Euthanasie - Essentiel débat

Euthanasie


Il est heureux et nécessaire que le gouvernement du Québec, comme il doit le faire aujourd'hui à l'Assemblée nationale, accepte l'idée de débattre franchement en commission parlementaire de la délicate question de l'euthanasie. Avant de claironner l'appui franc et sans équivoque de la population québécoise à la décriminalisation de l'euthanasie, mieux vaudrait clarifier les définitions rattachées aux manières de mettre fin à la vie dans la dignité.
La motion déposée hier par le Parti québécois sur le «mourir dignement» est tout à fait bienvenue. Tant mieux si les parlementaires, toutes allégeances confondues, acceptent, hors des tirs croisés partisans, de débattre au Québec de cette mince ligne qui sépare parfois la vie de la mort, et ce, même si le Code criminel qui fait actuellement de l'euthanasie un meurtre est de responsabilité fédérale.
Pour justifier la tenue du débat, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, évoquait hier l'appui favorable de la population québécoise à l'euthanasie, en citant un sondage CROP-La Presse réalisé en octobre dernier sur la question. Dans une proportion de plus de 80 %, les citoyens interrogés affirmaient être pour l'euthanasie dans la mesure où elle serait réclamée par le patient. Mais à quoi songeaient-ils au juste au moment de répondre? On n'en sait rien. Ce coup de sonde est peut-être moins percutant qu'il n'y paraît.
Les prises de position récentes des différentes associations de médecins — Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, Fédération des médecins spécialistes du Québec, Collège des médecins — ont démontré que l'euthanasie n'était pas seulement un concept théorique à débattre. Dans les couloirs des hôpitaux, où l'agonie et la souffrance sont le lot quotidien, des médecins ont vu; participé à des décisions; conseillé; agi.
Conscients que mettre fin aux jours d'un patient allait à l'encontre de leur mission première, qui est de préserver la vie, les médecins, déchirés sur cette question, ont admis que l'euthanasie était une pratique. Leur division est annonciatrice d'un débat plus houleux qu'on le croit au sein de la société, en apparence si «ouverte».
Ils s'entendent toutefois sur l'importance de définir avec finesse et franchise les nombreux concepts qui se rattachent aux derniers chapitres d'une vie de souffrance: suicide assisté, cessation de soins, aide à la douleur, euthanasie active, autant de manières distinctes de percevoir la fin d'une vie sous l'angle de la compassion. La motion du PQ, tout comme le projet de loi d'initiative parlementaire C-384 soumis à Ottawa par la bloquiste Francine Lalonde, aborde l'épineux sujet sous le chapeau commun du «mourir dignement».
Une commission ad hoc, itinérante, comme devrait en décider Québec dès aujourd'hui, doit permettre d'abord et avant tout de préciser ces définitions. Avant de clamer haut et fort l'ouverture légendaire du Québec à ces questions d'ordre moral, il faudrait savoir au juste de quoi l'on cause.
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machouinard@ledevoir.com


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