Financement international - Du toupet!

Que le gouvernement le nie ne doit pas empêcher les citoyens d'avoir pleinement conscience qu'on leur raconte n'importe quoi.

La "main invisible" agissant à Ottawa - la "main" de QUI? PC: parti complice...


Il en faut du toupet à un gouvernement pour soutenir le contraire de ce qui est écrit noir sur blanc dans un document issu de ses propres services. Les conservateurs sont devenus coutumiers d'une telle façon de faire, la saga du recensement nous ayant démontré à quel point il peut déformer les faits pour justifier ses façons d'agir. La fin de la semaine dernière nous a donné un autre exemple de sa mauvaise foi.
La ministre de la Coopération internationale, Bev Oda, a affirmé en Chambre que l'arrêt, à l'automne 2009, du financement versé à l'organisme KAIROS, regroupement d'Églises et d'organisations religieuses soucieuses de justice sociale, avait été déterminé «après une étude attentive» du dossier. Ses objectifs ne cadraient pas avec ceux de l'Agence canadienne de développement international (ACDI), par qui transitent les subventions fédérales, a dit la ministre.
Sauf que c'est faux, archifaux. Grâce à la Loi d'accès à l'information, on a appris qu'au contraire, l'ACDI recommandait non seulement de maintenir le financement de KAIROS, mais même de l'augmenter de 4 % parce que les objectifs du groupe se conformaient aux siens! Vingt spécialistes de l'ACDI et des représentants du Canada à l'étranger (comme l'ambassade du Canada en Colombie) appuyaient cette recommandation. Convaincue, la ministre Oda avait même signé le document approuvant la subvention de 7 millions sur quatre ans.
Pourtant, un «non» rajouté à la main, en majuscules, sans autre explication, a tout changé. Et trois jours après la signature de la ministre, KAIROS apprenait qu'il perdait sa subvention, lui qui en percevait pourtant depuis 35 ans!
Comme on n'est pas à la commission Bastarache, il n'y aura pas d'analyse d'encre pour savoir quand au juste, et par qui, le petit mot déterminant a été ajouté. On sait toutefois que des ministres plus influents que Mme Oda étaient exaspérés par les prises de position de KAIROS, critique envers Israël, l'exploitation des sables bitumineux en Alberta, l'approche fédérale envers les changements climatiques... il y a quelques jours encore, l'organisme était cosignataire d'un communiqué appelant à la responsabilité sociale des compagnies minières canadiennes. Tout pour se faire aimer du gouvernement Harper!
Mais la partisanerie politique ne devrait pas interférer avec l'évaluation objective que l'on attend des instances gouvernementales quand il s'agit de verser des subventions. KAIROS a été le premier de toute une série de groupes d'aide internationale amputés ou malmenés (on pense à Droits et Démocratie) au cours de la dernière année, toujours sous le prétexte qu'ils ne cadraient plus avec les objectifs d'efficacité demandés, alors que, dans les faits, c'est la cassure idéologique entre ces organismes et les conservateurs qui a emporté la décision.
Que le gouvernement le nie ne doit pas empêcher les citoyens d'avoir pleinement conscience qu'on leur raconte n'importe quoi.
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jboileau@ledevoir.ca


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