Extraordinairement futile

La session parlementaire extraordinaire qui s’ouvre à Québec pour trois jours, séance qui convoque d’urgence les 125 députés, est d’un ridicule absolu.

Chronique de Patrice Boileau


La session parlementaire extraordinaire qui s’ouvre à Québec pour trois jours, séance qui convoque d’urgence les 125 députés, est d’un ridicule absolu. Et c’est le premier ministre lui-même qui l’aura invalidée.
En prévenant la population « qu’elle ne doit pas s’attendre à de grandes annonces dans les prochains jours », Jean Charest aura démontré en effet que l’exercice qu’il dirigera jusqu’à jeudi n’est que poudre aux yeux. Sa déclaration vise probablement aussi à banaliser l’absence ces derniers jours de deux piliers de son gouvernement pour préparer la rencontre à vocation économique : Monique Jérôme-Forget et Raymond Bachand. La ministre des Finances et celui du Développement, de l’Innovation et de l’Exportation arrivent en effet tout juste de vacances au chaud, alors qu’une humeur glaciale s’installe dans l’esprit des gens face aux sombres perspectives économiques.

L’ensemble des mesures qui seront adoptées durant les travaux parlementaires aurait pu finalement l’être lors de la session printanière qui s’amorce habituellement au mois de mars. De toute manière, le nocif statut de province qui afflige le Québec l’empêche d’agir de façon musclée puisqu’il doit d’abord connaître ce que fera Ottawa pour combattre la récession. Connaître surtout les montants qui lui seront versés. À moins qu’une autre élection fédérale vienne retarder davantage tout le processus!
Québec ne doit pas s’attendre à des miracles : les rumeurs en provenance des Communes parlent d’un déficit pouvant atteindre les 40 milliards pour le prochain exercice budgétaire. L’obsédé des baisses d’impôt, le ministre des Finances Jim Flaherty, serait malgré tout tenté de récidiver en 2009! Le pauvre ne voit toujours pas que l’allègement abusif du fardeau fiscal des contribuables qu’il a autorisé ces dernières années, prive maintenant son gouvernement d’une marge de manœuvre financière qui aurait pu alléger le déficit auquel il fait face. Des baisses d’impôt qui, faut-il le rappeler, ont en partie comme source les poches provinciales depuis le déséquilibre fiscal établi en 1994...
Des voix s’élèvent néanmoins au Québec pour inviter le gouvernement Charest à récupérer tous points d’impôt qu’Ottawa serait tenté d’abandonner. L’idée est très bonne. D’autant plus que les Québécois, plus sages que le Parti libéral à son premier mandat, s’opposaient à ce que Québec diminue leur impôt. Face à la dégradation de la situation économique, ils ne seraient sûrement opposés de voir l’Assemblée nationale augmenter temporairement ses revenus fiscaux pour mieux financer des programmes de soutien à l’emploi. Les milliards qui ont « échappé » à l’administration Charest, suite à l’abaissement de deux points de la TPS par le gouvernement fédéral, pourraient aussi être rapatriés par l’entremise d’une majoration de l’impôt sur le revenu.
Dans sa chronique du mardi dans le quotidien Le Devoir, Claude Chiasson invite le gouvernement Charest à bonifier son idée d’allouer un crédit d’impôt lors de travaux de rénovation domiciliaire. Le journaliste propose qu’un « REER-Rénovation » soit lancé pour stimuler l’économie québécoise. Voilà une idée originale car tout en permettant l’augmentation de la valeur du bien immobilier, le programme encouragerait également l’épargne à long terme des particuliers. Une habitude qui se perd ces dernières années, surtout chez nos voisins du sud qui ne savent plus attendre pour combler leurs besoins.
Les travaux d’infrastructures que Québec compte entreprendre doivent aussi comprendre l’amélioration du réseau de transport en commun. Le prolongement du métro de quelques stations, à Longueuil, en direction du cégep Édouard-Montpetit, ne serait pas un luxe. Idem du côté de l’est de Montréal, très mal desservi à ce chapitre. Des solutions vertes doivent être étudiées pour solutionner les congestions chroniques qui affligent les ponts Honoré-Mercier et Champlain.
Peu de projets emballant émergent de Québec pour l’instant. L’urgence qui commandait une élection il y a à peine quelques semaines, cède le pas à une forme d’attentisme où le gouvernement Charest fait du sur-place, alors que de bonnes idées jaillissent ça et là. Des mesures qui ne nécessitent pas l’intervention d’Ottawa. Des actions auxquelles les Québécois peuvent souscrire. Ils ne demandent qu’à être surpris par des gestes novateurs, eux qui, selon les résultats d’un récent sondage piloté par la firme Léger Marketing, sont présentement plutôt sceptiques quant aux capacités de l’État à combattre la récession.
Ce sont des Québécois résignés qui observent à Québec un gouvernement sans panache qui compte affronter un ralentissement économique sans audace ni imagination. Une administration libérale qu’ils ont élue « en se pinçant le nez », sachant fort bien que les dégâts financiers seront importants. C’est probablement sur cette inertie générale que mise le PLQ pour « célébrer » le 250e anniversaire de la défaite de leurs aïeux, sur les Plaines d’Abraham, en septembre prochain…
Patrice Boileau





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2 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    17 janvier 2009

    Et oui, encore un bon coup de Johnny Charest!
    En réponse à Jean-Pierre, qui en réponse à ce texte, nous dit qu'il se demande s'il «paranoye», ou si le gouvernement Charest utilse une curieuse stratégie... Que ce gouvernement veut davantage affaiblir le Québec économiquement, pour que John James Charest et sa bande mangent encore plus servilement dans la main d'Ottawa. Eh bien, j'offrirais ceci, comme réponse: oui mais il n'y a pas que ça, qui fait que nous nous en¸lisons dans ectte récession..
    C'est-à-dire que oui, Charest veut affaiblir le Québec; vu du canada anglais, c'est sa job. Je crois que lui-même sait parfaitement bien ce qu'ils attendent de lui, à Ottawa (et chez la famille Desmarais)...
    Cela étant dit, ce gouvernement est constitué d'une telle bande d'incompétents (et de corrompus), que même s'ils ne veulent pas que les choses se fassent de manière trop évidente, en tentant de fournir certaines apparences de bonne gérance... ils en sont incapables! Charest disait, en lançant la dernière campagne électorale, qu'il ne voulait pas trois paires de mains sur le volant; dans le cas de John James Charest et sa «gang», c'est comme s'ils n'avaient simplement pas de permis de conduire. Nous allons frapper un mur à 100 kilomètres\heure!
    Alors, oui, en vérité, il semblerait y avoir mise en application d'une stratégie du genre que Jean-Pierre a évoquée; mais quand même que le PLQ actuel voudrait vraiment bien faire les choses, et contribuer à nous sortir de cette récession, ils n'en seraient simplement pas capables!
    Je ne sais pas si les Québécois fédéralistes qui ont voté pour ça (comme ceux qui se sont croisé les bras en n'allant pas du tout voter) sont conscients de la galère dans laquelle nous avons été embarqués... mais ça va faire mal, c'est sûr!

  • Archives de Vigile Répondre

    14 janvier 2009

    Moi, je trouve ça étrange, que le gouvernement ne fasse rien. Est-ce que c'est une stratégie pour affaiblir encore plus le Québec et le forcer à dépendre d'avantage d'Ottawa ? Peut-être que je paranoïe, mais lorsque qu'un partie fédéraliste prends le pouvoir on dirait qu'il fait tout, pour vendre la province à des étrangers et des particuliers, ou récompenser les amis du régime ou, donner plus de pouvoir aux minorités et pas à nous, qui sommes la majorité(le MUHC, le recule du français en paticulier à Montréal, l'immigration massive etc.) Bref, j'aimerais qu'on m'explique. Ai-je raison de me poser ces questions?
    Ou bien si je suis dans l'erreur, j'aimerais également qu'on m'explique. Y a t-il une stratégie de gouvernance qui m'échappe ? Est-ce une façon avangardiste de gouverner?
    J'aimerais bien avoir une réponse!