À moins d’une semaine des élections, force est de constater que le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, est la révélation de la campagne.
Il a déployé ses talents, qui sont fort grands, et s’est transformé sous nos yeux en seul défenseur crédible des intérêts du Québec à Ottawa.
La remontée du Bloc, qui n’est pas étrangère à la performance spectaculaire et constante de la CAQ de François Legault, confirme une chose fondamentale. Le Québec a désormais rétabli le rapport de force avec le Canada, lequel s’était d’abord beaucoup affaibli après l’échec du second référendum de 1995 pour être enterré par la suite sous la gouverne de Philippe Couillard, plus trudeauiste que Trudeau lui-même.
Défenseur du Québec
Or, si les Québécois ont choisi de demeurer dans le Canada, ce n’est pas pour se retrouver sans fierté, sans revendication collective et pliant l’échine pour s’engouffrer dans le communautarisme qui les ramènerait au même statut minoritaire que les communautés francophones ailleurs au Canada.
Lorsque Yves-François Blanchet défend le Québec, on le croit. Quand il affirme qu’il incarnera au parlement canadien la volonté actuelle du Québec qui a choisi de demeurer dans le Canada, on le croit également.
La majorité des Québécois qui ont voté « oui » en 1995 étaient portés par un rêve. Un rêve qui s’est brisé depuis. Il y a une douleur sourde à vivre ainsi. Mais il y a une vie après le rêve qui consiste à retrouver le sens de l’identité collective. À harnacher le pragmatisme que nous avons hérité des Anglo-Saxons, à notre désir de nous affirmer sans renier nos racines.
Le premier ministre François Legault, cet antidogmatique et antiidéologue, qui carbure à la passion pour son peuple, à son orgueil d’être Québécois, impose sa vision moins romantique, certes, moins lyrique aussi, mais plus rassembleuse, plus rassurante pour les Québécois d’aujourd’hui.
Yves-François Blanchet sait mettre en mots le rôle futur du Bloc en train de changer de nouveau le paysage politique canadien. Les attaques à boulets rouges lancées contre lui par les partis fédéraux et aussi par le PQ, transformé en leur allié objectif, sont une consécration de la renaissance du BQ. Donc, une arme pour le Québec dans ses exigences qui ne reposent que sur les pouvoirs qui lui sont reconnus par la constitution canadienne.
Pas un cheval de Troie
Le Bloc québécois n’est pas un cheval de Troie ni la CAQ non plus, bien sûr. Ces deux partis regroupant l’immense majorité des francophones du Québec sont les seuls au Canada à résister au rouleau compresseur du multiculturalisme. Ce sont les seuls contrepoids à la vision canadienne de la tour de Babel.
La CAQ et le BQ malgré leurs propres failles sont un rempart démocratique contre l’embrigadement — le mot n’est pas outrancier — à l’approche des droits et libertés exclusivement individuels.
Une nation ne peut pas être que la somme des individus qui la composent. Ses valeurs ne sont pas l’addition des valeurs de chacun. Son inspiration, sa foi dans ses institutions ne sont pas tributaires des mathématiques, mais de la morale sociale et de la philosophie.