Hommage à Pauline Marois: Lise Payette vole la vedette

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Il faut deux bras pour porter l'indépendance, et autant que possible ne pas être gauche des deux bras

L'ancienne ministre péquiste Lise Payette a volé la vedette à la soirée hommage consacrée à Pauline Marois samedi, en suggérant notamment la création d'un prix qui porterait son nom.
Les péquistes ont en effet honoré leur ancienne chef, Pauline Marois, un genre d'honneur plutôt rare au Parti québécois, puisque plusieurs de ses prédécesseurs n'y ont pas eu droit, notamment André Boisclair et Lucien Bouchard.
L'hommage a été sobre, mais bien senti, malgré la défaite électorale péquiste du 7 avril, la pire jamais subie par le parti depuis son existence, qui a assombri la fin de carrière de Mme Marois. Elle quittait officiellement ses fonctions de chef du PQ samedi.
Un peu plus de 300 personnes, des militants, des élus et des anciens ministres de son gouvernement étaient présents pour cette soirée, au terme d'une rencontre des instances du parti, à Drummondville.
Mme Marois était accompagnée de sa mère, de ses frères, de son mari, Claude Blanchet, et de quelques-uns de ses enfants.
L'ancienne ministre Lise Payette, qui a été sa patronne à ses débuts, du temps du gouvernement Lévesque, a fait une apparition remarquée et chaleureusement applaudie. Mme Marois est toujours restée fidèle à elle-même «contre vents et marées», a-t-elle aussi souligné.
«Tu as défoncé le fameux plafond de verre, et nous t'en remercions vraiment», a tenu à dire Mme Payette, une ardente féministe qui a communiqué cette conviction à sa protégée d'autrefois.
Elle a suggéré la création d'un prix Pauline Marois, qui serait remis chaque année à une ou des femmes qui ont fait quelque chose de remarqué dans la société. L'assistance a accueilli avec enthousiasme la proposition.
Avec humour, dans un élan d'ardeur souverainiste, Mme Payette a tenu à lever le poing gauche, pour faire contrepoids au poing droit levé par Pierre Karl Péladeau en faveur de l'indépendance pendant la campagne électorale.
«Permettez-moi de rétablir l'équilibre, pour demander exactement la même chose, a-t-elle lancé sous les acclamations. On n'aura pas trop des deux bras de tout le monde pour y arriver.»
M. Péladeau, au fond de la salle, n'a pas bronché ni applaudi.
Dans son allocution, le président du PQ, Raymond Archambault, a rappelé qu'elle restera «pour toujours la première première ministre du Québec».
La présidente de la Fédération des infirmières, Régine Laurent, a aussi indiqué que Mme Marois a écrit «une page d'histoire» aux élections du 4 septembre 2012.
Plusieurs fois, les participants invités ont fait état de son parcours politique exceptionnel, elle qui a occupé pas moins de 14 charges ministérielles et qui a mis sur pied notamment le réseau des Centres de la petite enfance (CPE).
Son bras droit depuis longtemps, le chef intérimaire du parti, Stéphane Bédard, a dit qu'il a marché devant elle pour lui éviter les coups.
«Vous êtes avant tout une bonne personne, une personne audacieuse, sincère, courageuse. (...) Ton exemple nous servira pour la suite des choses.»
Un vieux compagnon de route, l'ancien ministre Jacques Léonard, a rappelé qu'il avait observé son ascension dès les premiers gouvernements péquistes de René Lévesque et avait remarqué son ambition, une qualité qu'il appréciait.
Ministre du gouvernement Bouchard, tout comme elle, il a évoqué sa détermination. Il était alors président du Conseil du Trésor et il l'a souvent confrontée.
«Je me suis retrouvé plus souvent qu'à mon tour sur le tapis, parce qu'elle était coriace», a-t-il lancé avec humour.
Sa complice de toujours, Nicole Stafford, qui a été sa chef de cabinet, a dit que c'était «une femme de béton» avec un «coeur immense», et un sens du devoir qui touche parfois l'abnégation.
«Notre solidarité s'est bâtie dans les luttes, dans les tranchées», a déclaré Mme Stafford, qui a arraché quelques larmes à Mme Marois.
«Ne regrette rien, c'était une aventure formidable qui valait totalement la peine d'être vécue.»
À la toute fin, Pauline Marois a pris la parole. Elle a donné la recette de son succès: s'entourer de gens qui avaient plus de talents qu'elle et emprunter leurs idées, a-t-elle avoué en toute modestie.
Elle a conclu sa dernière apparition publique avant longtemps, en cette fin de vie politique, en invitant d'autres femmes à poursuivre le travail.
«Je passe le relais à celles et ceux qui ont le goût de le prendre, j'aimerais bien que quelques-unes le prennent.»


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