Il faut augmenter le commerce intérieur pour contrer Trump, propose Couillard

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Face à Trump, Couillard veut canadianiser davantage l'économie québécoise...

 Le premier ministre Philippe Couillard propose d’augmenter le commerce interprovincial pour contrer les mesures protectionnistes du président américain Donald Trump.


«On doit accentuer nos relations commerciales avec le reste du Canada», a-t-il déclaré mercredi, à la veille du Conseil de la fédération à Saint-Andrews, au Nouveau-Brunswick. L’événement réunit annuellement les premiers ministres provinciaux et territoriaux du Canada pour une rencontre estivale.


Jusqu’ici, le premier ministre Couillard misait surtout sur des missions économiques aux États-Unis pour convaincre l’administration américaine de renoncer à ses mesures protectionnistes. Mais l’imposition de tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium, le printemps dernier, a démontré les limites de cette stratégie.


Pour Philippe Couillard, les mesures protectionnistes du président Trump risquent de redéfinir le commerce nord-américain. «Ça veut dire que les axes d’échanges, qui ont été beaucoup nord-sud au cours des dernières années, risquent de devenir est-ouest, notamment les chaînes d’approvisionnement des entreprises», prédit-il.


D’ailleurs, le volume des échanges commerciaux du Québec avec le Nouveau-Brunswick dépasse déjà celui de la province avec la France, rappelle le premier ministre. «Peu de Québécois le savent», souligne-t-il. Les rapports commerciaux avec l’Ontario, eux, surpassent ceux du Québec avec l’Europe.  


La semaine dernière, le premier ministre Justin Trudeau avait lui aussi invité ses homologues des provinces à faire tomber les barrières commerciales. De plus, Justin Trudeau a nommé un ministre «responsable de la Diversification du commerce international» lors de son remaniement ministériel mercredi, signe que l’inquiétude face à Trump se fait également sentir à Ottawa.


Menace de récession


Pour le premier ministre Philippe Couillard, une «menace plane sur le monde». «Je suis inquiet par rapport au comportement de monsieur Trump, dit-il. Il a la capacité, compte tenu du pouvoir qu’il a, le pouvoir d’influence des États-Unis, de pousser progressivement le monde vers une récession.»


Philippe Couillard cite notamment la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine pour appuyer ses dires.


Les propos du chef libéral, à deux mois et demi des élections provinciales, rappellent ceux qui ont été tenus lors du congrès du PLQ. Le président de la campagne électorale libérale, Alexandre Taillefer, avait alors affirmé que le parti devait avoir «les deux mains sur le volant» pour faire face à l’incertitude économique, reprenant ainsi un slogan de l’ère Charest.


Outre la croissance du commerce intérieur, Philippe Couillard entend poursuivre ses démarches auprès de ses alliés américains, possiblement en compagnie d’autres premiers ministres provinciaux. Son gouvernement présentera également, d’ici la mi-août, des mesures pour améliorer la productivité des entreprises et soutenir les travailleurs.


Un forum à revoir?


Dans la matinée de mercredi, Philippe Couillard a pris part à une rencontre annuelle des premiers ministres provinciaux et territoriaux avec des dirigeants autochtones. Trois des principaux groupes ont toutefois décidé de boycotter l’événement, comme ce fut le cas l’année dernière.


Le premier ministre n’a pas caché, mercredi, ses réserves par rapport à cette rencontre qui «donne des résultats variables», selon lui.


Philippe Couillard propose plutôt de créer un forum qui regrouperait également le gouvernement fédéral et les premières nations afin d’aborder des enjeux plus concrets. «On peut parler de philosophie pendant des siècles, dit-il, mais on peut également parler concrètement de choses qui améliorent les conditions de vie sur les territoires autochtones.»