CHEFFERIE DU PQ

Hivon doit se lancer dans la course, selon les jeunes péquistes

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{{Hâtons-nous lentement, conseillaient les sages de la Grèce antique}}

Québec — Les jeunes du Parti québécois sont unanimes ou presque. La députée de Joliette, Véronique Hivon, doit prendre part à la course à la succession de Pauline Marois.

Le président du Comité national des jeunes du PQ, Frédéric Saint-Jean, s’est vu confier la tâche de convaincre l’ex-ministre déléguée aux Services sociaux de faire le grand saut, a appris Le Devoir.

« Il y a des gens qui m’ont demandé de contacter Madame Hivon pour lui demander de réfléchir fortement », a confirmé M. Saint-Jean lors d’un entretien téléphonique mercredi après-midi avec Le Devoir. « Oui, je ne le cache pas. Une femme de cette trempe-là devrait participer au débat [à venir] », a-t-il dit. Il a notamment salué l’« intelligence » et le « beau travail parlementaire » effectué, souvent à l’abri des caméras de télévision, par l’auteure du projet de loi sur les soins de fin de vie.

Il estime toutefois prématuré pour lui de se ranger derrière Véronique Hivon, une candidate virtuelle. M. Saint-Jean, décrit comme un « pro-Hivon » par des militants du PQ, n’écarte toutefois pas de le faire lorsqu’il connaîtra la liste de tous les candidats.

Les membres de la Conférence nationale des jeunes — formée des porte-parole des 17 régions et des neuf membres de l’exécutif — ont dit appuyer la participation de la députée de Joliette dans la course à la chefferie du PQ.

Lors d’une conférence téléphonique le dimanche 13 avril, ils se sont tous déclarés favorables — sauf un — à l’idée de convaincre l’élue de 44 ans, dont la contribution apparaît essentielle au renouveau du parti, à se porter candidate. Seul le représentant de l’Estrie a dit privilégier la candidature de Pierre Karl Péladeau.

L’état-major du PQ n’entend pas donner le coup d’envoi de la campagne au leadership de sitôt, ce à quoi ne s’opposera pas une seconde le CNJPQ. L’exécutif souhaite une course « plus tard que tôt » dans la mesure où le PQ est confiné à l’opposition officielle pour les quatre années et demie, et ce, contrairement à 2007. Le PQ fait face aujourd’hui à un gouvernement libéral majoritaire, rappelle Frédéric Saint-Jean, qui n’est « pas pressé » de voir la course à la chefferie prendre forme avant 2016. « Les jeunes aussi. »

Éviter le couronnement

L’aile jeunesse du PQ redoute un « couronnement », même si celui-ci apparaît bien improbable à l’heure actuelle. En effet, Pierre Karl Péladeau, Bernard Drainville, Jean-François Lisée, Sylvain Gaudreault, Alexandre Cloutier, notamment, n’ont pas balayé l’idée de succéder à Pauline Marois à la tête du PQ.

« On veut une course », dit M. Saint-Jean. Un vaste débat d’idées sera l’occasion de « rajeunir » le programme du parti, ce qui incitera à coup sûr de « nouveaux membres d’arriver, d’anciens membres de revenir et des membres actuels de demeurer et de s’impliquer », est-il persuadé.

« Les jeunes auront un espace important à prendre dans les prochaines semaines, dans les prochains mois », souligne-t-il à gros traits. Il ne faut pas négliger l’influence des jeunes au sein du PQ. « On a quand même un bon poids décisionnel dans les instances du parti. Quasiment le tiers des délégués dans des instances sont jeunes. C’est facile pour nous d’amener des propositions qui sont intéressantes. »

Mais la campagne à la chefferie est bel et bien lancée, du moins sur les réseaux sociaux.

Un « comité anonyme » a lancé mardi en fin d’après-midi une page Facebook d’appui à la candidature de Mme Hivon, et ce, dans la foulée de la publication du billet « Pourquoi pas Véronique ? » sur Huffington Post. D’ailleurs, à l’instar de près de 700 internautes, M. St-Jean a levé le pouce en cliquant « J’aime ».

Au chapitre des appuis obtenus — un gage selon eux d’un engouement que susciterait la candidature de Mme Hivon au sein de la population québécoise —, les responsables ne sont pas peu fiers de supplanter le groupe d’appuis à Alexandre Cloutier.

Un ou des partisans du député de Saint-Jérôme Pierre Karl Péladeau n’entendaient pas leur laisser le champ libre, mettant en ligne mardi soir une page drôlement ressemblante.

Déception printanière

«Déçue » de la défaite électorale du lundi 7 avril, l’aile jeunesse fait aussi son « post mortem » dans chacune des régions. Aux yeux de M. Saint-Jean, « plusieurs choses n’ont pas fonctionné ».

Parmi elles, le flou sur la tenue d’un référendum sur l’indépendance du Québec dans un nouveau mandat. « Est-ce qu’on aurait pu être plus clair dans nos intentions ? Probablement. […] Mme Marois s’est collée beaucoup beaucoup sur ce qui était écrit dans l’article un du parti », fait-il remarquer.

Cependant, il se distancie de Dominique Payette et Émilien Pelletier, qui ont accusé à demi-mot les journalistes d’être à la solde du PLQ en faisant leurs choux gras du « pays du Québec ».

« Je n’irais pas jusqu’à [imputer] la faute aux médias. Le parti a aussi sa responsabilité au niveau de la diffusion du message. »

Le président du CNJPQ ne voit pas dans la victoire décisive du PLQ un rejet du projet d’indépendance du Québec par les Québécois. « J’ai l’impression qu’on en a parlé toute la campagne sans vraiment rien dire. L’incertitude qu’on a créée autour de l’idée est peut-être ce qui a rebuté le plus les électeurs. »

Mais, les militants auront l’occasion d’en débattre d’ici l’automne 2018. Les jeunes aussi.


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