Hommage à madame Pauline Marois

Tribune libre

Le 7 avril dernier, lors de votre apparition dans la soirée de ce jour sombre où, vous vous êtes adressée à vos militants, j'ai peiné à voir votre désolation et surtout ce sentiment d'humiliation dont vous étiez l'objet. Je veux cependant vous exprimer ma profonde gratitude et toute la compassion que j'ai eu pour vous en ce soir triste et sombre.

En mon nom, je veux vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour nous et notre Nation. Votre dévouement, votre sincérité et vos nombreux efforts à défendre les intérêts de notre nation et son mieux-être durant ces trente dernières années resteront pour nous un symbole de courage et de détermination. Vous étiez notre Première Ministre et de cela, j'en suis fier. L'on vous a refusé de vous donné une véritable chance de conduire cette nation vers son destin, mais si cela peut vous consoler, dites-vous que vous appartenez à cette noble race de bâtisseurs qui ont voulu que notre nation soit le reflet de notre essence même, c'est à dire d’atteindre ce que nous sommes vraiment dans notre cœur et dans notre esprit.

Tous les Couillards, les Legault et David de ce monde, ne parviendront jamais à atteindre la noblesse de votre cœur ni à celui de votre courage, de votre détermination et de votre fierté.

Bon retour sur vos terres Madame Marois et surtout profitez du bon temps. Vous y avez droit plus que quiconque et TOUJOURS gardez un bon souvenir de nous tous qui vous ont aimé et qui vous aime encore.

Bonne chance et surtout ne l'oubliez pas, votre peuple saura un jour vous dire merci et reconnaître que vous étiez une femme de coeur, une grande dame de l'histoire du Québec!


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9 commentaires

  • Suzanne Bousquet Répondre

    19 avril 2014

    Celle qui alla là où ses prédécesseurs n’osèrent s’avancer
    On a oublié un peu trop vite que Pauline Marois était venue diriger le PQ porteuse d’un projet qui aurait révolutionné en profondeur notre système politique. Elle rêvait d’implanter des référendums d’initiative populaire comme ceux de la Suisse. Jamais un chef de grand parti n’avait proposé une vision aussi généreuse de la vie démocratique. Jamais une idée ne fut aussi vite ridiculisée, jusque dans son propre parti.

    Ce qui fonctionne à merveille en Suisse aurait-il était trop beau pour le Québec? Favoriser la participation citoyenne dans les décisions d’État n’aurait-il pas été l’antidote idéal contre l’apathie toxique qui nous empêche d’avancer?

    Pauline Marois espérait une réélection majoritaire pour ressortir le projet d’indépendance que les citoyens québécois avaient jeté à la poubelle en 1980 et 1995. Cette seule perspective a poussé les électeurs à se liguer massivement contre le PQ.

    Tout militant ou leader indépendantiste se heurtera toujours aux réalités sociologiques du Québec. L’abandon de l’article 1 du programme initial du PQ, l’étapisme, le concept de «bon gouvernement», témoignent de la realpolitik à laquelle durent s’astreindre les René Lévesque et cie pour remporter des élections. Ce qui est encore aujourd’hui qualifié de trahison et d’injustice n’était en fait qu’une stratégie d’adaptation face à la tiédeur séculaire des Québécois.

    On a oublié un peu trop vite que la manif monstre pro-Canada au centre-ville de Montréal lors de la campagne référendaire de 1995 ne fut suivie d’aucune contre-manifestation équivalente. Comme si la bataille pour se donner un pays se limitait au tracé d’une croix sur un bulletin! Or, l’Histoire du monde nous l’enseigne : le désir de liberté est un élan collectif spontané, irrépressible, massif. L’indépendance ne se fait pas désirer. Elle part autant du cœur que de la tête. Un tsunami.

    Les OUI, cantonnés dans leurs salons au lieu de répondre au méga-show canadian de 95 par une marée humaine, montrèrent à la face du monde leur peu de passion pour un projet qui est pourtant le plus important qu’une nation puisse se donner. Il ne faut pas sous-estimer l’importance des mouvements de foule. Un réel enthousiasme en aurait imposé.

    Vouloir gagner et espérer gagner sont deux choses bien différentes. Nous avons été absents et nous avons eu tort. Ou peut-être pas, si ce silence fut l’exact reflet de l’absence de sentiment d’urgence liée au projet. Simple velléité d’indépendance, sans plus? Du moins, pas au point de sacrifier une partie de notre confort?
    Un confort qu’ont associé encore récemment tant de citoyens au maintien du statu-quo. Pas d’oppresseur sans opprimés, à la condition que ces derniers se reconnaissent comme tel. Ce qui à l’évidence n’est pas le cas!

    Comme dans le conte du Petit Poucet, Pauline Marois et son équipe avaient posé une pierre pour baliser le chemin vers le pays. Ils ont eu l’intuition brillante de vouloir donner enfin un contenu, un sens à la démarche indépendantiste. Qu’il fallait, pour cela, une Charte de la laïcité par laquelle le Québec se donne un droit que le multiculturalisme lui refuse.
    Les droits et libertés des intégristes religieux commencent là où s’arrêtent les nôtres! C’est là l’épicentre du carcan que la Loi 60 voulait lézarder, amorce qui, par effet d’entrainement, aurait créé un nouveau paradigme. La férocité des réactions contre ce projet est révélatrice à maints égards.

    Jamais un leader du Parti Québécois n’avait entrouvert la porte sur ces zones minées. Jamais, aussi, une personnalité politique n’a été aussi gratuitement traînée dans la boue pour avoir voulu faire obstacle au Cheval de Troie fédéraliste. Les sondages de l’automne lui indiquaient pourtant qu’elle était sur la bonne voie.

    Chère Pauline Marois, tel un Sisyphe vous aviez réussi à pousser de nouveau la pierre au haut de la montagne mais les forces gravitationnelles l’ont fait dévaler. Ce qu’il faut de courage pour tenir les rames de cette galère!
    Le mot «indépendance» aurait beau être tracé des millions de fois sur un tableau noir, cette façon de vivre ne s’apprend pas. Elle doit être une évidence ou rien. L’Europe communiste avait beau compter sur des médias de propagande implacables, arriva un jour où, comme les antibiotiques, ils ne firent plus effet. Les gens en avaient marre d’être privés de tout. De faire la queue des heures durant devant des magasins presque vides. D’attendre des années avant de pouvoir acquérir un véhicule. De passer des mois sans café. De souffrir.
    Au Québec, la facilité d’accès au crédit et la surabondance des marchandises permet de bénéficier d’un train de vie supérieur à celui de bien des nations du monde. Et d’une relative sécurité.
    Pauline Marois parlait d’électrification des transports, alors que sur le territoire des millions de motoneiges, motocyclettes, VUS, VTT, bateaux à moteurs brûlent de l’essence à fond la caisse.
    Vouloir produire du pétrole québécois, quelle honte, mais pas un mot sur les montagnes de jouets en plastique de nos enfants. Or, pas de plastique sans pétrole.
    Au diable la planète! Les grands idéaux n’ont pas la cote, pas même l’intégrité ni l’éthique.
    Chère Pauline Marois, les rêves ne sont jamais trop grands. Ce sont les ambitions qui sont trop petites.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 avril 2014

    "Tous les Couillards, les Legault et David de ce monde, ne parviendront jamais à atteindre la noblesse de votre cœur ni à celui de votre courage, de votre détermination et de votre fierté". Bien dit, monsieur Roy!
    Oui, madame Bousquet, on a oublié trop vite... On n'a même pas su voir.
    Laissons aux cœurs amers et haineux le refus de reconnaître les nombreuses qualités de cette grande femme politique que fut Pauline Marois. Attaquée de toutes parts, elle a su demeurer digne et à la hauteur. N'oublions jamais que cette femme aux quatorze portefeuilles ministériels a changé la vie des Québécoises avec sa politique familiale. Entre autres.
    Je pense qu'elle savait exactement où elle s'en allait avec sa majorité espérée et son Livre blanc.
    Des gérants d'estrades il y en aura toujours pour critiquer et nier même l'évidence. Je les plains.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 avril 2014

    La grandeur de Mme Marois aura été de nous servir de sédatif, le temps d'une parenthèse, une autre parenthèse. Le temps d'oublier encore un peu cette réalité qu'on ne saurait voir :
    http://www.ledevoir.com/politique/canada/391085/la-guerre-contre-l-autodetermination-du-peuple-quebecois-se-poursuit
    Mais la réalité est tenace et reviendra toujours.
    Mot de la fin qui ne me fera pas que des amis, je suis toujours étonné du seuil de satisfaction si bas qui pousse l'admiration de beaucoup de nos souverainistes. Y aurait-il là un petit groupe de camarades qui s'applaudissent les uns les autres, indépendamment de tout résultat qu'il n'y aurait rien d'étonnant. J'hésite entre «Le parti avant la nation» ou «Les précieuses ridicules».

  • Archives de Vigile Répondre

    18 avril 2014

    Madame Suzanne Bousquet,
    veuillez me compter parmi vos amis. Je vous serre la main et même je vous embrasse.
    Je cosigne votre texte qui est admirable. Et je vous en félicite. Il n'y a pas un mot de trop.
    Joyeuses Pâques.
    Robert Barberis-Gervais, 18 avril 2104

  • Archives de Vigile Répondre

    18 avril 2014

    Bien sur que c'est une noble dame, dommage que des gérants d'estrade se permettent de l'affubler de tous les noms même d'être égocentrique??La souffrance ferait-elle délirer?

  • Marcel Haché Répondre

    18 avril 2014

    Je me joins à vous Réjean Roy.Et merci à Suzanne Bousquet, avec qui je suis en accord.

  • Pierre Cloutier Répondre

    18 avril 2014

    On a aussi oublié que Pauline Marois a jeté le "projet de pays" aux poubelles - la raison d'être de notre engagement politique - dans son désir maladif et égocentrique d'être la première première ministre de la province de Québec.
    Les premiers ministres provinciaux, on peut en avoir à la tonne. Des libérateurs de peuple, très peu. Non, Madame, je ne verserai pas une larme. J'ai trop souffert.
    Pierre Cloutier

  • Serge Jean Répondre

    18 avril 2014

    J'adhère. Madame marois a fait tout ce qu'elle a pu; pas facile de faire sortir un vieux cheval maltraité des sables mouvants; il faudra qu'il y parvienne pourtant. Tomber se relever, ou mourir.
    Et pourtant je le vois ce peuple glorieux.
    Serge Jean

  • Suzanne Bousquet Répondre

    18 avril 2014

    Contre vents et marées...
    On a oublié un peu trop vite que cette grande dame a failli payer de sa vie son engagement au Parti québécois. On a oublié un peu trop vite que lui fut dérobé ce soir-là un grand moment, la joie légitime d'être la première femme Première-ministre de l'histoire du Québec. On a oublié un peu trop vite que les Libéraux et les Caquistes se mirent aussitôt en mode électoral criard, promettant de défaire son gouvernement à la première occasion.

    On a oublié un peu trop vite qu'elle régla la crise étudiante. On a oublié un peu trop vite qu'elle prenait les rênes d'un État pillé durant 9 ans. On a oublié un peu trop vite quelle voulait colmater une brèche dans ce qui restait de la Loi 101. On a oublié un peu trop vite quelle a légiféré dans le domaine des redevances minières. On a oublié un peu trop vite ses mesures pour contrer le financement illégal des partis.
    On a oublié un peu trop vite qu'elle a eu le courage de mettre de l'avant la question fondamentale de la laïcité et neutralité de l'État. On a oublié un peu trop vite que son trop bref mandat fut ponctué d'attaques paternalistes des boys Parizeau-Landry-Bouchard-Duceppe scorant bêtement dans leurs propres buts.
    On a oublié un peu trop vite que de tout temps, le 4e pouvoir, les mass-médias fédéralistes, soufflent des vents contraires. On a oublié un peu trop vite que le Québec est devenu ingouvernable et que des gens peu scrupuleux en profitent. On a oublié un peu trop vite qu'un rapport de force francophone ne peut reposer sur le multipartisme.
    On a oublié un peu trop vite les acquis du féminisme, à en juger par les relents de misogynie présents jusque dans le langage populaire («LA» Marois). On a oublié un peu trop vite que le renforcement de l'affirmation du principe d'égalité homme/femme du projet de Charte aurait dû en temps normal récolter une adhésion généreuse.
    On oublie un peu trop vite que la promotion de l'option indépendantiste est impossible dans le totalitarisme médiatique actuel et l'analphabétisme historique et politique d'un large segment de la population. On oublie à quel point le décalage entre le caractère intègre de Pauline Marois et le spectre étendu des mentalités de corruption généralisée furent en collision frontale. On oublie que Pauline Marois n'a pu disposer de la latitude d'un gouvernement majoritaire. On oublie que son règne ne fut qu'un blip, un incident de parcours pour les gros affairistes qui n'ont eu cesse de l'enfarger.
    Au contraire de notre devise, on ne se souvient de rien, sinon que de ce qui fait bien notre affaire. Le Québec est devenu étouffant de petitesse et de mesquinerie.
    Alors merci madame Marois, cette société à genoux n'est pas à la hauteur de vos larmes. Comme le Candide de Voltaire, il est à présent temps de cultiver votre jardin, puisque la réalité n'est pas à la hauteur du rêve.