Forces de l’un, faiblesses de l’autre

Avec des idées qui se ressemblent, la bataille risque d’avoir l’air plus d’un combat de personnalités.

PQ - succession de Boisclair


Avec Pauline Marois et Gilles Duceppe, le Parti québécois va se retrouver dans une campagne au leadership de haut calibre, mais où les forces de l’un vont être à peu près les faiblesses de l’autre.
Pauline Marois apporte à cette course une expérience gouvernementale hors pair. Elle est la seule personne dans l’histoire du Québec à avoir occupé les quatre grands ministères : Finances, Santé, Éducation et Conseil du trésor. Elle connaît la machine gouvernementale mieux que quiconque. Elle a contribué à mettre sur pied certains des programmes sociaux les plus populaires comme les garderies à 5$.
Gilles Duceppe, lui, est un chef de parti qui a fait ses preuves. Depuis 10 ans qu’il est chef du Bloc québécois, il a connu quatre campagnes nationales, cinq ou six débats des chefs, dirigé un caucus et toujours obtenu une majorité de sièges, même avec un parti qui ne pouvait jamais prendre le pouvoir, ce qui, bien franchement, relève de l’exploit. Il n’a jamais été que dans l’Opposition, mais le prochain chef du PQ sera justement un chef de l’Opposition.
Les deux candidats se connaissent et s’apprécient. Ils ont même songé, un instant, à conclure une sorte de pacte de non-agression. Mais, pour tous les deux, il s’agit d’une sorte de dernière chance. Pour tous les deux, devenir chef du PQ serait la dernière étape d’une carrière politique bien remplie et ils ont donc décidé de s’affronter parce que, pour l’un comme pour l’autre, c’est maintenant ou jamais.
Mais les deux candidats ont aussi des inconvénients. Mme Marois a déjà perdu deux courses au leadership – trois si on compte cette course où Bernard Landry avait réussi à la prendre de vitesse en 2001 – dont une défaite cruelle il n’y a pas 18 mois. Une course dure, où elle s’est quand même fait des ennemis, sans compter l’aversion non-dissimulée de Bernard Landry.
En même temps, Mme Marois peut compter sur certaines sympathies bien réelles dans une course au leadership. Une sorte d’«effet Ségolène Royal» : que c’est le temps d’avoir une femme à la tête d’un grand parti politique et, éventuellement, à la tête du Québec.
Gilles Duceppe, il y a 18 mois, était le souverainiste le plus populaire au Québec. Mais son étoile a pali depuis, surtout en perdant une dizaine de sièges aux conservateurs lors de la dernière campagne fédérale. Et certains au PQ, disent qu’il n’a pas la «culture du parti», une façon de dire qu’il apporterait une discipline un peu trop stricte au goût de certains – une réputation quelque peu exagérée, mais que M. Duceppe devra traîner tout de même.
Mais cette réputation n’est pas qu’un désavantage. Il y a un marché – peut-être pas dans le caucus du PQ, mais certainement parmi les militants – pour un chef qui changerait la culture interne du parti et qui promettrait de donner un peu plus de discipline à un parti qui en manque singulièrement.
En matière de politiques, cependant, Mme Marois et M. Duceppe se ressemblent beaucoup. Ce sont deux progressistes, deux personnes de la gauche modérée et qui tiennent à de bonnes relations avec les centrales syndicales. Ce ne sont pas eux qui vont proposer un virage à droite pour le PQ afin de regagner les électeurs de l’ADQ.
Avec des idées qui se ressemblent, la bataille risque d’avoir l’air plus d’un combat de personnalités. Mais ce sera surtout une véritable bataille de titans pour le PQ, une bataille où les deux figures les plus fortes du mouvement souverainiste seront candidats. «Les deux sont du bois de Premier ministre», disait le leader parlementaire démissionnaire du Bloc, Michel Gauthier, qui les connaît bien tous les deux.
En fait, ils se complètent tellement bien que le PQ pourrait, pour une fois, envier Québec solidaire dont les statuts prévoient une direction bicéphale avec un homme et une femme qui agissent conjointement comme chefs.


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