L'argent des régions peut être investi en ville

Corruption libérale - FIER - CDP - etc...

Le FIER-Boréal 02 n'a violé aucune règle
Des millions tirés du FIER-Boréal 02, un fonds de développement régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean, peuvent être investis dans des entreprises montréalaises n'ayant aucune activité dans cette région sans que les règles édictées par le gouvernement Charest ne soient violées. Les investisseurs d'allégeance libérale, Pietro Perrino et Valier Boivin, qui dirigent ce fonds régional et dont les entreprises ont bénéficié de ces sommes, n'ont absolument rien à se reprocher.
C'est ce qu'a démontré, hier à Québec, le président et chef de la direction d'Investissement Québec (IQ), Jacques Daoust, au cours d'une conférence de presse à Québec. Quelques heures plus tard, devant la presse à Montréal, Pietro Perrino et Valier Boivin se sont défendus becs et ongles d'allégations de détournement de sommes d'argent du FIER-Boréal et du FIER Ville-Marie, un autre fonds qu'ils dirigent dans la région de Montréal, vers les coffres d'entreprises dont ils sont actionnaires. Outrés, les deux hommes d'affaires ont sommé François Legault de se rétracter et le menacent de poursuites judiciaires s'il ne présente pas d'«excuses sincères et complètes».
Le ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, Raymond Bachand, avait envoyé au front M. Daoust pour répliquer aux attaques lancées mercredi à l'Assemblée nationale par le député de Rousseau et porte-parole de l'opposition officielle en matière d'économie, François Legault. C'est Investissement Québec, par l'entremise de sa filiale IQ FIER, qui est chargée du respect de la politique d'investissement et des règles sur les conflits d'intérêts auxquelles sont soumis les 33 FIER Régions, un réseau qui a commencé à se déployer sous les libéraux à compter de 2005 et qui couvre tout le territoire québécois. Ce sont des sociétés privées de capital de risque dont les deux tiers des fonds proviennent de l'État.
«Toutes les règles ont été respectées», a indiqué hier Jacques Daoust, qui a rappelé que les FIER avaient été créés «pour que l'initiative locale fasse les investissements parce qu'elle connaît sa région».
IQ FIER est présidé par Jean-Sébastien Lamoureux, un ancien député libéral qui avait dû démissionner en 1998 à la suite des fraudes électorales commises par son entourage. C'est l'ancienne ministre libérale Lisa Frulla, nommée l'an dernier membre du conseil d'IQ FIER, qui est apparue pour défendre l'organisme et son rôle à elle dans cette affaire. Pour ce faire, elle s'est servi allègrement de sa tribune à l'émission de RDI Le Club des ex, où elle est commentatrice, pour faire valoir sa position et celle du gouvernement Charest.
À ce jour, le FIER-Boréal 02, doté de 15 millions, a investi 6 millions dans huit entreprises. Sept des entreprises ont pignon sur rue dans la région de Montréal. Une seule est basée dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et deux autres poursuivront des activités dans la région, selon Investissement Québec. Un peu de moins de la moitié de la valeur globale des investissements, soit 2,7 millions, est investi dans la région, selon IQ. Mais M. Daoust a soutenu que le fonds parviendra à respecter la règle, qui est de réserver au moins 50 % de son capital pour des projets dans sa région d'origine.
En vertu des règles actuelles, les FIER peuvent investir 50 % de leur avoir dans des entreprises à l'extérieur de leur région. C'est pourquoi le FIER-Boréal 02 peut investir autant de son capital dans des entreprises de la région de Montréal.
«Je n'ai pas à déterminer la pertinence du programme. Investissement Québec reçoit un mandat du gouvernement et accomplit le mandat. Je n'ai pas à challenger ce mandat-là», a précisé Jacques Daoust.
Dans un point de presse, Raymond Bachand a indiqué qu'il était «prématuré» de s'interroger sur la pertinence des règles qui régissent les FIER. «On verra dans trois, quatre, cinq ans, quand on fera le bilan des FIER», a-t-il dit. Le ministre a rappelé que ce sont les gens d'affaires associés aux tout premiers FIER qui ont défini les règles. «Ils ont dit : "Nous autres, on n'investira pas avec telle règle". Puis donc, ils ont fait les règles», a rappelé M. Bachand.
Quatre des investissements faits par le FIER-Boréal 02 ont été faits dans des entreprises dont MM. Perrino et Boivin détiennent des actions, soit Zoommed, Ranaz, Toptent et Les Systèmes BUS. M. Perrino se présente comme un des principaux fondateurs de Zoommed et est président de son conseil; il est aussi administrateur de Ranaz. M. Boivin se déclare administrateur de Toptent.
Les règles d'éthique ont été respectées, a indiqué M. Daoust. Quand le comité d'investissement, composé de six membres, s'est réuni pour décider de ces investissements, MM. Perrino et Boivin se sont retirés. De toute manière, que les commanditaires -- les dirigeants du fonds -- aient des actions des commandités -- les entreprises --, c'est une bonne chose, a fait valoir M. Daoust. Il a aussi précisé que le FIER-Boréal 02 regroupe 23 investisseurs qui n'ont pas plus de 5 % du fonds.
À l'Assemblée nationale, François Legault est revenu à la charge, s'étonnant que le FIER-Boréal 02 ait investi dans les mêmes entreprises que le FIER Ville-Marie. Plus tard, à l'étude des crédits, M. Daoust a reconnu que MM. Perrino et Boivin avaient eu «une influence» dans ces décisions d'investissement du fonds Boréal 02 dans des entreprises dans lesquelles MM. Perrino et Boivin ont des intérêts.
Toujours à l'étude des crédits, le député de Shefford, François Bonnardel, porte-parole adéquiste en matière de finances, a affirmé que les deux FIER en Estrie avaient investi près de 70 % de leur capital en dehors de la région.
Pietro Perrino et Valier Boivin se sont dits «abasourdis» et «stupéfaits» par les propos tenus mercredi par François Legault. «Les allégations de détournement de fonds portées par le député de Rousseau tant à l'Assemblée nationale que lors de sa conférence de presse sont fausses, mensongères et diffamatoires», a affirmé Pietro Perrino.
Pietro Perrino et Valier Boivin se trouvaient à Saguenay pour discuter de «projets potentiels» dans la région lorsqu'ils ont, une première fois, pris connaissance des allégations du critique en matière de finances du Parti québécois.
Ils se défendent d'avoir scrupuleusement respecté les règles d'Investissement Québec et d'agir en toute transparence. «Jamais, jamais on n'a transgressé une règle du programme FIER», a martelé l'ancien conseiller des premiers ministres Robert Bourassa et Daniel Johnson, Pietro Perrino. «On dirait que, quand on fait de la politique au Québec et qu'on décide de faire autre chose, on est présumés coupables.»
Lorsqu'ils détiennent des actions d'une entreprise qui commande le soutien financier du FIER Ville-Marie ou Boréal, ils se retirent des délibérations du comité d'investissement, et ainsi, ne «participent pas à la décision d'investir ou de ne pas investir», ont-ils expliqué. «Pour gérer les apparences de conflits, on se retire. Tout ça est dévoilé avant même qu'on tienne notre comité d'investissement», a dit M. Perrino.
Pietro Perrino et Valier Boivin, qui détiennent respectivement 650 000 et 450 000 actions de Zoomed, ont aussi tourné en dérision hier les informations selon lesquelles ils auraient des intérêts substantiels dans l'une ou l'autre des entreprises qui perçoivent des sommes d'argent des FIER Ville-Marie et Boréal. «Il y a 100 millions d'actions en circulation de Zoomed», a lancé Valier Boivin. «Il n'y a pas une société dans laquelle un des deux FIER a investi, dans laquelle on possède, ou lui [Pietro Perrino], ou moi, plus de 0,5 à 1 % des actions.»
Ils ont expliqué avoir «investi dans ces sociétés-là pour prouver aux gens [qu'ils] avaient confiance» en elles. «Ce sont des choses qui sont normales dans ce genre de structures-là», a ajouté M. Boivin.
Quant au pourcentage des investissements effectués en région, M. Perrino a indiqué que c'était «pratiquement 50-50». Les dirigeants cherchent «à faire le plus d'investissements possibles à l'intérieur des régions qui sont octroyées [aux dirigeants]», a-t-il soutenu.


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