits d'auteur, institutionnels ou individuels, sont invités mettre leurs publications numériques sous une licence qui autorise le partage sans restriction ou avec un minimum de restriction, suivant les cas. On s'active entre autres, dans le milieu scientifique, pour le libre accès à la recherche, dans le milieu de l'enseignement, pour les ressources éducatives libres, dans le milieu des archivistes et bibliothécaires, pour l'ouverture des archives et des documents de tout type qui appartiennent déjà au domaine public. De grands espoirs (peut-être un peu irréalistes pour le moment) se forment autour des idées d'administrations et de gouvernements libres, ouverts et participatifs, que l'on s'imagine possibles dans un avenir rapproché, en grande partie grâce aux technologies de l'information. Tous ces mouvements sont présents au Québec : on pense en particulier aux organismes Montréal Ouvert, Capitale ouverte et Québec Ouvert, qui sont apparus dans le décor en 2010, 2011 et 2012.
Parallèlement, des organismes (et des individus, au péril de leur vie parfois) luttent aussi pour que les données numériques qui sont par nature privées ne servent pas à la matérialisation prochaine du scénario de 1984 : le scandale PRISM nous montre bien que ce n'est pas de la paranoïa. Le grand public ne peut plus se mettre la tête dans le sable sur les conséquences qui découlent presque nécessairement du fait de confier à des multinationales privées la maîtrise du développement de nos principaux outils informatiques.
L'ordinateur est l'instrument de surveillance et de contrôle par excellence. Surveiller ou être surveillé : là est la question ! Il faut nous donner les moyens, avec l'informatique libre, de ne pas partager nos données personnelles avec notre grand frère PRISM, et en retour de partager publiquement les données qui sont présentement gérées pour nous, souvent avec des technologies néfastes, par nos administrations publiques et nos entreprises.
Conclusion
Les obstacles aux transformations sociales majeures sont nombreux. Dès lors que notre intention est de réformer des institutions, réorganiser des rapports de pouvoir, changer des pratiques sociales et des habitudes bien ancrées, il faut accepter de se battre contre des adversaires qui ont pour noms la loi du moindre effort, les intérêts professionnels et corporatifs, les représentations mentales et les attitudes du public, sans compter les adversaires «internes» à notre propre mouvement, qui se croient pragmatiques alors qu'ils compromettent trop souvent l'atteinte des grands objectifs de réforme. Au delà de ces généralités, plusieurs obstacles particuliers se trouvent sur la route qui mène à l'appropriation collective d'une informatique libre : les ventes liées qui font que les logiciels privateurs de liberté sont généralement préinstallés sur les ordinateurs ; la norme Unified Extensible Firmware Interface (UEFI) qui menace de rendre difficile l'installation de systèmes d'exploitation libres ; les magasins d'applications en ligne qui refusent d'ouvrir la porte aux développeurs d'applications libres ; les brevets logiciels qui forment comme un champ de mine pour le développement d'alternatives libres ; les lois comme le DMCA américain, la Loi DADVSI française et depuis 2012 la Loi sur le droit d'auteur canadien, qui rendent illégal l'utilisation et le développement de logiciels qui contournent le menottage numérique.
Je ne voudrais pas paraître trop pessimiste. Malgré la variabilité du ciel qui se profile à l'horizon, il y a plusieurs bonnes raisons de rester positif en 2013. Avec les Anonymous, Julian Assange et Edward Snowden, l'opinion publique est plus alertée que jamais sur quelques uns des principaux enjeux politiques de l'informatique. La théorie politique nous enseigne que les crises mènent parfois à des changements de paradigme qui en retour font voir la nécessité de réformes.
Surtout, je crois qu'il faut se réjouir de l'esprit de collaboration et de l'énergie débordante d'une communauté militante qui impressionne non seulement par le travail colossal qu'elle accomplit dans l'intérêt de tous, mais aussi par sa vaillance, sa ténacité, son inventivité. Son engagement civique est exemplaire : alchimie originale et féconde entre l'idéalisme propre à la jeunesse et le pragmatisme de ceux qui ne craignent pas de s'attaquer directement, par eux-mêmes, à la résolution des problèmes concrets qu'ils rencontrent. Une contre-culture du partage est née avec Internet. À nous de la faire sortir de la marge.


Laissez un commentaire



5 commentaires

  • Alain Maronani Répondre

    4 août 2013

    @Gaston Carmichael
    Il n'y a pas d'enveloppes brunes, style construction...
    Les gens passent du gouvernement au prive, se retouvent vp de ci ou de ca en fin de carriere, utilisent leur carnet d'adresses, etc...
    Tout ce joli monde profite aussi de la peur du changement, ils utilisent l'incompetence des ministres (comptez donc le nombre d'ingenieurs dans le dernier gouvernement...le precedent n'etait pas mieux...)
    Les depassements de budget sont la norme, sans compter les projets qui sont incapables de livrer quoi que ce soit...
    Le logiciel libre s'il permettrait de baisser la facture, un peu, ne provoquera aucun changement majeur dans ces pratiques.
    Il ne faut pas oublier que les couts de la gestion d'un systeme informatique de sa naissance a sa disparition sont de l'ordre de
    Personnel, conception, architecture, entretien 50 %
    Reseaux, materiel 25 %
    Logiciels (libre) 15 %
    Le reste 10 %
    Comme vous pouvez le constater l'essentiel des couts ne se trouve pas du cote logiciel...le libre ne peut faire de miracle...les constructeurs de solution s'ils utilisent du libre ont professionnalise leurs solutions (lire beaucoup plus cher...support...service..etc...). Ils ont augmente leurs profits...
    Reste le cas des petites firmes locales qui ont le plus grand mal a survivre et a proposer quoi que ce soit pour repondre aux offres d'appel du gouvernement...c'est une autre histoire...les pre-requis financiers et technologiques sont la, pour les empecher de competitioner...le dernier exemple etant le renouvellement du reseau de l'UQAM ou le materiel devait etre Cisco...deja installe...un 'partenaire' du Quebec...le recteur avait fait faire une etude 'independante' qui assurait que seule, cette solution, etait possible...et il a refuse de communiquer le contenu de l'etude...
    Le temps des hackers butonneux, qui mangent de la pizza et boivent du coke tout en preparant une solution economique, dans le sous-sol prete par un oncle est terminee...
    Pas d'accents sur le clavier...

  • Archives de Vigile Répondre

    4 août 2013

    "Plus récemment en mars 2013, le gouvernement du Québec annonçait la création d’un Centre d’expertise en logiciel libre (CELL)..."
    Il faudrait voir quel sorte de budget a été accordé à ce Centre. Souvent, on crée ce genre d'organisme pour impressionner le public (Voyez, on fait quelque chose!), mais on ne leur accorde un budget qui ne leur permet guère plus que d'exister sur un organigramme.
    À voir à quel point les bottines ne suivent pas les babines dans ce dossier, on ne peut que soupçonner l'influence d'enveloppes brunes. La Commission Charbonneau pourrait bien nous en sortir des juteuses quant aux services informatique dans le gouvernement. Toutefois, il faudra qu'il y ait des dénonciateurs. Car, autrement, il est virtuellement impossible de prouver quoi que ce soit de ce genre de magouille.

  • Alain Maronani Répondre

    3 août 2013

    @SSauve
    'Quelles sont les conditions gagnantes pour que le Québec devienne un modèle pour d’autres nations dans le domaine de l’utilisation des logiciels libres ?
    2. Quels sont les coûts politiques, sociaux et économiques associés à cette décision etc....?'
    2 mauvaises questions...après + de 40 années d'expérience en informatique...j'utilise le libre depuis plus de 15 années et le recommande a tout le monde...
    Ayant tout vu dans ce domaine ou presque vous manquez ceci;
    Le développement du libre est un mouvement coopératif qui est effectué par des équipes informelles dispersés de part le monde...sans frontières...
    La langue de travail et de communication est uniquement l'anglais...(disons 95 %...).
    Les états n'ont pratiquemnent AUCUN role, a part les chinois, qui veulent tout controler, rentrez votre drapeau a l'abri...il n'y a pas de nation phare, et dans ce domaine l'intervention étatique est disons mal percue...je suis poli.
    Le libre est TOUT sauf du libre, les principaux constructeurs informatiques se sont en engouffrés dans la brèche, incluant Microsoft, et tout le monde profite du travail gratuit effectué par des passionés...un esclavage technologique librement accepté sans salaire...
    Ces gens savent compter...
    Les projets d'importance en logiciel libre (remplacement des la suite Microsoft par exemple) ne sont possibles que par l'assistance continuelle des principaux constructeurs informatique...Croyez moi le développement est tout SAUF le fait du hasard ou d'une générosité spontanée...
    Enfin libre ou pas, il ne faut jamais oublier que l'informatique et ce qui l'accompagne sont indispensables a la continuation du systeme dans lequel nous sommes...et que les réseaux informatiques sont le moyen essentiels pour la circulation rapide....des capitaux.
    Ceux qui pensent libérer quoi que ce soit se font des illusions dangereuses sur les finalités de tout ceci et l'épisode récent de la NSA devrait faire réfléchir un peu plus tous ces obsédés du clavier, du téléphone cellulaire, et autres laisses électroniques...
    Pour les économies réalisables au Québec et le contrat de renouvellement scandaleusement accordé a Microsoft et a ses séides j'avais fait sur Vigile une publication.
    http://www.vigile.net/Comment-economiser-1-milliard-de
    Enfin pour conclure, il n'est pas négligeable de mentionner que 75 % du traffic internet global de 9 heure le matin a 18.00 le soir est consacré aux sites...pornographiques...l'éducation et la connaissance ont le dos large.
    Un article de Vigile intéressant pour ceux qui continuent a utiliser les solutions de Microsoft...l'auteur a des lunettes roses et le meme optimisme a été présent lors de l'invention de l'imprimerie, de la presse, de la radio, de la télévision, etc...
    Ce qui me parait beaucoup plus dangereux ce sont les politiques de brevets des constructeurs et beaucoup plus que la fascination technologique pour les moyens, la privatisation de la connaissance effectuée sans relache par tous nos amis (Google, Microsoft, etc...), la marchandisation de ce qui est déja public, etc...

  • Mathieu Gauthier-Pilote Répondre

    3 août 2013

    1. Quelles sont les conditions gagnantes pour que le Québec devienne un modèle pour d’autres nations dans le domaine de l’utilisation des logiciels libres ?
    La politique du Québec relative aux «ressources informationnelles» doit être beaucoup plus ambitieuse. En comparant ce que dit notre «Politique-cadre sur la gouvernance et la gestion des ressources informationnelles des organismes publics» sur les logiciels libres (p. 57 à 62) avec les politiques des États les plus en avance, on voit tout de suite que nous sommes loin d'être un modèle. Une première condition gagnante est que le pouvoir à Québec ose préférer, par principe, au nom de l'intérêt public, le logiciel libre au logiciel non-libre. Ironiquement, la page 57 de la politique-cadre cite une étude qui montre bien que le Québec n'est pas vraiment dans la course avec sa politique.
    Une autre condition gagnante je pense c'est que logiciel libre rejoigne directement les consommateurs par la voie de la certification des produits et services. La chose est très embryonnaire à l'heure actuelle. Sauf erreur, il n'y a que la Free Software Foundation qui fasse quoi que ce soit dans ce domaine avec la certification de produits "Respects Your Freedom". La liste des produits certifiés est ridiculement courte. En plus de la certification des produits, il faudra impérativement certifier les services applicatifs. Ça va prendre d'un côté des consommateurs mobilisés qui achètent le respect de leurs libertés informatiques et de l'autre des entrepreneurs qui se lancent dans un nouveau marché de niche.
    2. Quels sont les coûts politiques, sociaux et économiques associés à cette décision courageuse de devenir une nation phare dans ce domaine (versus les opportunités et avantages) ?
    Les seuls coûts que je vois sont ceux qui viennent toujours avec le fait de s'opposer aux puissants de ce monde : calomnies, menaces, chantage, manipulation, poursuites, etc.
    Ça prend du courage politique et l'appui de la population. Généralement, une population réveillée donne son appui à ceux qui montrent du courage politique.

  • Stéphane Sauvé Répondre

    3 août 2013

    Merci, monsieur Gauthier-Pilote pour cette généreuse contribution ici, sur Vigile.
    Plus j’avançais dans la lecture de votre article, et plus le découragement grandissait. J’avais beau chercher une issue aux obstacles que vous mentionnez, rien n’y faisait, mon argumentaire se butait à un cul-de-sac : le corporatisme est partout, et la dynamique des jeux d’intérêts est protégée mur à mur.
    Et puis, je me suis demandé il existait un pays (ou même une ville) dans le monde, qui pouvait servir d’exemple au gouvernement du Québec. Malgré son appui à la création du Centre d’expertise en logiciel libre, ce gouvernement persiste à maintenir le monopole de Microsoft alors qu’il pourrait innover et laisser la place au logiciel libre (le peut-il ?).
    Si j’étais madame Marois, et je vous recrutais comme conseiller, que répondriez-vous aux questions suivantes :
    1. Quelles sont les conditions gagnantes pour que le Québec devienne un modèle pour d’autres nations dans le domaine de l’utilisation des logiciels libres?
    (Ou si vous préférez : Que recommendez-vous pour que le Québec devienne et reste libre de l'emprise monopolistique des entreprises informatiques tout offrant aux Québécois une alternative profitable au plan technologique, social et financier ?)

    2. Quels sont les coûts politiques, sociaux et économiques associés à cette décision courageuse de devenir une nation phare dans ce domaine (versus les opportunités et avantages)?
    Je me permets de solliciter votre expertise et vous inviter à rédiger un autre article sur le sujet. Ce serait des plus appréciées,et qui sait, peut-être que vos recommendations et estimations seraient lus et considérés par les conseillers de Madame Marois.
    Merci encore pour votre engagement, il nourrit le nôtre.
    PS: Je ne peux faire autrement que penser à ces milliards (oui!!) gaspillés depuis 15 ans dans le domaine de l'informatique à cause du lobbying et du monopole de quelques firmes. http://www.lapresse.ca/le-soleil/affaires/techno/201301/30/01-4616805-contrats-informatiques-gouvernementaux-la-corruption-refutee.php