Les études démontrent que la majorité des aidants a 45 ans et plus et que 75% d'entre eux sont des femmes. Photothèque Le Soleil
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Le 11 octobre, Journée mondiale des soins palliatifs, c'est l'occasion de faire entendre notre voix, sur la question des soins palliatifs et l'importance que représentent le respect de la voix et de la volonté de la personne en fin de vie.
En cette journée mondiale, c'est la période idéale pour reconnaître tout le travail accompli depuis 20 ans en la matière au Québec, tant par les bénévoles impliqués que par l'ensemble du personnel médical et soignant spécialisé qui y pratique. C'est l'opportunité d'ajouter notre voix à la reconnaissance pour la qualité du développement de cette catégorie de soins dans le système québécois de santé et de services sociaux (maisons dédiées, unités spécialisées, lits réservés, soins et services à domicile, bénévolat...)
Fausses valeurs
Cependant, «soulager la douleur, prolonger la vie à tout prix et privilégier la dignité de la personne en phase terminale jusqu'à l'extinction de son dernier souffle naturel», ce que préconisent les tenants des soins palliatifs, ce n'est plus assez. Les technologies de prolongement de la vie et les fausses valeurs comme les tabous qu'elles véhiculent, ont atteint leurs limites depuis longtemps, car elles dérogent aux valeurs humaines primordiales: la compassion et le respect de la personne, de sa volonté et de sa voix en fin de vie.
Le respect de la dignité humaine ne se limite plus à soulager la douleur en prolongeant la vie et attendre que le dernier souffle se produise naturellement. Au Québec, société avant-gardiste dans plusieurs causes humaines et sociales, nous en sommes rendus au moment où il nous faut dès maintenant respecter la demande légitime et souvent répétée, de toute personne en fin de vie qui désire recevoir d'un médecin, l'aide médicale à mourir (assistance médicale active-AMA) pour l'aider à quitter plus rapidement l'état de vie que celle-ci considère comme indigne, avilissant, lourd, inhumain, insupportable, «déchéant».
Il est urgent de décriminaliser l'aide médicale à mourir afin de protéger à la fois le médecin qui pose l'acte, la personne qui en fait la demande et qui en est le bénéficiaire, ainsi que les membres de son entourage. Il est également nécessaire d'intégrer dès maintenant, cette aide médicale à mourir dans la série des soins dits palliatifs disponibles à la personne et d'inscrire cette étape de santé dans la Loi sur les services de santé et les services sociaux, puisque la santé est de responsabilité provinciale, non fédérale. Qui plus est, le terme «euthanasie» doit dorénavant être un vocable réservé uniquement aux animaux, non à l'être humain intelligent que nous sommes.
Ma mort m'appartient
Un jour, plus ou moins proche, nous serons tous concernés par cette question fondamentalement humaniste, non philosophique ni religieuse. La mort, c'est une continuité de ma propre vie. Tout comme mon corps, les trois m'appartiennent et à personne d'autre. Je dois pouvoir compter sur l'aide d'un médecin pour m'aider à passer de vie à trépas, rapidement, sereinement, paisiblement, sans honte et respectueusement, selon mes volontés lorsque le moment sera venu. Une question qui ne dépend ni de ma famille ni de la société en général ni de la Cour ni des Corporations légales, médicales et professionnelles de soins et surtout, ni de toute formes de culte ou religion que ce soient. C'est une étape entre moi et mon médecin uniquement.
Dès maintenant, je veux qu'on entende ma voix et qu'on comprenne ma demande, pas seulement l'écouter! Cette demande n'a rien d'émotif; elle est lucide et fondée sur mes valeurs personnelles développées depuis plus de 65 ans au contact de mes parents, de ma culture, de mon éducation, au nom de mon intelligence et de ma liberté !
Je réclame lucidement le droit d'être assisté par un médecin à mourir lors du moment venu que je déterminerai. Et le médecin ne sera pas payé pour me tuer, mais bien pour m'assister à mourir sereinement, noblement, sans honte et respectueux de ma personne, non de l'opinion des autres. C'est une question de libre choix!
En cette journée spéciale, je tenais à faire entendre ma propre voix.
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Louis Blanchet, membre du Collectif Mourir digne et libre
Québec
L'urgence de décriminaliser l'aide médicale à mourir
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