par Bellavance, Joël-Denis; de Grandpré, Hugo; Chouinard, Tommy; Beauchemin, Malorie
Ottawa - Le gouvernement Harper compte régler le déséquilibre fiscal qui existe entre Ottawa et les provinces dans son prochain budget et le Québec obtiendra sa juste part du gâteau, quels que soient les résultats des élections du 26 mars.
Aspiré bien malgré lui au coeur de la campagne électorale au Québec, le ministre des Finances, James Flaherty, a tenté hier de calmer la tempête provoquée par le chef du Parti libéral du Québec, Jean Charest, qui a laissé entendre, en fin de semaine, que les transferts fédéraux pourraient diminuer dès le lendemain d'une victoire du Parti québécois.
Ces propos ont valu à M. Charest une volée de bois vert de la part du chef péquiste André Boisclair qui a accusé son adversaire libéral de faire du chantage. M. Charest a tenté de nuancer ses propos, hier, en affirmant que les paiements de transfert en provenance d'Ottawa continueraient advenant l'élection des troupes péquistes.
À Ottawa, le Bloc québécois s'est empressé de saisir cette balle au bond à afin de forcer le gouvernement Harper à désavouer les propos de son allié fédéraliste à Québec ou, mieux encore, à les appuyer, ce qui donnerait des munitions inespérées aux souverainistes en ce début de campagne électorale.
Mais le premier ministre Stephen Harper a soigneusement esquivé les questions du chef bloquiste, Gilles Duceppe, à ce sujet hier à la Chambre des communes, affirmant simplement qu'il n'avait l'intention de s'immiscer dans les élections au Québec.
" Le premier ministre du Québec est quelqu'un de très sérieux et il est bien capable d'exprimer ses propres positions. En tant que premier ministre du Canada, c'est mon intention de ne pas m'impliquer dans l'élection du Québec ", a affirmé M. Harper.
Le leader parlementaire du Bloc québécois, le bouillant député Michel Gauthier, a accusé le premier ministre Harper d'être vague à souhait afin de ne pas nuire aux chances électorales de Jean Charest. " Je lui demande simplement de corriger les propos de Jean Charest, qui se livre à du chantage en pleine campagne électorale. (Il doit) confirmer que tant et aussi longtemps que les Québécois paieront des impôts et des taxes au gouvernement fédéral, en retour ils auront droit aux paiements qui viennent d'Ottawa ", a dit M. Gauthier.
Le ministre Flaherty n'a pas mordu à cet hameçon aux Communes, mais devant les journalistes quelques minutes plus tard, il a été on ne peut plus clair.
" Nous allons régler le déséquilibre fiscal dans le prochain budget. Notre plan budgétaire va s'appliquer à tout le monde, peu importe ce qui se passera dans d'autres dossiers (NDLR : les élections au Québec) ", a affirmé le grand argentier du pays.
Lorsqu'on lui a demandé s'il était prêt à réduire les paiements de transfert au Québec si le Parti québécois remporte la victoire, M. Flaherty a déclaré : " Absolument pas. "
Campagne de peur
C'est un peu à reculons que Jean Charest est revenu sur ses propos de la veille, hier matin, et a admis que la seule élection du Parti québécois n'entraînerait pas de coupes substantielles des transferts fédéraux attendus pour le déséquilibre fiscal. Bombardé de questions, il a essentiellement renvoyé la balle à André Boisclair, disant que ce sont les péquistes eux-mêmes qui ont des comptes à rendre.
" L'essentiel est que le Parti québécois propose de se séparer et il affirme qu'il va garantir les transferts fédéraux sans ajouter plus d'information. Là-dessus, il faut qu'il nous donne des explications, il faut qu'il clarifie ce qu'il a affirmé dans son programme. "
La plateforme électorale du PQ prévoit que, durant la période de transition suivant une victoire du OUI, le parti " garantira la continuité des transferts fédéraux versés aux citoyens québécois ". Les deux partis se livrent une guerre de mots depuis trois jours sur la mise en oeuvre de cette promesse.
Le chef du Parti québécois, André Boisclair, a accusé à la fois Jean Charest et Stephen Harper de mener une " campagne de peur " en semant le " doute " sur ce qu'il adviendrait des transferts fédéraux au lendemain d'une victoire du PQ le 26 mars ou du OUI lors d'un référendum sur la souveraineté.
" Il y a des hommes politiques en fonction qui maintiennent l'ambiguïté sur ce qui va arriver des transferts au lendemain de notre élection. M. Harper refuse de préciser sa pensée. M. Charest, sur le bout des lèvres, se résignerait apparemment à dire que l'argent va rester là. Moi, je ne veux pas de déclaration du bout des lèvres ", a affirmé M. Boisclair, de passage à Sept-Îles.
Il juge qu'après une éventuelle victoire du OUI Ottawa verserait toujours ses transferts puisque les Québécois continueraient de payer des impôts au gouvernement fédéral. Ces transferts prendraient fin au moment où le Québec déclarerait officiellement son indépendance, selon M. Boisclair.
Pour sa part, le chef de l'ADQ, Mario Dumont, s'est montré peu impressionné par les échanges entre M. Charest et M. Boisclair sur cette question. " C'est comme un film noir et blanc qui passe toujours dans le bout de Noël. C'est un débat qui est sans intérêt ", a-t-il commenté alors qu'il faisait campagne à Saguenay.
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