Finances publiques - Legault prône les remèdes des «lucides»

Le Québec et la crise

Québec -- Le Québec fonce droit dans un mur et les Québécois sont à l'heure des choix difficiles. Le gouvernement Charest doit appliquer des solutions tirées des rapports Ménard, Castonguay et Montmarquette: revoir les «vaches sacrées» que sont devenus certains programmes sociaux et augmenter les revenus de l'État par des hausses de taxes et de tarifs.
C'est le plaidoyer qu'a livré hier le député de Rousseau et porte-parole en matière de finances, François Legault, alors qu'il commentait le projet de loi 40, présenté par le ministre des Finances, Raymond Bachand, qui encadre le retour aux déficits.
«On fonce dans un mur actuellement. On est en train de s'endetter et de laisser la facture à nos enfants. C'est inacceptable», a livré François Legault au cours d'un point de presse. Ce n'est pas une question d'être à gauche ou à droite, libéral ou péquiste, souverainiste ou fédéraliste, a-t-il fait valoir.
«Les différentes solutions, on les a dans les trois rapports», Ménard, Castonguay et Montmarquette, estime François Legault, qui a blâmé Jean Charest pour les avoir «tablettés». Il faut autant s'attaquer aux dépenses, en remettant en question des «vaches sacrées», qu'aux revenus, ce qui comprend des hausses de taxes et de tarifs. «On est à l'heure des choix difficiles», juge-t-il.
Le député reconnaît que cette médecine de cheval s'apparente aux mesures proposées en 2005 par le groupe des «lucides» auquel participaient, entre autres, Lucien Bouchard, Joseph Facal et Claude Montmarquette.
François Legault a confié dernièrement à certains de ses collègues qu'il était fatigué de la vie politique; on cherche présentement à le retenir. Quand on lui a demandé, hier, s'il était fatigué de la politique, il s'est contenté de sourire pour s'empresser d'aller rejoindre ses collègues à la Commission des finances publiques qui étudie le projet de loi 40.
François Legault a nié qu'il joue son va-tout politique. Il a soutenu que sa position était celle du caucus péquiste, du Parti québécois et de la chef péquiste, Pauline Marois.
À la sortie du rapport Montmarquette en avril 2008, Pauline Marois avait déclaré qu'elle était prête à débattre des recommandations qu'il contenait, à l'exception de l'augmentation des tarifs des garderies. Le rapport Montmarquette proposait l'abandon des bas tarifs d'électricité ainsi que le relèvement des frais de garde et des droits de scolarité universitaire.
Au Conseil national du PQ de février dernier, François Legault avait invité l'économiste Nicolas Marceau et le politologue Stéphane Paquin pour qu'ils s'adressent aux militants. Les deux universitaires proposaient notamment d'augmenter la TVQ et les tarifs, à commencer par les tarifs d'électricité. «Ces débats-là doivent se faire», avait indiqué Pauline Marois, mais après la crise.
Hier, Raymond Bachand a déposé un amendement au projet de loi 40, dit du déficit zéro, adopté en 1996 par le gouvernement de Lucien Bouchard. Tel que présenté, le projet de loi 40, qui suspend l'application de la Loi sur le déficit zéro, ne fixe aucune date pour le retour à l'équilibre budgétaire. L'amendement stipule qu'en 2013-14, le gouvernement s'engage à renouer avec l'équilibre.
Raymond Bachand a révélé qu'il avait consulté des personnes à l'extérieur du Parlement; il a notamment parlé à Lucien Bouchard vendredi dernier, a-t-il confié. «Nous viendrons répondre à ces inquiétudes aujourd'hui [hier] et ne laisser aucune ambiguïté quant à la volonté du gouvernement de retourner à l'équilibre budgétaire en 2013-2014», a-t-il dit lors d'un point de presse.
Mais l'opposition ne s'est pas laissé amadouer: tant François Legault que le député de Shefford et porte-parole adéquiste en matière de finances, François Bonnardel, ont refusé d'appuyer le projet de loi 40 en dépit de l'amendement déposé par le ministre.
Pour François Legault, le gouvernement Charest, en reportant dans cinq ans le retour à l'équilibre budgétaire, alors qu'il prévoit que la récession ne durera qu'un an, confirme qu'il est confronté à un déficit structurel plutôt que conjoncturel. «Les décisions difficiles viendront seulement après la prochaine élection», a-t-il déploré; ce sera peut-être à un gouvernement péquiste de ramasser les pots cassés.
Pour sa part, François Bonnardel a soutenu que la Loi sur le Fonds des générations devra aussi être amendée. Le gouvernement s'était engagé à réduire à 38 % du produit intérieur brut (PIB) le niveau de la dette, qui se situera à 46 % en 2011, selon les projections du ministère. Raymond Bachand a confirmé hier au Devoir que cette loi devra vraisemblablement être modifiée.


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